«IL FAUT REACTUALISER LE TABLEAU DES RECOMPENSES »
Le secrétaire général de l’Association nationale de la presse sportive, Bamba Kassé, estime que les autorités doivent revoir la manière de récompenser les athlètes sénégalais.

Selon le journaliste de l’Agence de presse sénégalaise (Aps), l’Etat peut réactualiser le tableau des récompenses et mettre tout le monde sur le même pied.
Quelle analyse faites-vous des récompenses attribuées aux footballeurs et basketteuses sénégalais, malgré leur statut de vice-champions d’Afrique en 2019 ?
Je pense que récompenser un sportif pour avoir fait un parcours honorable ou avoir réalisé une performance sportive est une chose très courante dans le monde. Habituellement, dans le monde du football moderne, chaque étape d’une compétition majeure équivaut à une prime. Maintenant, ces primes ont été négociées au Sénégal. Mais le chef de l’Etat peut le faire, selon l’engouement suscité par les disciplines sportives ou sa satisfaction personnelle. Donc, c’est lui qui attribue souvent des primes. Ça a été le cas, d’abord en2015, avec les basketteuses qui avaient remporté l’Afrobasket-2015 au Cameroun. Il leur avait remis une prime de 10 millions et un appartement. Ça s’est poursuivi ensuite en 2015, avec les Lions des U20 du football. Ils avaient reçu chacun 13 millions, après leur qualification en demi-finales de Coupe du monde. Donc, je n’y vois aucun inconvénient. Tout dépend de la performance réalisée, de la disponibilité des fonds et de la volonté du président de la République de récompenser. Mais je pense que la récompense d’un sportif ne doit pas être forcément liée à l’argent. Cela veut dire qu’elle ne doit pas être uniquement pécuniaire. Il y a beaucoup de types de récompense que le pays peut décerner à ses fils, comme l’ordre national du Mérite et l’ordre national du Lion. Je pense que nos autorités doivent penser à récompenser autrement que par l’argent, notamment dans les cas où la performance n’est pas complète. C’est comme le basket et le football en 2019.Ilsn’ontpas été vainqueurs dans leurs compétitions
Le Beach soccer et le karaté n’ont pas été récompensés, alors qu’ils ont remporté des titres et des médailles d’or. Pensez-vous qu’il existe une politisation dans ces récompenses ?
Pour moi, il n’y a pas de politisation dans la récompense des athlètes sénégalais. Il y a plutôt un vide concernant sa réglementation. Il n’existe pas, dans le règlement du sport sénégalais, un tableau spécifique. L’ancien ministre des Sports, Youssoupha Ndiaye, avait tenté de l’organiser, à l’époque. Il avait mis en place un tableau dont l’objectif était d’établir à l’avance les montants à verser aux athlètes qui ont réussi des performances au niveau zonal, continental ou international. Je pense que c’est ce tableau qui doit être remis au goût du jour, évaluer et réadapter par rapport au contexte actuel. Comme ça, on saura à l’avance quelle récompense donner au sportif, selon la performance qu’il a réalisée. Si on ne le fait pas, on continuera à avoir le sentiment qu’il y a deux types de sportifs sénégalais. Or, les athlètes sont tous des ambassadeurs du pays, non obstant la différence des disciplines qu’ils pratiquent. Donc, dans les normes, il devrait être tous au même pied par rapport aux ressources destinées aux récompenses.
Qu’est-ce que l’Etat doit faire pour mettre fin à ce déséquilibre ?
Ce qu’il faut, dans l’immédiat, c’est de réactualiser le tableau des récompenses. Cela permettra de savoir par rapport à l’arbitrage budgétaire les compétitions auxquelles les athlètes sénégalais vont prendre part et de prévoir, pour chaque type de compétition, des récompenses pécuniaires. Mais les autorités étatiques doivent réfléchir sur d’autres types de récompense. Il peut s’agir de la médaille de l’ordre nationale du Mérite ou de la médaille de l’ordre nationale du Lion. Il peut s’agir également d’une carte de reconnaissance. Cette distinction permettra à l’athlète de bénéficier d’une gratuité de soins médicaux pour lui et sa famille, tout au long de sa vie. Il faut que nos autorités cessent quelque part de monétiser les performances sportives.