LES ACTEURS FONT LEUR RETRO-INSPECTION
Lancement des assises nationales de la société civile

La société civile fait son audit. Pour cause, sous l’égide du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (Congad) et d’autres composantes, elle a organisé hier, vendredi 14 décembre 2018, un atelier national de lancement de ses assises nationales. L’atelier s’est tenu en présence de toute la gamme des organisations de la société civile, en quête de leur vraie identité.
Organisées pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, « Les Assises nationales de la société civile » visent à renforcer les organisations de la société civile pour une meilleure contribution aux processus d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques. S'exprimant en marge de cette activité, Amacodou Diop, le président du conseil d'administration du Congad, a tenu à faire savoir que cette rencontre se fixe également pour objectif «de faire une rétro-inspection pour mieux définir leur vraie identité de société civile». «L'évolution du Sénégal à fait que plusieurs organisations ont émergé, notre obligation était de nous asseoir pour mieux définir notre identité mais aussi de pouvoir examiner quel apport on peut avoir dans la construction de notre pays», a informé Amacodou Diop qui souligne que la société civile est confrontée à des situations compliquées et l'aide au développement est compliqué.
En perspective de ces assises, les organisateurs informent par ailleurs qu’une tournée d’information et de sensibilisation a été initiée. La première phase de la tournée a eu lieu du 6 au 10 août 2018, respectivement à Thiès, Louga, Saint-Louis et Matam. La deuxième phase a démarré, elle, le 16 août 2018 à Diourbel, suivie de Fatick le 17 août, Kaolack le 18 août et Kaffrine le dimanche 19 août 2018. Quant à la troisième phase, elle a débuté le mardi 18 septembre 2018. La région de Tambacounda a été la première étape de cette tournée, suivie de Kédougou, le jeudi 20 septembre, puis Kolda le samedi 22 septembre, Sédhiou le dimanche 23 septembre et Ziguinchor le lundi 24 septembre 2018. L’étape finale de cette tournée nationale a été la région de Dakar, le vendredi 2 novembre 2018, bouclant un parcours d’environ 4300 kilomètres à travers le Sénégal. Sur l’ensemble des 14 ateliers régionaux, un total de 723 représentants d’organisations de la Société civile a été enregistré, avec une attention particulière accordée à l’équité genre. Les participants enregistrés sont des représentants d’Ong, d’associations impliquées dans le suivi de l'exploitation des ressources extractives dans toutes les régions, des mouvements émergents, des syndicats, des organisations religieuses (d'obédience islamique et catholique), des associations communautaires de base, y compris des associations sportives et culturelles (Asc), des réseaux de coopératives de producteurs, des coordinations et des plateformes d'Osc, des associations de consommateurs, des réseaux d’organisations de jeunes et de femmes, des groupements d'intérêt économique (Gie), des comités de quartier
BOUBA DIOP, ANCIEN PRESIDENT DU CONGAD « L'avenir appartient au dialogue inclusif et efficace sur l'espace social, politique, économique, social et culturel »
J'ai été président du Congad entre 1999 et 2005. Période difficile parce que ça a été marqué par la première alternance du pays. On a élaboré des Tdr pour des assises de la société civile, malheureusement on n’avait pas l'argent. Les partis politiques ont eux trouvé l'argent et ont organisé leurs Assises nationales et nous ont invités. Des Assises qui ont permis la seconde alternance. Au Sénégal, il y a beaucoup d'Assises. Toutes les Assises qui se sont tenues ont fait des conclusions éclairantes mais toutes ces Assises ont été plombées pour deux raisons. Il n’y avait pas de dispositifs de suivi-évaluation, Il n’y a pas de moyens ni de partenariat intelligent. Je souhaite qu'il y ait des conclusions pertinentes dans un monde plus en plus complexe et j'espère que des ONG, des syndicats qui traversent des difficultés seront soutenus et renforcés. Pour que les Ong qui sont good-standing puissent consolider leur marche. Je continue de faire ce que je peux avec les camarades parce que dans nos sociétés, il y a deux groupes. Des groupes qui partagent et des groupes « you siss » (radins) aussi bien de l'Etat qu'au niveau de la société civile. Il faut déposer la liste des groupes qui ne veulent pas travailler. L'avenir appartient au dialogue inclusif et efficace sur l'espace social, politique, économique, social et culturel.
WORE GANA SECK, ANCIENNE PRESIDENTE DE CONGAD « La société civile a besoin de travailler avec le ministre de l'Intérieur »
Nous ne sommes pas des contre-pouvoirs. La société civile doit bénéficier des ressources. On a besoin de travailler avec le ministre de l'Intérieur. C'est lui, notre patron. On a besoin de le voir. On a besoin d'échanger et de discuter avec lui. Dites-lui que son travail, ce n'est pas seulement la politique.
IBRAHIMA GUEYE DE LA CSA « C'est la société civile qui doit porter la voix des sans-voix »
Je voudrais juste féliciter cette énième initiative de la société civile sénégalaise. Nous en avons vécu autant mais je pense que cette fois-ci, c'est le bon bout parce qu'il ne s'agit pas à chaque fois d'initier et qu'au bout, il faille reprendre les mêmes initiatives. Je crois que cette fois-ci, nous tenons le bon bout et que nous allons y arriver. Mais, pour cela, toutes les franges de la société civile doivent être considérées. Dans le contexte où nous sommes, nous ne devons pas ne pas faire entendre la voix des sans-voix et si cela doit se faire, elle doit se faire de manière audible et claire de sorte que les choix politiques, les orientations soient conformes à l'attente de notre nation. Et c'est la société civile qui doit porter cette voix