L’IMAM NDIOUR PROPOSE UNE LOI POUR PROTEGER LES ENSEIGNANTS
Comme à l’accoutumée, Imam Babacar Tafsir Ndiour, Imam de la Grande Mosquée de Moussanté à Thiès, a axé son sermon de Tabaski sur les questions de l’heure.

Comme à l’accoutumée, Imam Babacar Tafsir Ndiour, Imam de la Grande Mosquée de Moussanté à Thiès, a axé son sermon de Tabaski sur les questions de l’heure. C’est ainsi qu’il a fait l’apologie de la non-violence, estimant que l’Islam bannit la violence sous toutes ses formes. Il a en outre accusé l’Union Européenne de faire la promotion de l’homosexualité.
Après la prière des deux rakka de l’Aïd el Kébir à la grande mosquée Moussanté de Thiès, Imam Babacar Tafsir Ndiour a perpétué la tradition en servant aux fidèles un sermon engagé, axé sur les questions brûlantes de l’heure. C’est ainsi qu’il a été beaucoup question de la violence, surtout à cause des scènes notées ces derniers temps dans l’espace scolaire et universitaire. C’est donc sans détour qu’il a fait l’apologie de la non-violence, non sans accuser au passage l’Union Européenne de faire la promotion de l’homosexualité. Selon lui, l’islam bannit la violence sous toutes ses formes et c’est pourquoi d’ailleurs, le mot n’a été évoqué dans aucun passage du Livre Saint.
De l’avis de l’Imam, si la violence physique est utilisée, il y a toujours de fortes chances que d’autres formes se développent, notamment la violence verbale, psychologique, conjugale, domestique, politique, économique, etc. « La violence ne résulte pas d’une perte de contrôle, elle constitue au contraire un moyen délibérément choisi pour dominer l’autre, afin d’assurer son pouvoir sur lui », dit-il à haute et intelligible voix. Et dans l’espace scolaire et universitaire, regrette-t-il, c’est fréquent de voir la violence s’installer sous toutes ses formes, notamment à l’occasion de la mise en place des foyers, des amicales, avec à la clé des étudiants qui s’entretuent avec des armes blanches.
Et pourtant, dit-il, tout étudiant qui emprunte ce chemin ne mérite pas d’être à l’université, car c’est une institution où la quête perpétuelle du savoir doit être de mise à tout moment et non la défense des intérêts d’un parti, d’une tarikha, d’une religion. C’est dire à ses yeux que dans l’espace scolaire et universitaire, « l’intelligence doit primer sur la brutalité ». Il a par ailleurs fortement regretté de voir que dans les écoles, il y a une nouvelle forme de violence, qui va de l’élève vers l’enseignant, ce qui est à son avis inimaginable dans les Daara. Pour lui, cette forme de violence nécessite la mise en place de moyens radicaux, comme l’exclusion définitive de tout le système, public comme privé, avec aucune possibilité de faire quelque examen que ce soit dans le pays. Mieux, indique Imam Babacar Ndiour, le délit d’outrage à un enseignant doit être pris en charge par une loi, comme l’outrage à un magistrat, à un policier, etc.
Parlant de la violence verbale, il soutient qu’elle est utilisée « pour intimider, humilier, contrôler l’autre par le biais de sarcasme, de hurlement, de propos dégradants, de chantage, de menaces, qui peuvent affecter la personne et même la communauté ». Il cite également le cas de la violence conjugale, avec son corollaire : les nombreux divorces. A cet effet, il renseigne qu’au courant de l’année 2020, le tribunal de Thiès a prononcé 325 divorces et entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin de cette même année, 148 divorces. Et dans ces cas, 4 causes sont indiquées. Il s’agit de l’incompatibilité d’humeurs, du défaut d’entretien, de coups et blessures, d’abandon de domicile conjugal. Mais, dit-il, force est aussi de constater qu’il y a également dans le pays la violence faite aux hommes, pour la simple raison que l’infidélité est apprise aux jeunes à travers la télévision. Il a également fait état de la violence politique dont la conséquence peut être la guerre civile, d’où la nécessité de toujours travailler à préserver la démocratie. Il a noté avec amertume la violence qui fait rage à l’Assemblée Nationale, avec des bagarres entre les élus du peuple, mais toujours sur des questions purement politiques, donc pour leur seul intérêt.
Selon lui, personne n’a encore vu une bagarre à l’Hémicycle sur les questions d’éducation, d’agriculture, d’économie, etc. « Sans ordre républicain, bonjour l’indiscipline qui est la porte ouverte à tout », se désole l’Imam de Moussanté. Fort de tous ces constats, Imam Babacar Ndiour soutient que la non-violence doit être concrétisée dans les actes de tous les jours, une condition sine qua non, pour installer définitivement la paix dans le pays et l’impulser sur les rails de l’émergence. Et sur ce terrain de la non-violence, le Sénégal a des repères de valeur comme Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké qui a même opposé aux colons une résistance pacifique, et les vaillants guides religieux du pays.
LE FONCIER DOIT ETRE GERE DANS LA DROITURE
Imam Babacar Ndiour a par ailleurs ouvert une fenêtre sur la problématique gestion foncière. Selon lui, cette question doit être gérée dans la droiture, contrairement à ce qui est constaté sur le terrain. En effet, il est fréquent de voir des espaces publics, des espaces verts transformés en parcelles à usage d’habitation alors qu’il s’agit de lieux appartenant à toute la communauté. Et, dit-il, « la même promptitude qui a rasé les maisons de contact devrait guider ceux-là à libérer ces espaces ». En matière de foncier, dit-il, l’urgence est de faire en sorte qu’il y ait des concertations sérieuses entre la légitimité et la légalité. Il regrette le fait que ce soient des promoteurs immobiliers, qui n’ont construit aucun appartement, qui se meuvent dans le secteur. Et pour terminer, il a jeté une grosse pierre dans le jardin de l’Union Européenne, l’accusant de faire la promotion de l’homosexualité. Il indique que tout pays qui accepte ses financements dans d’autres secteurs, sera obligé de la suivre dans cette promotion.