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LE PROJET DE L’HISTOIRE GENERALE DU SENEGAL, OPPORTUNITE POUR CHAQUE SEGMENT DE LA NATION DE SE RACONTER

Dix-neuf volumes mis sur le marché. C’est le bilan à mi-parcours du projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs), conduit actuellement par le Pr Mamadou Fall. Dans cet entretien l’historien évoque la démarche scientifique et intellectuelle

Publication 08/05/2023

Dix-neuf volumes mis sur le marché. C’est le bilan à mi-parcours du projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal (Hgs), conduit actuellement par le Pr Mamadou Fall. Dans cet entretien avec le Soleil, l’historien évoque la démarche scientifique et intellectuelle qui guide ce travail dont la finalité est de remettre notre histoire à l’endroit, à partir de son périmètre d’élaboration. 

Professeur, la production historique a connu des avancées notoires dans le projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal. Sur quelle base repose ce travail scientifique mené sous la houlette du comité de pilotage ? 

Une œuvre n’est scientifique que lorsqu’elle est continuatrice, lorsqu’elle repose sur une tradition épistémologique et heuristique éprouvée avec ses paradigmes et un minimum de certitudes méthodologiques. Or, notre historiographie est déjà comptable de 3 traditions épistémologiques : l’historiographie des massalik et des tarikhs ou les traditions arabes ; l’historiographie de la découverte ou la bibliothèque coloniale ; l’historiographie dynastique ou les traditions orales des pouvoirs traditionnels. Mais la question que nous sommes en droit de nous poser reste de savoir dans quelle mesure elles ont forgé une conscience historique, produit une intelligibilité de notre histoire ou valorisé notre héritage culturel. La réponse n’est pas évidente, et le malaise est massif lorsque l’on constate que malgré l’inspiration de Yoro Diaw reliant le peuplement du Sénégal aux six migrations originelles, la sagacité de Siré Abbas Soh démêlant le fonds anthropologique et social de nos communautés historiques ou même l’audace de Cheikh Anta Diop, remettant à l’endroit la continuité de notre histoire depuis la naissance de l’humanité.

Un profond malaise persistait par un déficit d’histoire et une usurpation de son audibilité. L’histoire restait la généalogie des familles garmi ou le récit épique des violentes altercations entre royaumes d’une même Nation. Et le déni de Nation se profila dans les fractures béantes de notre passé. Et la cassure de notre unité historique se développait sans crier gare. Des populations longtemps sédentarisées, longtemps nourries des apports fécondants des nomades par cette alchimie heureuse qui fait que nomades et sédentaires, dans une réciprocité millénaire, échangeaient techniques et biens en partageant rites, rituels, codes, familles, langues et institutions ; elles ont fait Nation depuis l’Égypte ou l’Éthiopie, en passant par le Soudan, le Mandé ou l’Adrar mauritanien.

Justement, le Professeur Iba Der Thiam disait, dans un entretien avec « Le Soleil » : «qu’il ne serait pas facile d’écrire sur l’histoire des confréries (…)». Aujourd’hui, avec le temps, peut-on soutenir que la polémique suscitée lors de la parution des premiers volumes est dépassée ? 

Le Professeur, en disant cela, avait certainement en tête cette vérité des humanités islamiques qui dit que les discussions des savants sont toujours méritoires. Il citait presque dans le texte l’Imam Al-Ghazali invoquant l’attitude de juste milieu consistant à ne jamais rejeter en bloc les écrits des prédécesseurs ou y adhérer totalement. Iba Der faisait certainement écho à la conclusion magistrale de Al Ghazali qu’aucun esprit éclairé ne peut rejeter : la proximité entre le vrai et le faux ne rend pas le vrai, faux. C’est l’invite au débat, à la discussion, mais jamais la polémique inutile ou l’intimidation qui dans tous les cas ne saurait prospérer.

C’est que dans notre pays, il existe une police du sens qui interdit toute forme d’audace théorique, toute pensée non conforme aux fausses certitudes de l’ignorance.  Notre espace public où le griot pouvait clamer haut les vérités de son époque, où les diambours pouvaient parodier les dérives des princes, où les marabouts pouvaient forcer les portes de l’ijtihad avant de ferrer avec le glaive du Jihad; dans ce pays, il faut le dire :  la censure ou l’auto-censure ont pris le dessus sur l’expression d’une liberté d’enquêter et de formuler des avis documentés. Enquêter et formuler des avis documentés restent les fondements du métier d’historien.

Que faire pour mieux expliquer votre démarche scientifique et intellectuelle dans la   réalisation de cette œuvre colossale que constitue l’écriture de  l’Histoire générale de notre pays? 

Nous avons fait plus de 300 ans d’hagiographie avec l’histoire dynastique et l’histoire coloniale. Cette histoire a adoubé deux figures de notre ordre social : les élites « garmi » de l’aristocratie déchue et les élites civiles occidentalisées compromises par leur mimétisme culturel et leur confinement urbain. Il fallait faire l’histoire d’un pays et ses hommes dans toute la diversité de ses écosystèmes ; l’histoire d’une Nation avec tous ses segments, tous ses fragments. Il fallait faire l’histoire des communs, des femmes, des élites civiles traditionnelles qui ont pris le relais lorsque les aristocraties se sont compromises avec la traite négrière. Cette histoire est générale parce que sans exclusion, marginalisation ou confinement. Elle reprend les replis de notre temps long lorsque ce pays faisait Nation avec les apports de l’Égypte, du Sahara mauritanien, de l’Éthiopie, du Soudan, de la boucle du Niger ; lorsque tous ces fronts historiques ont convergé avec les sédentaires dans ce Finistère atlantique. Ce pays a fait Nation avec ses Bainouk, Fulbe, Mandingue, Berbères, Wolof, Sérères, Soninké, Diola et Manjaku dans le lointain temps des migrations Est-Ouest, Nord-Sud, Sud-Nord par des séquences dont rendent compte l’archéologie du système sénégalais dont parlait Jean Devisse, la linguistique comparée, la toponymie et l’anthroponymie. Une histoire générale devra parler de tout cela au lieu de se limiter à la seule hagiographie de l’ordre des « garmi ».

Peut-on également affirmer l’existence d’une Nation sénégalaise avant la colonisation, surtout du point de vue ethnogéographique ? 

Votre question résume, à elle seule, toute la crise de la Nation en Afrique, de manière générale. D’un même mouvement, vous posez l’existence d’une Nation qui, par essence, se définit par l’unité et en même temps vous posez aussi le prisme de l’ethnie qui, elle, se fonde sur la division, voire l’exclusion ou la fragmentation d’une Nation.

Oui, on peut parler d’une Nation sénégalaise avant la colonisation, non pas comme un mythe, mais comme une communauté historique, linguistique et psychologique. Je vais utiliser comme raccourci la communauté historique partagée par Soninké, Fulbé, Sérère, Wolof, Berbère, Baïnouk, la parenté linguistique établie pour cette communauté, les formes du sacré autour des dieux d’eau, la parenté à plaisanterie largement partagée entre elles. Mais ce que personne n’est encore préparé à entendre, c’est que cette Nation plurielle n’a jamais été, ni dans le temps ni dans l’espace, confinée sur un territoire marqué par des frontières linéaires avant 1885. Au contraire, elle a 13 berceaux africains qui lui donnent son authenticité et sa richesse culturelle. Ma conviction est qu’on faisait déjà Nation sur les bords du Nil, comme sur le socle dur du Dhar Tishit walata, au bord du fleuve Sénégal, du Djoliba, du Koliba, comme sur les terres du Finistère atlantique où la colonisation a voulu nous enfermer.

La reconstitution, si l’on peut le dire ainsi, de l’histoire du Sénégal, peut-elle aider à dépasser le clivage qui a toujours cristallisé le débat concernant le passé de ce pays tel que raconté par le colon ? 

Il ne s’agit pas, à mon avis, de reconstitution, mais de réécriture. Nous avons une seule histoire, mais elle a été écrite à l’envers, à partir d’une Europe qui s’est arrogée le droit de scénariser notre vécu dans sa propre perspective. Il s’agit de remettre cette histoire à l’endroit à partir de son périmètre d’élaboration. Retrouver les structures de son temps long, définir ses contextes, narrer ses évènements, redéfinir la configuration de ses terroirs, et faire les récits de vie de ses figures exceptionnelles. Le clivage auquel vous faites allusion est en fait une série de fractures qui ont pour noms : la fracture sociologique des castes ; la fracture axiologique d’une éthique « Ceddo » dévoyée et compromise dans la traite négrière ; la béante fracture territoriale qui polarise la côte et ses villes qui capturent une modernité non maitrisée par opposition à des ruralités bien souvent délaissées.

En quoi l’écriture de l’Histoire générale du Sénégal peut-elle aider à consolider l’idéal d’État-nation pour notre pays ? 

Le programme Hgs est une formidable opportunité pour chaque Sénégalais et chaque segment de notre Nation de se raconter du village à la cité et faire son témoignage, sa généalogie et le descriptif de sa communauté et ses hauts faits. Raconter comme nous le faisons, les moments récurrents et les ressorts historiques de notre Nation en consolident les fondements lointains. Les décrire, les démêler, les raconter et les enseigner est la meilleure garantie pour asseoir notre conscience historique millénaire. C’est un ferment de la fierté nationale ; c’est un levain de la confiance culturelle et surtout, c’est le levier pour libérer les énergies collectives au service des grandes causes nationales. L’histoire nous permet de renouer avec les équilibres du passé, les solutions de continuité que le génie de notre peuple avait inventées. Elle permet aussi de contourner les erreurs du passé pour réinventer le futur.

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