«RIEN N’EMPECHE LA TENUE DU PROCES»
Me Assane Dioma Ndiaye, ligue sénégalaise des droits humains sur l’affaire des Thiantacounes

L’histoire des 8 thiantacounes qui menacent de se suicider ne cesse de susciter des réactions. Les associations pour détenus les politiques et les défenseurs des droits de l’homme, tous s’y mêlent pour que ces détenus n’arrivent pas à bout de leur menace et que l’irréparable soit commis. Joint au téléphone, Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits humains n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer ce mutisme de l’Etat dans cette affaire qui aurait pu être jugée depuis longtemps.
Sur le cas de ces disciples de Cheikh Béthio Thioune, l’avocat est formel. «Nous sommes au courant des menaces et nous recevons des messages quotidiens de ces personnes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons sorti un communiqué avec la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) et Amnesty International pour attirer l’attention des autorités étatiques», a confié Assane Dioma Ndiaye, qui a aussi rappelé que «l’Etat est garant du fonctionnement régulier des institutions et il doit faire en sorte que cette affaire soit vidée au plus vite».
Selon l’avocat, le procès aurait dû être tenu depuis belle lurette parce que dans cette affaire, l’information est close et «rien n’empêche la tenue de ce procès », a estimé la robe noire. «Si le dossier n’était pas clos, on aurait compris mais dans cette affaire, l’information est close et le tribunal de grande instance de Mbour est fonctionnel. Alors, rien ne s’oppose à la tenue de ce procès », peste-t-il.
Le fait de prendre en considération les difficultés logistiques nées de la récente installation du tribunal est pourtant raisonnable. Toutefois, signale Assane Dioma Ndiaye, l’Etat devrait y penser d’abord avant de prendre en considération des engagements. «On aurait pu faire ce procès avant même le découpage de la carte judiciaire. Maintenant que ce tribunal est là, l’Etat dit vouloir prendre toutes les garanties sécuritaires et fonctionnelles alors qu’il a pris des engagements devant ces personnes et doit les respecter. Ce n’est pas la première fois que ces personnes font des alertes ou entames une grève de la faim. On leur avait donné une date ferme, maintenant on ne peut plus se dédouaner. On a plus de prétexte pour la tenue de ce procès ».
En dehors des mis en cause, le jugement de l’affaire est nécessaire en respect de la mémoire des victimes estime Me Assane Dioma Ndiaye. «Cette demande est également valable pour les familles qui se sont constituées partie civile parce que même la victime a besoin de savoir ce qui s’est réellement passé pour faire son deuil. Il faut aussi rappeler que ce n’est pas un cri de cœur ou une défense que nous jetons simplement du coté des personnes qui sont accusées, mais nous plaidons également pour le droit à un procès pour les victimes qui méritent notre attention».
En soulignant que l’Etat doit garantir à tout citoyen un procès dans un délai raisonnable, Assane Dioma Ndiaye pense que le mutisme de l’Etat ne s’explique que par l’implication d’un guide religieux dans le dossier. «Pour ce qui est du mutisme total de l’Etat, tout le monde connait les soubassements de la problématique de cette affaire. Il n’y a pas besoin de se pencher outre mesure sur les lenteurs notées dans cette affaire. Tout le monde comprend les détours et les complications que cette affaire peut prendre», dit-il en faisant allusion à Cheikh Béthio Thioune.