«LE ROLE DU DÉPUTÉ N’EST PAS DE SE BATTRE OU SE DISPUTER TOUT LE TEMPS À L’ASSEMBLÉE»
Serigne Babacar Sy Mansour a encore fait retentir sa voix face à au comportement «déloyal» de la représentation nationale vis-à-vis du peuple sénégalais

Le Khalife général des Tidianes invite Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, et ses collègues députés à revoir leur comportement dans l’hémicycle. Dans un message à la Nation et à la Ummah islamique, à l’occasion de la fête de Tamkharit (Achoura ou nouvel An musulman) au Sénégal, le mercredi 18 aout, Serigne Babacar Sy Mansour estimant que les députés ont failli à leur mission de défendre les intérêts des Sénégalais, a dénoncé avec vigueur le spectacle des disputes, insultes et insanités que donnent très souvent les députés de la 13ème législature au sein de l’Assemblée nationale.
Tivaouane a encore fait retentir sa voix face à au comportement «déloyal» de la représentation nationale vis-à-vis du peuple sénégalais. A quelques jours de la célébration du 24ème anniversaire du rappel à Dieu du 3ème Khalife général des Tidianes, Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh communément appelé « Mame Abdou Aziz Sy Dabakh » prévu le 14 septembre prochain, son neveu et actuel patriarche de la Tariqa tijaniya (confrérie Tidiane) au Sénégal est monté au créneau pour livrer une Fatwa qui rappel à bien des égards le message adressé aux députés par son oncle, au temps du magistère du président Abdou Diouf. Dans un message à la Nation et à la Ummah islamique, à l’occasion de la fête de Tamkharit (Achoura, nouvel An musulman) au Sénégal, mercredi 18 aout dernier, le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, n’a pas été tendre avec la classe politique sénégalaise notamment les députés de la 13ème législature.
En effet, rappelant que le «rôle d’un député, c’est de représenter dignement le peuple », le 7ème successeur de El Hadj Malick Sy (Rta) a cependant déploré le fait que Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, et ses collègues députés aient failli à leur mission de défendre les intérêts des Sénégalais. «Dans un pays normal, les politiques passent d’abord à l’Assemblée nationale où les députés en débattent et en discutent sérieusement. Ce, avant l’application. Mais, pour dire la vérité, cela n’existe pas dans notre Assemblée nationale », a fait remarquer Serigne Babacar Sy Mansour d’emblée.
Avant de déplorer : « À l’Assemblée, il n’y a que des disputes, des députés qui se battent, qui s’insultent, se disent des insanités. Quand celui de votre camp dit un mensonge, vous le défendez. Et quand celui qui est contre vous dit la vérité, vous contestez. C’est ce qui existe ici. Ce ne sont pas des inventions, ce sont eux qui l’ont fait devant tout le monde ». Poursuivant son sermon à l’endroit des membres de cette 13ème législature, le patriarche de Tivaouane indique que l’Assemblée devait servir aux députés et être un lieu de transmission des doléances des localités qu’ils représentent : « Les problèmes de route, d’électricité, les doléances des agriculteurs. Ce, afin que le ministre de tutelle puisse entendre ces doléances et voir comment trouver des solutions» a-t-il précisé à l’encontre des membres de la représentation parlementaire.
Et d’ajouter par suite : « Un représentant doit faire ce que son mandant aurait fait s’il était à sa place. On ne peut pas vous charger d’une mission, et en retour, vous vous occupez de vos propres intérêts». Il faut dire qu’à travers cette sortie sur l’Assemblée nationale, le Khalife général des Tidianes ne fait qu’enfoncer une porte déjà grandement ouverte.
En effet, depuis son installation le 14 septembre 2017, jour coïncidant avec la commémoration du 20ème anniversaire du rappel à Dieu de Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, la 13ème Législature issue des élections du 30 juillet 2017 avait pourtant suscité, chez bon nombre de Sénégalais du fait de sa composition multiforme (élection pour la première fois des députés issus de la diaspora), un grand espoir qui est finalement tombé à l’eau. D’une Assemblée de rupture, la 13ème Législature s’est vite transformée pour devenir un haut lieu de cautionnement des complots de liquidation politique, selon beaucoup de citoyens. On se souvient du maintien de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall en détention préventive par l’Exécutif aidé en cela par la majorité parlementaire malgré son élection comme député de cette 13ème législature au soir du 30 juillet 2027 puis la levée controversée de son immunité parlementaire.
A cela, il faut ajouter également le rôle joué par cette même 13ème législature dans le blocage à la manifestation de la vérité dans l’affaire des 94 milliards sur le TF 1451/R où le député Ousmane Sonko accuse l’ancien directeur des Domaines Mamour Diallo, responsable du parti au pouvoir de détournement de deniers publics, une accusation que l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a examiné dans un rapport transmis depuis lors au Procureur de la République. La liste des affaires qui auraient pu être élucidées si les députés, comme l’a souligné le Khalife général des Tidianes, ne passaient pas leur temps à s’occuper de leurs propres « petits» intérêts au détriment des intérêts de leurs «mandants » n’est pas exhaustive.
Pour rappel, ce n’est pour la première fois que Tivaouane élève sa voix contre le comportement des députés à l’Assemblée nationale. On se rappelle encore du sermon légendaire de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh aux députés sous le magistère du régime socialiste du président Abdou Diouf. Informé de la préparation d’un texte de loi visant à interdire la floraison des «daara» (école coranique), Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh était monté au créneau pour dire ouvertement ses vérités aux députés. « Si un député, par peur d’Abdou Diouf, vote une loi uniquement pour faire plaisir à celui-ci, ou au gouvernement et que cette loi ne cadre pas avec ce que Dieu veut, ce député aura des comptes à rendre à Dieu. Le député doit toujours voter ce qui est dans l’intérêt du peuple… Au lieu de s’attaquer au daara, il faut s’attaquer au tourisme, source de dépravation de notre mode de vie, source de beaucoup de maladies », avait fait remarquer le sage de Tivaouane.