LES POPULATIONS DE MBAWANE SE REVOLTENT CONTRE L’USINE DE FARINE DE POISSON
L’odeur qui se dégage des cheminées de l’usine de farine et farine de poisson de Cayar est fortement préjudiciable à la santé des populations.

L’odeur qui se dégage des cheminées de l’usine de farine et farine de poisson de Cayar est fortement préjudiciable à la santé des populations. C’est le collectif «Mbawane Laa Deuk» qui tire ainsi la sonnette d’alarme lors du point de presse qu’il a animé pour dénoncer une telle situation.
«Une odeur nauséabonde se dégage des cheminées de l’usine de farine et d’huile de poisson de Cayar et se disperse dans l’atmosphère. Et cette situation est fortement préjudiciable à la santé des populations des villages de Mbawane, Keur Abdou Ndoye, Ndiokhob, qui sont les plus impactés par l’usine». Ce cri de cœur a été lancé par le Collectif «Mbawane Laa Deuk» lors d’un point de presse tenu au village de Mbawane.
Membre du collectif, Abdoulaye Guèye assimile à une «forfaiture» l’implantation de l’usine de farine de poisson à Cayar par Barna Sénégal. Il estime que les désagréments liés à l’odeur pestilentielle dégagée par l’usine poussent les populations à exiger la fermeture de l’usine. «Car, c’est impossible de cohabiter avec cette odeur nauséabonde», déclare Monsieur Guèye avant de préciser : «Des sources soutiennent que l’Etat a délivré à l’usine l’agrément d’exploitation à la suite d’enquêtes minutieuses. Mais, ces enquêtes n’ont jamais eu lieu et personne ne peut identifier une seule personne de Mbawane qui a accepté l’implantation de l’usine». Il ajoute que personne dans les 3 villages les plus impactés par l’usine (Mbawane, Keur Abdou Ndoye, Ndiokhob) n’a validé l’audience publique qui avait été organisée, pour approuver l’implantation de l’usine. «Nous sommes foncièrement contre, parce que c’est nous qui subissons les contrecoups de l’exploitation» martèle-t-il. Au lieu de prendre ses responsabilités, souligne-t-il, l’Etat est en train de privilégier l’investissement étranger au détriment de la santé publique.
Pour lui, 50 emplois ne valent rien dans une communauté de 23.000 habitants qui vivaient essentiellement de la pêche. Et aujourd’hui, affirme-t-il, Barna est en train de déstructurer la structure économique locale, avec la perte d’emplois chez les femmes transformatrices de produits halieutiques, les micro-mareyeuses, les mareyeurs, les dockers, les distributeurs de poissons, etc. «C’est dire qu’il y a toute une chaîne de valeur qui est en train de dégringoler. Pas moins de 2000 personnes vivent le calvaire à cause de l’odeur, chaque fois que l’usine fonctionne. Nous continuerons à nous battre pour que cette usine dégage», clame-t-il
UNE IMAGE TOTALEMENT DIFFERENTE DE CELLE PEINTE PAR LES RESPONSABLES DE L’USINE
Cette image peinte par le collectif «Mbawane Laa Deuk» est totalement différente de celle dressée par les responsables de l’usine. Sur le plan économique, le Directeur de Barna Sénégal disait récemment qu’il n’y a aucune concurrence déloyale contre les acteurs locaux de la pêche. Et d’ajouter que les déchets qui sont exploités, étaient jusqu’ici jetés à la plage ou en mer, ce qui a toujours constitué une menace environnementale, à cause surtout de l’odeur pestilentielle.
Au-delà des opportunités économiques en terme de fiscalité pour la collectivité territoriale et d’emplois pour les populations, l’exploitation de l’usine a déjà offert 60 emplois directs avec contrats en bonne et due forme, pour des jeunes de la localité, 300 emplois indirects, pour transformer les déchets de poisson en aliments de volaille et de bétail.
Concernant l’étude d’impact environnemental et social, il avait souligné qu’il y a eu l’étape de la validation des Termes de référence (TDR) sur le site du projet par les services de l’Environnement avec la participation de la DITP, l’étape de la réunion du Comité technique à Thiès le 12 février 2018, réunissant tous les services techniques compétents de l’État y compris les autorités administratives et locales et l’étape de l’audience publique à Kayar le 14 mars 2018, au niveau du service des pêches, dans une salle pleine à craquer, au point de recourir à des chaises installées dans les couloirs. Et c’est à l’issue de ce processus que le projet a été approuvé et le certificat de conformité environnemental a été décerné ensuite par le ministère de l’Environnement.