POLEMIQUE AUTOUR D’UNE USINE DE FABRIQUE DE FARINE DE POISSON
Le projet d’installation d’une usine de fabrique de farine de poisson suscite la polémique à Cayar. D’autant que le collectif Taxawu Cayar s’oppose à ce projet.

Lors d’un point de presse tenu à Cayar, le collectif a dénoncé «la parodie d’étude environnementale» avant de désapprouver toutes les propositions d’investissement liées à la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE).
Si l’on n’y prend garde, la tension risque d’être vive dans les semaines à venir à Cayar. En effet, de gros nuages entourent l’implantation d’une usine de fabrique de farine et d’huile de poisson près de Ndiokhob, par un exploitant Espagnol, par l’intermédiaire d’un Sénégalais. Le collectif Taxawu Cayar (mouvement regroupant les différentes corporations de la commune), soucieux du cadre de vie et du développement de la commune, porte le combat. Face à la presse hier à Cayar, le porte-parole Mamadou Lèye a indiqué que le collectif manifeste s’oppose à l’implantation de l’usine et alerte les autorités étatiques. «Conformément à la Constitution, au code de l’environnement, notamment la loi 2001/01 du 15 janvier 2001, dans son chapitre 3 ligne 11, qui nous garantissent un environnement sain et la lutte contre les différentes formes de pollution, nous nous dressons comme un seul homme contre cette tentative d’installation de cette usine qui rame à contrecourant des principes édictés par le code de l’environnement», a-til déclaré.
A l’en croire, «une parodie d’étude environnementale a été faite et, même pour le semblant d’audience publique qui s’en est suivie, les invitations étaient sélectives et la restitution n’a jamais été faite». Il estime que le cabinet désigné dans le cadre de cette étude ne peut en aucune manière certifier qu’elle est descendue sur le terrain pour faire des enquêtes comme il se doit. «C’est pourquoi, nous doutons légitimement de leur bonne foi et tous ces actes déjà posés montrent qu’ils ne vont pas utiliser des technologies de pointe pour annihiler certains risques sur la santé des populations, consécutivement à l’exploitation proprement dite. Des sources nous soufflent que l’exploitant a promis un centre de santé bien équipé dans le cadre de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), mais les populations de Cayar préfèrent ne pas tomber malades que d’avoir un centre pour se soigner. Certes Cayar veut le développement, mais un développement sain, qui respecte le cadre de vie et notre bien-être».
De l’avis du porte-parole du collectif, le ministre de la Pêche et de l’Economie Maritime est interpellé car il avait déclaré devant toutes les populations de Cayar qu’aucune autorisation ne sera donnée pour le démarrage de cette usine. «Grande est notre surprise de constater que les travaux continuent comme si de rien n’était. Et d’ailleurs, le matériel d’équipement en vue de l’exploitation est même en train d’être déchargé», se désole-t-il. En tout cas, dit-il, les populations n’entendent pas accepter cette pollution de l’usine située dans la zone d’extension, qui est une zone habitable à quelques mètres seulement des bornes. D’autant plus que la matière qui sera secrétée par l’usine ouvrira la porte à toutes sortes de maladies, notamment les infections respiratoires. «Nous doutons de la pertinence et de l’opportunité de ce projet», martèle-t-il avant d’ajouter que cette première sortie n’est qu’un avertissement et que des actions graduelles sont prévues. Elles dépendront des réactions des autorités du pays.
Dores et déjà, renseigne-t-il, des correspondances d’alerte ont été envoyées à toutes les autorités administratives ainsi qu’au chef de service régional de la pêche, au commandant de la brigade de gendarmerie, pour les informer de la situation liée aux dangers que pourraient engendrer l’implantation de cette usine. Malheureusement, se désole-t-il, ces lettres sont restées pour le moment sans aucune réponse. En tout état de cause, soutient-il, le collectif est plus que jamais déterminé pour lutter contre toute forme de pollution et de nuisance pouvant porter atteinte au cadre de vie dans la commune de Cayar. En tout cas, la mairie et la direction de l’entreprise exploitante de l’usine soutiennent qu’il y a beaucoup de contrevérités dans l’argumentaire des contestataires et elles promettent de tenir un point de presse pour apporter la réplique. Pour rappel, Cayar est le quai de débarquement de la pêche artisanale le plus important du pays. Annuellement, plus de 50.000 tonnes de poissons y sont débarquées, pour une valeur marchande de plus de 8 milliards de Fcfa. En pleine période de campagne de pêche, plus de 2.000 pirogues y sont recensées contre 1.200 en basse saison.