«NOTRE OBJECTIF, C’EST D’INSERER PROFESSIONNELLEMENT LES PERSONNES VIVANT AVEC UN HANDICAP»
Moussa Samb, fondateur de l’association «des amis et parents d’enfants inadaptés»

Moussa Samb est le président de la Commission éducation santé au Conseil départementale de Rufisque. Il est aussi le fondateur de l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés (ADAPEI). Dans cet entretien, M. Samb explique les missions de son association. Il revient également sur le partenariat avec l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés (ADAPEI) de l’Ain, en France pour la création de l’institut de formation pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées.
L’AS : Qui-est-ce qui justifie la création de l’Association ?
Moussa Samb : L’idée de création de l’Association nous est venue lors de nos différentes missions qui ont suivi le Forum international économique et social de 2018 au département de l’Ain en France. Lors de notre séjour dans l’hexagone, nous avons visité les structures de l’ADAPEI. Créée en 1961, cette structure compte 53 sous-structures. Ces ADAPEI sont des réseaux qui accompagnent les personnes handicapées, surtout les handicapés mentaux. Nous avons visité des entreprises adaptées où nous avons trouvé des personnes handicapées pour la plupart des autistes, des IMS, des IMC et des trisomiques. Ils sont formés, intégrés et embauchés. Ils travaillent comme toute autre personne et reçoivent des rémunérations assez consistantes. Dans le département de l’Ain, il y a 1000 personnes qui sont employées par les ESAG et les EIA. C’est un monde assez impressionnant pour nous qui travaillons pour le développement économique et social des personnes vivant avec un handicap. C’est de là que nous est venue l’idée de la création de l’Association avec l’appui du président du Conseil départemental de Rufisque.
Quels sont les objectifs de l’Association?
Nous voulons copier ce que l’on a trouvé dans le département de l’Ain et contextualiser ce modèle au niveau du Sénégal et surtout dans le département de Rufisque en y apportant une touche locale. Car, nous avons notre identité, notre personnalité et nous avons nos besoins qui ne sont peut-être pas les mêmes que ceux de l’Ain. Nous allons insérer et impliquer les déficients physiques, sensoriels, auditifs… en créant des activités génératrices de revenus. Nous allons vers une assemblée générale le 19 décembre 2018 pour la mise en place d’un plan de travail, avec nos partenaires de l’Ain
Où en êtes-vous avec les préparatifs de cette assemblée générale?
Nous avons commencé le travail depuis le mois de juin. Nous nous sommes constitués en comité préparatoire avec des commissions :Scientifique, organisation et communication. Nous allons recevoir plus de 500 personnes, lors de l’Assemblée générale du 19 décembre 2018.
Les autorités étatiques sont elles impliquées ?
Effectivement tout le monde est impliqué. On ne peut rien faire dans un département sans se référer au préfet. Nous avons rencontré le préfet qui a donné son aval et souscrit à la création de cette association qui est une première au Sénégal. Les personnes vivant avec un handicap sont dans les territoires communaux. Nous avons visité les 13 communes du département de Rufisque et nous avons rencontré tous les maires qui nous ont donné leur approbation. Ils ont promis de nous accompagner. En plus du Conseil départemental, nous comptons sur ces communes et les bonnes volontés.
Qui est ce qui est prévu le 19 décembre prochain ?
Nous avons décidé d’installer l’association, car les préalables ont été dégagés. Un comité directeur sera installé, ainsi qu’un bureau. Ils seront les organes délibérant de l’association pour démarrer.
Avez-vous les moyens de faire fonctionner l’association?
L’association sera composée de différentes personnes. Il y aura les membres actifs qui vont donner des contributions mensuelles. Il y aura également des membres honoraires qui vont donner des aides méritoires. Il y aura des membres partenaires qui travaillent avec nous et épousent les valeurs de l’association. Au sein de l’association il y a deux collèges : Ceux des amis et ceux des parents qui vont apporter aussi leur contribution. Mais nous comptons aussi sur l’aide du président de la République et du ministre de la Santé. Tout comme les grands hommes politiques de Rufisque.
Comment se fera le recensement des personnes vivant avec un handicap ?
Il existe la liste des structures et des associations de personnes handicapées par pathologie à la fédération départementale. Pour le moment, 11 associations se sont déclarées et nous serons en parfaite collaboration avec elles. Nous allons même les insérer dans le bureau que nous allons constituer. Au niveau de chaque commune, nous avons désigné un point focal chargé de détecter et de sensibiliser les personnes vivant avec un handicap sur la mission de l’association. Nous allons tenir une dernière réunion pour les revigorer afin que le travail soit bien fait à la base. Nous avons constaté, dans les maisons, qu’il y a beaucoup de personnes vivant avec un handicap, sans que l’on sache. Et pourtant avec la loi d’orientation sociale, l’Etat du Sénégal a voulu s’impliquer dans la recherche de solutions en faveur des handicapés.
Où sera installé l’institut de formation ?
Nous faisons des démarches auprès de certains maires de Rufisque, notamment du maire de l’Est où il reste encore de l’espace pour installer l’institut. Et à défaut de site dans le périmètre de Rufisque, nous sommes preneurs si nous avons des délibérations ailleurs. Nous avons interpellé le maire de Rufisque qui a promis de nous aider.
Quelles seront les filières de formation ?
Nous comptons les former sur la blanchisserie, la boulangerie, la menuiserie… Mais, ce sera fait, selon leurs aptitudes. Notre objectif final, c’est de les former et de les insérer professionnellement. Le handicap est devenu un problème d’enjeu national. J’en veux pour preuve la décision prise par le président de la République de reverser les recettes de la vente de son livre : «Le Sénégal au cœur» à l’école Aminata Mbaye qui accueille des enfants déficients mentaux.