LE SYTJUST DETERRE LA HACHE DE GUERRE
Refus de livrer les actes, sit-in tous les lundis et marche le 12 décembre

Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) par la voix de son secrétaire général accuse leur ministre de tutelle Ismaïla Madior Fall de bloquer la mise en application les accords signés avec le président de la République. Très remontés, Ayé Boun Malick Diop et ses camarades ont décidé de déterrer la hache de guerre et d’engager le combat. Après avoir déposé un préavis de grève, ils ont décidé de ne délivrer ni de signer les actes judiciaires ou administratifs, d’observer des sit-in tous les lundis et d’organiser une marche le 12 décembre prochain.
Le secrétaire général du syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop et ses camarades sont très remontés contre leur ministre de tutelle, Ismaïla Madior Fall. Ce dernier, accuse le leader syndical, est à l’origine de toutes leurs difficultés en refusant d’appliquer les engagements pris par le chef de l’Etat lors de l’audience du 5 avril dernier. Pour apporter la réplique à ce manque de considération de la part du garde des Sceaux, ministre de la Justice, le Sytjust entend bloquer le fonctionnement de la justice. Selon Me Ayé Boun Malick Diop, il a été déposé un préavis de grève au terme duquel «un disfonctionnement terrible» sera noté. Mais d’ici là, les travailleurs de la justice ne comptent pas attendre ce deadline pour se faire entendre. D’autant qu’ils ont prévu, à compter d’aujourd’hui, de ne pas établir ni de signer les actes judiciaires et administratifs qui leur seront présentés. Et ce, dans toutes les juridictions.
Dans le même sillage, ils observeront, tous les lundis, des sit-in à travers le territoire national. Ce mouvement d’humeur sera sanctionné par une marche le 12 décembre prochain. Revenant sur le protocole d’accords quitarde a être matérialisé et relatif à l’indemnité de judicature et de prime d’assistance à la judicature, le leader du Sytjust rappelle que le paiement devait se faire sur une échéance de trois mois dont le versement de 40% en novembre, 20% en décembre et 40% en janvier. «Ces fonds étaient déjà disponibles au début du mois de novembre. Seulement, à notre grande surprise, nous ont appris, lundi dernier, que l’argent n’était plus en place».Une grosse déception qui a provoqué l’ire des travailleurs de la justice. Devant un tel revirement, indique Ayé Boun Malick Diop, le ministre de la Justice a servi des explications tirées par les cheveux. Il a adopté la même attitude par rapport aux promesses faites par le président de la République le 5 avril dernier et relatives à la hausse de salaires, à la mise en place d’un fonds commun et à la révision des statuts des travailleurs de la justice.
ISMAÏLA MADIOR LIVRE UNE BATAILLE SOURNOISE CONTRE LES INTERETS DU SYTJUST
Lorsqu’ils ont été reçus par le ministre du Budget sur instruction du président de la République, indique Me Ayé Boun Malick Diop, ce dernier avait injecté cinq milliards FCFA de plus sur la Loi de Finances Rectificative (LFR) du 29 juin dernier. « Nous avons des preuves que c’est Ismaïla Madior Fall qui est allé dire au président de la République que c’était trop d’argent pour des greffiers, des secrétaires et des travailleurs de la justice», fulmine Ayé Boun Malick Diop qui s’insurge contre la non application des décrets d’application, sous prétexte que le chef de l’Etat est en voyage ou occupé. «Le président de la République a le temps de voyager et n’a pas le temps pour signer des décrets. Celui qui devait être notre avocat auprès du gouvernement est en train de livrer une bataille sournoise contre les intérêts des travailleurs de la justice. C’est pour cette raison que nous avons décidé de réagir», affirme le sieur Diop. Interpellé par ailleurs sur le mandat du Bureau Exécutif National du Sytjust arrivé à terme et qui pousse certains de leurs collègues à contester sa légitimité, Ayé Boun Malick Diop recadre le débat. Il soutient que le Ben jouit d’une légalité pour parler au nom des travailleurs de la justice. En atteste la signature du protocole d’accord par ledit bureau. «Nous ne sommes pas le seul Ben d’un syndicat dans ce pays à avoir dépassé la date de son mandat, mais c’est une cuisine interne que nous assumons et gérons. Nous sommes dans un milieu intellectuel et on ne peut pas empêcher les gens de dire leurs opinions», souligne-til.