LES DELEGUES DE QUARTIER EXIGENT DESORMAIS LEUR IMPLICATION
ils exigent leur implication désormais dans la gestion des inondations.

Pour faire face aux inondations nées des fortes pluies enregistrées il y a quelques semaines dans de nombreuses localités du pays, particulièrement dans la banlieue dakaroise, le Président Macky Sall a déclenché le Plan national d’Organisation des Secours (Orsec). Quelques jours après la mise en place de ce dispositif, les délégués des quartiers de Camille Basse, Darou Salam, Arrêt Alioune Ndiaye et ceux des Parcelles Assainies Unités 1 et 2, constatent une nette amélioration. Toutefois, ils exigent leur implication désormais dans la gestion des inondations.
Des boutiques et restaurants toujours fermés, des mosquées entourées par des flaques d’eau… C’est le nouveau décor dans les quartiers de Camille Basse, Darou Salam, Arrêt Alioune Ndiaye et les Parcelles Assainies Unités 1 et 2 de Keur Massar. Délégué de quartier à l’Unité 2 des Parcelles-Assainies 2 de Keur Massar, El hadji Amadou Badji trouve que la situation s’est beaucoup améliorée depuis le déclenchement du plan Orsec. «Une situation plus ou moins favorisée par l’absence des pluies depuis deux semaines, mais également grâce aux motopompes qui ont évacué une importante quantité d’eau», se réjouit M Badji qui déplore en revanche la non-implication des représentants des populations, notamment des délégués dans la gestion des inondations. «Les autorités ne peuvent et ne doivent rien faire sans associer les populations par l’intermédiaire des délégués des quartiers à même de mieux maîtriser leurs grandes difficultés», indique-t-il.
Or, se désole notre interlocuteur, malheureusement les autorités entreprennent beaucoup de choses sans en informer les principaux concernés. «Ce qui serait souvent à l’origine de nombreux malentendus avec les populations», souligne le délégué de quartier des Parcelles Assainies 2. Il invite ainsi les autorités à augmenter les motopompes pour évacuer les eaux restantes avant la tombée d’autres pluies. «N’oublions pas que nous sommes juste au début de l’hivernage etles prochaines pluies peuvent être beaucoup plus fortes que celles qui sont tombées. Pour prévenir des risques de débordements éventuels, les autorités doivent nous aider à prendre les précautions idoines pour éviter le pire», dit-il.
Mais contrairement à Monsieur Badji, son collègue délégué de quartier de l’Unité 3, El hadji Daouda Mbaye, estime qu’il est très prématuré de dire que l’opération de pompage des eaux est une réussite. Car, selon lui, les grandes pluies commencent à tomber à partir du mois de septembre. C’est pourquoi, il estime que tout programme lancé par le Président Macky Sall pour les lutter contre les inondations devra impliquer tout le monde, sinon les délégués des quartiers. «Malheureusement, nous ne sommes jamais impliqués dans les programmes, ni de près ni de loin», peste le délégué. Dès lors, il pense que n’est pas étonnant que l’on se retrouve chaque année avec la même situation. A l’en croire, le Programme Décennal de Lutte contre les Inondations (Pdli) n’a pas atteint ses objectifs à cause de la mise à l’écart des représentants des principaux concernés. «Le quartier Diokoul n’a rien bénéficié du gouvernement»
Pour sa part, le délégué du quartier Diokoul Aladji Pathé, Seyni Fall, dénonce la discrimination dans les dotations des motopompes, Selon lui, le quartier Diokoul n’a rien bénéficié du gouvernement alors qu’il fait partie des quartiers les plus inondés à Keur Massar. «J’ai écrit à maintes reprises aux autorités, notamment au préfet et aux sapeurs-pompiers, mais elles n’ont jamais satisfait notre demande alors que chaque année, l’Etat déclenche le plan Orsec. C’est pourquoi, nous sommes obligés de nous cotiser pour acheter nos propres matériels d’évacuation des eaux afin de soulager les populations», soutient Seyni Fall.
En dehors de leurs cotisations, indique-t-il, des bonnes volontés comme la ministre Aminata Assomme Diatta, et le Directeur de Akilee, Amadou Ly leur viennent souvent en aide. Le délégué de Diokoul-Aladji Pâthé plaide ainsi pour le renforcement de l’équipement et pour un traitement de tous les quartiers inondés. Ce, par une gestion participative et inclusive afin de régler définitivement les problèmes d’inondations.
«ON NE PEUT PAS ACHETER SA MAISON A PLUSIEURS MILLIONS ET VIVRE CHAQUE ANNEE LE MEME CALVAIRE»
Un avis que partage sa voisine qui s’exprime sous l’anonymat. Masque bien noué sur une bonne partie de son visage, elle aide ses enfants à placer des pierres aux alentours de la porte d’entrée de sa maison inondée pour créer un passage. Selon notre interlocutrice, les autorités doivent vraiment trouver des solutions définitives aux problèmes d’inondations ; « On ne peut pas acheter sa maison à plusieurs millions et vivre chaque année le même calvaire que celui que nous avions vécu il y a 8 ans à Guédiawaye. En venant à Keur Massar, nous étions loin d’imaginer que nous allions revivre des inondations », dit-elle.
Notre interlocutrice invite le gouvernement à intensifier les visites sur le terrain pour s’assurer du suivi des travaux de canalisation, ne pas attendre toujours la catastrophe pour venir verser des larmes de crocodile. Une pelle à la main, Amadou Sy, boutiquier au quartier Darou Salam, essaie de se frayer un passage au milieu des petites flaques d’eau stagnées devant sa boutique fermée depuis presque une semaine. Très en verve, ce jeune boutiquier estime qu’il y a un manque de volonté manifeste du gouvernement de régler définitivement les problèmes d’inondations. « On entend chaque année des centaines de milliards destinés à la lutte contre les inondations. N’empêche, on vit toujours la même situation. Je pense que cet argent pouvait servir pour des canalisations pour nous éviter une telle situation », peste -t-il. Finalement, selon lui, ces inondations sont devenues un fonds de commerce pour les chasseurs de milliards faciles.