L’UMS RECADRE LE M2D
La dernière déclaration du Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) sur les 22 manifestants, toujours en détention à Diourbel, a suscité une vive polémique

La dernière déclaration du Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) sur les 22 manifestants, toujours en détention à Diourbel, a suscité une vive polémique. Si certains considèrent leur sortie comme une manière de mettre en mal le juge Mbow avec le khalife général des mourides, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) y voit des «menaces inadmissibles» envers leur collègue.
Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi, le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) s’est prononcé sur la détention de 22 personnes arrêtées à Diourbel, dans le cadre des dernières manifestations violentes qui ont secoué dernièrement le Sénégal.
Durant la rencontre avec les journalistes, l’une de ses membres, Yacine Fall, a déclaré : «le M2D informe l’opinion publique nationale et internationale qu’à Diourbel, le juge Mbow refuse de libérer les 22 otages politiques, faisant valoir des états d’âme relatifs au fait que les jeunes auraient saccagé le tribunal. Le M2D ne fera aucun compromis sur la libération des jeunes arbitrairement détenus.»
Une déclaration interprétée par certains comme une manière de mettre en mal le juge Mbow avec Touba, car ces propos laissent croire que le juge d’instruction ne s’inscrit pas dans la logique d’apaisement souhaitée par le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. En effet, souffle-t-on, le juge Mbow ne peut pas pour le moment libérer ces individus parce qu’il y a une procédure à suivre pour obtenir une liberté provisoire en cas de mandat de dépôt.
Pour qu’ils bénéficient d’une liberté provisoire, il faut qu’ils soient entendus dans le fond et qu’une demande de liberté provisoire en bonne et due forme soit déposée devant le juge, avec communication du Parquet. Or, de sources sûres, jusqu’à hier, aucune demande n’a été encore communiquée au Parquet dont l’avis lie le juge en l’espèce d’autant plus que sa saisine de la chambre d’accusation suspend la libération. Ce qui veut dire que le juge d’instruction ne pouvait pas de son propre chef les laisser humer la liberté, alors qu’il n’a même fini de les entendre. Surtout que ces personnes sont pour la plupart arrêtées pour le saccage du siège de RFM Mbacké et la station Total. Qui plus est, en tant que juge du siège, il ne dépend pas de la chancellerie. Ce qui justifie manifestement la colère de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) qui est montée au créneau pour condamner la sortie au vitriol des membres du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) contre le juge Mbow.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’AS», Souleymane Téliko et ses collègues condamnent avec la dernière énergie ce qu’ils qualifient de menaces inadmissibles». «Dans une déclaration diffusée par la presse ce samedi 27 mars 2021, le mouvement M2D s’en est pris à un juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Diourbel, nommément cité, qu’il accuse d’«obstruction» tout en le tenant pour responsable des réactions qui pourraient découler de son «refus de libérer» des personnes qu’il a inculpées et placées en détention, suite aux récentes manifestations survenues dans le pays.
L’UMS condamne avec la plus grande fermeté ces menaces inadmissibles et inacceptables, qui contribuent à fragiliser l’institution judiciaire», renseigne le document. Le texte ajoute : «Elle rappelle que le respect de l’indépendance de la justice s’impose à tous les citoyens et acteurs sociaux, de quelque bord qu’ils puissent être. Elle exprime sa solidarité entière et son soutien total au collègue concerné, et réitère l’appel fait à tous, à garder une attitude de neutralité et à ne céder à aucune pression d’où qu’elle vienne.»