«ON N’A PAS A SE PLAINDRE PUISQUE LE SENEGAL EST HONORE...»
Trois questions au Pr Magueye Kassé, critique de cinéma sur la participation du Sénégal au Fespaco 2019

Le Sénégal n’a pas démérité au Fespaco 2019. C’est la conviction du Pr Maguèye Kassé, écrivain-cinéaste. Selon lui, même si le Sénégal n’a pas été dans la compétition officielle pour l’Etalon d’or du Yennenga remporté cette année par le Rwandais Joel Karekezi pour son film « The Mercy of the Jungle », il est revenu avec trois prix dans la catégorie court-métrage empochés par les réalisatrices Khadidiatou Sow et Angèle Diabang. Pr Maguèye Kassé trouve que le cinéma sénégalais est dans la bonne dynamique.
Quelle est votre lecture par rapport de la participation du Sénégal au Fespaco 2019 ?
Je pense que nous n’avons pas démérité au Fespaco puisque nous avons présenté des films dans différentes catégories notamment dans la catégorie court-métrage. Nous avons quand même eu des prix assez importants notamment Angèle Diabang avec «Un air de Kora ». Et ce film quand même, ce n’est pas n’importe quoi puisqu’il a eu beaucoup de prix notamment dans la catégorie des prix spéciaux. Elle a quand même eu le prix de la meilleure Réalisatrice et ça ce n’est pas rien. « Un Air de Kora » a séduit le public qui lui a décerné non seulement ce prix dont je viens de parler puis le prix spécial de la meilleure femme cinéaste. Pour ce qui concerne la revendication des femmes qui n’avaient pas eu d’Etalon jusqu’à présent, elle a remporté l’Etalon de bronze dans la série fiction court-métrage. De même que Khadidiatou Sow a remporté l’Etalon d’argent dans la série fiction court-métrage. Donc deux Etalons qui se suivent, un Etalon d’argent Khadidiatou Sow et un Etalon de bronze pour Angèle Diabang et en même temps un prix spécial meilleure femme cinéaste. Et en même temps, Khadidiatou Sow a eu le prix ACP qu’on lui a décerné en son absence. Je crois que ça, c’est tout à l’honneur de notre cinématographie. Dans la série de ces court-métrages, je crois qu’on n’a pas à se plaindre puisque non seulement le Sénégal est honoré mais aussi la femme cinéaste est honorée en même temps. Nous avons présenté d’autres films dans d’autres séries malheureusement qu’ils n’ont pas eu de prix notamment les séries télévisées avec «Garmi» de Cheikh Diallo. Ensuite, nous avions dans la série long-métrage des films documentaires, le film qui présentait l’histoire de la « Rencontre mon père » (d’Alassane Diago, Ndlr). Là aussi, il était en compétition avec des films de très longue stature qui ont eu finalement les Etalons. Nous n’avons pas eu une présence comme nous l’avions souhaité à l’époque avec «Félicité» ou comme en 2013 avec le film « Tey », mais quand même il faut dire que les films qui ont été primés cette année au Fespaco, tout le monde s’accorde à dire que ce sont des films qui ont beaucoup de mérite.
L’absence du Sénégal dans la compétition officielle du Fespaco n’a-t-elle pas été un échec ?
Il ne faut pas parler d’échec. Ce n’est pas parce qu’on ne présente pas un film que c’est un échec. Nous avons eu par exemple « l’Ordur » de Momar Talla Kandji du Sénégal qui a été présenté au Fespaco et qui est un film d’une très grande sensibilité dans la catégorie des courts-métrages. Et ça, c’est aussi à l’honneur du Sénégal mais dire que nous n’avons présenté un long-métrage, donc c’est un échec. Non pas du tout. Un film, ça se prépare. On fait un film qui doit plaire. Nous avons eu par exemple « La Femme Lionne » de Lobé Ndiaye dans la catégorie des films documentaires. C’est un film très intéressant mais qui n’a pas pu avoir un prix. Pour autant, ça n’a pas démérité. L’histoire est intéressante et on a apprécié. Mais quand il s’agit de l’Etalon d’or, vraiment il faut se préparer à aller affronter à une idée des Etalons d’or, d’argent ou de bronze dans la catégorie.
Selon vous, qu’est-ce qui doit être fait pour booster davantage le cinéma sénégalais ?
Nous sommes dans la bonne dynamique pour booster le cinéma sénégalais. Je parlais tout à l’heure des films panorama, comme le film « Rencontrer mon père » d’Alassane Diago, ce sont des films en compétition. Pour aller à la compétition, il faut être prêt. Si on n’est pas prêts, on n’y va pas. C’est aussi simple que ça. Donc, il n’y a pas à avoir honte. A contraire, nous avons quand même de la moisson à engranger pour le Sénégal et ça, c’est satisfaisant. L’Etat appuie de plus en plus le cinéma sénégalais. Le film de Khadidiatou Sow a été soutenu par le Fopica. Je crois que le film d’Angèle Diabang a aussi été appuyé si je ne me trompe pas par le Fopica. Donc, le Fopica appuie des réalisations et ces réalisations ne déméritent pas. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Il faut continuer dans ce sens-là et puis peut-être de plus en plus, nous allons revenir du Fespaco avec des trophées.