L’ARTISTE GUERETI BADJI S’ENGAGE CONTRE L’EXCISION
Son nouveau single « Kébalou », composé en langues locales, est un message fort contre ce fléau.

Combattre l’excision un peu partout dans le continent, en commençant par la Casamance, tel est l’objectif que s’est assignée la reine de la musique casamançaise Guereti Badji. Son nouveau single « Kébalou », composé en langues locales, est un message fort contre ce fléau.
Née en Casamance, à Katinong, Fatou Badji, plus connue sous son nom d’artiste de Maman Guereti, a décidé d’utiliser sa voix pour lutter contre l’excision. Son nouveau single dénonce, avec l’énergie de l’espoir, ce fléau qui fait encore souffrir d’innocentes petites filles. « Kébalou », qui signifie en langue locale « les sages », est une sorte de plaidoyer pour mettre définitivement un terme à cette pratique résistant encore au modernisme. Guereti, se sert du diola et du socé, deux langues très prisées en Casamance, pour passer son message. Ce single, plongeant l’artiste dans des souvenirs douloureux, a été composé dans un style musical tradi-moderne où les notes de la guitare se mêlent aux rythmes locaux. Le tout, dans un folk bien dosé.
Victime très jeune de l’excision, cette ambassadrice de la musique casamançaise utilise depuis de nombreuses années la chanson pour convaincre les pratiquants de l’excision à abandonner cette tradition encore en vogue dans certaines parties du sud du pays. « Il s’agit d’un combat que je mène depuis toute petite. Quand je suis sortie du bois sacré, j’ai composé des morceaux pour sensibiliser contre cette pratique. Cette pratique m’a beaucoup perturbée », soutient-elle. Aujourd’hui, l’ambition de cette ancienne pensionnaire de la musique des Forces armées est de « se battre jusqu’à ce que l’excision cesse un peu partout en Afrique ». Son nouveau single « Kébalou » commence déjà à porter ses fruits, car avance Fatou Badji, une bonne partie des vieilles exciseuses ont décidé de ranger leurs lames. « Cette chanson m’a devancée au village et a fait un grand effet. Lorsque j’y étais, les vieilles personnes s’agenouillaient pour me saluer. J’ai eu l’adhésion des pratiquants de mon village », confie-t-elle. Fervente militante de la paix en Casamance, Guereti Badji a fait le tour des différentes localités de sa région pour convaincre les populations. « C’est un combat qui nécessite une certaine stratégie. Il faut le faire dans le respect, sans heurter personne », avance-t-elle.
Avec son groupe « Aguène et Diambogne », Fatou Badji incarne aujourd’hui la culture de son terroir. Son histoire est devenue inséparable de la chanson qu’elle a commencée depuis très jeune lors des évènements d’initiation, de mariage ou de baptême. Dans son village de Katinong, elle a réussi à faire l’unanimité autour de son talent et de sa personnalité. Guereti, qui a intégré en 2001 le groupe « Foogny », est aussi un produit de l’Orchestre national du Sénégal. Son premier album « Kuwuwak Kati Casamance », sorti en 2006, a marqué le début d’une carrière prometteuse. Si elle a mis du temps à s’ouvrir à la scène musicale nationale, c’est peut-être lié au fait qu’il s’agit bien d’un artiste des « moments sacrés » de sa Casamance natale. Une chanteuse fortement attachée à ses origines.