UN CAMION DE SABLE ECRASE MORTELLEMENT UN CONDUCTEUR DE MOTO
Mort atroce sur la Vdn, Conducteurs, Ong et piétons listent les raisons de cette hécatombe sur nos routes.

Au Sénégal, une enquête réalisée entre 2015 et 2019 fait état de plus de 600 morts chaque année sur nos routes. Nos compatriotes dénoncent surtout le manque d’expérience au volant, appellent les autorités à plus d’intransigeance et aussi plus de surveillance et de fermeté dans le contrôle des véhicules.
C’est une moto presque méconnaissable sous les roues d’un camion et des débris partout sur la route. Le drame a fait verser beaucoup de larmes hier ! Un camion a fini sa course folle sur un conducteur de moto Jakarta du nom de Souleymane Diouf, un agent de l’USAID domicilié à Diass. Le drame est survenu sur la Vdn (Voie de Dégagement Nord) à côté du siège de la Sonatel.
Le choc est plus qu’impressionnant. L’image est terrible ! La moto est passée sous les roues du camion. Lesquelles sont tachetées de sang et de...chair. Inconsolable devant un tel choc, un témoin raconte. «Ils étaient deux sur la moto. Le camion était sans frein. Il les a percutés avant de les projeter à environ 100 mètres plus loin. Le camion a presque broyé la victime qui était assis derrière le conducteur. C’est terrible. C’est terrible», a-t-il crié, la voix grelottante. Les témoins de l’accident sont tous inconsolables devant ce drame qui aurait emporté un «agent de l’Usaid». Le chauffard aurait pris la fuite en laissant derrière lui un mort et des blessés. Sans compter les dégâts matériels
Vdn, un axe du mal ?
Au mois d’octobre dernier, un accident similaire s’était produit au même endroit à côté du siège de la Sonatel faisant deux morts, une femme et un homme. Il y a aussi cet accident qui avait emporté un homme d’un certain âge mortellement fauché toujours sur la VDN à côté de la permanence du Pds (Parti démocratique sénégalais). Il y a juste trois mois, un accident similaire était survenu à Mermoz. «J’ai longtemps alerté sur cet axe. L’Etat laisse trop faire. Il ne devait pas y avoir à cet endroit un arrêt dont les cars rapides et Ndiaga Ndiaye ont fini de faire un terminus. D’où ces d’accidents. Normalement la traversée doit se faire sous le pont», indique Amadou Assane Ndoye qui pense que l’Etat devrait aménager des barrières pour empêcher la traversée aux piétons.
Malgré l’amélioration du réseau routier, les accidents se multiplient, les uns plus dramatiques que les autres. Bada Loum, un passant qui a assisté à l’accident survenu sur la Vdn hier, est formel. «On doit revoir la visite technique des gros porteurs. Aussi, ce n’est pas parce qu’un jeune à un permis qu’il doit conduire un camion», a-t-il martelé. Il pense qu’il urge de renouveler le parc des transports routiers. Parce que, dit-il, l’état des véhicules laisse présager le pire à tout moment et en tout lieu.
«90 % des accidents dû aux comportement de...»
Chocs violents, dégâts matériels, pertes en vies humaines, le bilan macabre des accidents de la route atteint des proportions plus qu’inquiétantes. En moyenne, plus de 600 morts sont dénombrées sur nos routes chaque année, selon les estimations de l’Ong Partners West Africa Sénégal (Pwa). L’enquête menée par l’organisation entre 2015 et 2019 révèle que «90% de accidents routiers sont liés aux comportements humains». Trois ans après, le phénomène ne faiblit pas. Au contraire, il étale ses tentacules de jour en jour et presque dans toutes les régions. Malgré les campagnes de sensibilisation, nos routes continuent de rendre des enfants orphelins, des conjoints veuves ou veufs. L’année dernière, en pareil moment, un véhicule 307 qui avait perdu le contrôle avait fait se renverser un bus et provoqué une collision entre un véhicules «sept places» et un taxi causant une dizaine de morts.
Indiscipline et incivilité
L’âge des véhicules, le manque d’expérience et l’indiscipline des chauffeurs ainsi que l’incivilité de certains passants font que nos routes deviennent de plus en plus des mouroirs. Daouda Youm est un taximan. Agé d’une cinquantaine d’années, il indexe le manque d’expérience des jeunes chauffeurs et la non maitrise des règles du code de conduite. «Ils conduisent très mal parce que ne maitrisant pas les règles de conduite routière. Ce qui fait qu’ils constituent un danger», indique notre interlocuteur tout en demandant de «revoir nos comportements d’autant plus les hommes sont en grande partie responsable de ces accidents, surtout les chauffeurs. Si on maitrise le code, même s’il y a accident, cela ne devrait pas faire des morts. Peut-être des dégâts et encore de moindre importance. Il faut dire que l’habitude est une seconde nature. C’est comme le mariage. La mariée, le plus souvent, est une jeune fille sans expérience. C’est au mari de l’éduquer et de la mettre sur les bons rails. Sinon, c’est le divorce. On doit toujours aller se parfaire. C’est impératif de connaitre le code de la route. C’est un problème de comportement. Sur nos routes, c’est le Sénégal en miniature. Tout le monde est indiscipliné».
De plus en plus, des automobilistes procèdent à des dépassements dangereux, utilisent le téléphone au volant, ne respectent plus les distances de sécurité... Les Sénégalais s’indignent devant ces comportements désinvoltes des conducteurs tandis que les titulaires de permis poids légers indexent leurs collègues au volant de gros porteurs. Selon Bada Youm, l’axe qui passe par Sindia est très dangereux parce que, dit-il, les chauffeurs de camions n’en font qu’à leur tête. «Ils conduisent n’importe comment. Nous croisons toujours les doigts pour rentrer indemnes. Il y a aussi la délivrance des permis dont il faut parler. On doit aussi être plus solidaires pour s’éviter ces drames. On doit revoir nos comportements. Il y a trop de haine dans les cœurs», s’est-il indigné. Les chauffeurs des camions renvoient la balle dans le camp des transporteurs qu’ils accusent de négligence dans l’entretien des véhicules. «D’habitude nous rencontrons de problèmes mécaniques avec les camions. Les propriétaires doivent davantage nous aider. Ils ne donnent pas les moyens pour l’entretien. Ce qui constitue un danger pour tout le monde», confie Badara Niang, un conducteur de gros-porteur.
«A un moment donné, on avait appris que les camions ne pouvaient pas accéder à Dakar à une certaine heure. Il faut que cela soit désormais une exigence. Il faut que les autorités sévissent», a plaidé Ibrahima Gningue. Ce natif de Mbour pense que les propriétaires doivent arrêter d’exiger des versements quotidiens élevés. « 400 000 à 800 000 francs, surtout en période d’évènements d’envergure comme le magal, c’est insensé». Et le sieur Gningue de se demande combien de morts il faudrait encore pour obliger le ferroutage obligatoire pour les camions»?
L’Etat invité à brandir le bâton
Quoi qu’il en soit, Seydou Bâ demande de «toujours montrer le meilleur exemple à nos enfants. Aujourd’hui, on doit éviter certaines infractions. Les conducteurs sont disciplinés. Chauffeurs de taxis, de véhicules particuliers, de gros porteurs, tous sont pareils. C’est l’éducation reçue qui est en cause. La manière dont le permis de conduire est délivré laisse à désirer. Les chauffeurs doivent respecter le code de la route. S’ils sont en panne, qu’ils mettent leurs triangles de signalisation. Aux particuliers et taxis, il faut arrêter de doubler au niveau des virages et surtout restés concentrés et évitez le téléphone au volant», recommande Seydou Bâ. «Tous les anciens chauffeurs sont au chômage. Les propriétaires des véhicules refusent de leur confier leurs véhicules. Ils préfèrent les jeunes. On devrait aussi faire endosser la responsabilité aux propriétaires pour qu’ils prennent en change tous ces blessés et ses morts». Ce qui, dit-il, participerait à freiner la recrudescence de ces accidents le plus souvent évitables.