TARA, CE BATEAU SCIENTIFIQUE QUI VEUT COMPRENDRE LA BIODIVERSITÉ DU PLANCTON
Pour la dernière étape de la mission scientifique Mocrobiome, la goélette Tara de la Fondation Tara Océan est au large de Dakar pour mieux comprendre la biodiversité du plancton.

Pour la dernière étape de la mission scientifique Mocrobiome, la goélette Tara de la Fondation Tara Océan est au large de Dakar pour mieux comprendre la biodiversité du plancton.
Une vingtaine de personnes sont assises sur des chaises, sous une tente bleue devant le parking de l’embarcadère. En cette matinée pluvieuse, chacun essaie de se mettre à l’abri en attendant de prendre le départ pour l’Ile de Gorée. Une famille, d’une demi-douzaine de membres dont des enfants échange sous la tente, juste avant que ne reprenne la pluie. Pour ceux qui devaient monter à bord de la goélette Tara, il fallait braver les eaux pour rejoindre le bateau.
C’est sous une forte pluie que les journalistes et autres invités ont pris part à la sortie en mer organisée par la Fondation Tara Océan, dont le bateau Tara se trouvait samedi au large de Dakar. Avec l’aide d’un membre de l’équipage, nous sommes montés à bord sous nos parapluies. Dans le bateau, il faut se protéger de la pluie qui continue de tomber. ‘’On va vous remettre des cirés parce qu’il pleut fort’’, nous dit un membre de l’équipage. Au milieu d’une petite tente, une table est posée, sur laquelle est reproduite une carte de l’Amérique du Sud. On y voit presque tous les pays de ce vaste sous-continent. A côté, se trouve un laboratoire. Des bouteilles, des cordes de couleur rouge et bleue et tout un tas d’outils sont bien rangés. De loin, on aperçoit des bateaux de pêche. On nous invite ensuite à descendre. Il faut passer par une petite porte en face du pilote, prendre des escaliers pour se retrouver en bas.
De l’intérieur, on voit des membres de l’équipage enlever les bâches qui font réapparaître le soleil. Dans la petite cuisine, les cuisiniers s’affairent autour du petit déjeuner. On y voit presque tout le matériel dont a besoin un cuisinier. Des couteaux, des plats, des cuillères, des pots. En haut, à partir de la vitre, on voit des marins s’activer pour mettre tout en place et démarrer le voilier sous la pluie. Une dame, membre de l’équipage interrompt les explications d’un chercheur pour informer que les voiles sont en train d’être levées. Sur place, des marins vêtus de gilets tirent sur un matériel constitué de trois boitiers pour lever les deux voiles. Des deux côtés des voiles, deux zodiaques y sont rangés.
Comprendre la biodiversité du plancton
Tara de la Fondation Tara Océan effectue à Dakar la mission Mocrobiome, dans le cadre du troisième volet de son expédition scientifique dénommée : l’étude de la côte ouest africaine. C’est au cours de cette dernière étape de cette mission que la goélette a fait escale dans cinq autre pays, en plus du Sénégal.
Tara a été en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola, en République du Congo et en Gambie. ‘’Les recherches faites dans le cadre des missions scientifiques sont publiques et partagées. Une manière selon lui de faire comprendre aux gens les raisons de rester en mer pendant des mois ou encore le fondement des investissements faits dans ces types de missions. Notre objectif est d’expliquer à quel point la mer est vitale pour la planète qu’elle nourrit beaucoup’’, a dit le Directeur général de la Fondation Tara Océan.
Selon lui, Tara se déplace pour répondre à une question en faisant la même chose dans différents sites de la planète. Ce fut le cas, d’après lui, de l’Antarctique, de l’Afrique du Sud, de l’Afrique de l’Ouest, du Chili et de l’Amazonie. ‘’Avec toutes ces missions, on parvient à avoir des réponses sur le comportement des écosystèmes, leurs sensibilités aux changements climatiques et à la pollution. Nous essayons aussi de comprendre et de prédire ce qui peut se passer dans les années à venir’’, explique Troublé à des journalistes sénégalais et français.
Pour la mission Microbiome, il s’agit, selon le chercheur au Centre national de recherche scientifique (CNRS), Samuel Chaffron, d’échantillonner entre Banjul et Dakar, le plancton pour essayer de mieux comprendre la diversité et la structure de la communauté planctonique aux larges du Sénégal où les eaux sont très riches en nutriments. ‘’Cette mission est importante, car ‘’le plancton est à la base de notre chaîne alimentaire du fait que les poissons se nourrissent de cette espèce et nous les hommes nous nous nourrissons des poissons. L’importance est de comprendre la composition de cette espèce marine et savoir comment elle va évoluer dans le futur’’, dit-il.
Le but est aussi de comprendre comment le changement climatique pourrait impacter la vie aux larges du Sénégal entre autre. Le chercheur ajoute que la mission a également échantillonné tout autour de l’Atlantique dans des zones plus pauvres en nutriments et d’autres qui en ont plus comme ici au Sénégal.
Sensibilisation et partage
La méthode consiste à faire de l’infiltration, en collectant en surface ou en profondeur entre 0 et 200 mètres afin de filtrer l’eau et concentrer le plancton. ‘’C’est une recherche fondamentale et la finalité est de mieux savoir quelle est la biodiversité du plancton et les fonctions qu’il supporte. On commence à voir les espèces qui sont présentes ici, mais on a beaucoup d’autres choses à découvrir’’, a fait savoir Chaffron.
De son côté, Myriam Thomas, en charge de la sensibilisation au sein de la Fondation Tara Océan soutient que le rôle du bateau est de travailler main dans la main avec les scientifiques pour créer des outils de sensibilisation et faire comprendre au plus grand nombre que c’est essentiel de protéger l’océan. ‘’Nous utilisons tout ce qui est magazine, nous créons aussi des outils spécifiques avec les scientifiques pour être sûrs d’être dans la vérité. Nous essayons au maximum de montrer des choses qu’on ne voit pas’’, a-t-elle expliqué. A plusieurs minutes du quai, les pilotes décident de dériver le bateau. On entend plus le bruit des moteurs et les voiles aussi sont pliées. On aperçoit l’île de Gorée, de même que tous les bâtiments longeant la côte. A l’arrivée, la descente se fait encore sous la pluie.