«S’IL Y A UNE PART POUR LA CULTURE, JE N’EN AI PAS REÇU ET ON NE M’A PAS AVISÉ DE ÇA»
Didier Awadi se prononce sur les fonds de la Force Covid-19

Faisant partie des acteurs qui interviennent dans la sensibilisation et la lutte contre le Covid-19 depuis le début, le Patron du Studio Sankara, Didier Awadi, pense que cette pandémie ne doit pas être un frein pour les activités du monde. Il estime que les gens ne doivent pas céder à la dictature de ce virus, et que la vie doit reprendre son cours normal. S’agissant de la gestion, il estime que l’état du Sénégal est en train de faire beaucoup d’efforts. Cependant, pour ce qui est des fonds de la force Covid-19, il soutient n’avoir rien vu et rien reçu.
«L’As» : Dès le début de la crise on a vu l’implication des acteurs culturels, et vous faisiez même partie de la délégation reçue par le président de la République au Palais. Aujourd’hui, quelles sont les actions que vous menez concrètement sur le terrain allant dans le sens de lutter contre cette pandémie?
DIDIER AWADI : Ce que nous faisons, c’est beaucoup de sensibilisation. Je pense que c’est assez concret, ça se voit tous les jours sur les réseaux sociaux et autour de nous. Notre mission, c’est de sensibiliser les gens par rapport aux gestes barrières et sanitaires. Mais également au respect des mesures d’hygiène édictées par les autorités. Depuis tout ce temps, c’est ce que nous faisons et nous n’avons jamais arrêté de le faire. D’ailleurs, nous n’avons pas attendu qu’on nous le demande.
On sait que cette crise a paralysé plusieurs secteurs, la culture y compris, comment la vivez-vous?
Oui, mais avec cette crise, tous les secteurs sont impactés ; il n’y a pas seulement la culture. Donc par rapport à ça, moi, je pense qu’il faut qu’on sorte de la spirale de la peur et qu’on se remette au travail. Il ne faut pas qu’on sombre au diktat de la peur. Moi je suis contre la mondialisation de la peur. Et je pense qu’on a réussi à accepter cette mondialisation et aujourd’hui, personne ne travaille. Donc je pense que l’heure est venue de reprendre nos activités, tout en sensibilisant.
Est-ce à dire que vous êtes favorable à l’allègement des mesures de l’état d’urgence annoncé par le Chef de l’Etat ? Êtes-vous, d’accord avec le concept : apprendre à vivre avec le virus?
Vous savez, je n’attends pas de directives sur ma conscience. Évidemment, il faut faire attention de ce côté et tout faire pour se protéger les uns des autres. Mais aujourd’hui, au-delà des directives qui viennent du Chef de l’Etat et du Ministère de la Santé, si l’Afrique ne veut pas être plus impactée que ça, il faut qu’elle se remette au travail. Parce qu’au final, le Covid-19 n’a pas fait plus de morts que le Paludisme dans la même période. Donc ma seule réflexion est de se remettre au travail.
Dans le cadre du plan de résilience contre le Covid-19, il y a des fonds qui étaient prévus pour le secteur de la culture. Awadi a-t-il reçu sa part ?
Vous parlez de part, il faut aller voir le Ministère de la Culture pour avoir la réponse exacte. S’il y a une part pour le secteur culturel, je n’en ai pas reçu. Et si elle doit venir, on ne m’a pas avisé non plus. On ne m’a pas notifié cette aide. Donc je ne suis pas au courant de ça.
Parlons toujours de ces fonds qui ont généré une polémique, notamment sur l’octroi des marchés du riz et du sucre par le Ministre du Développement Communautaire Mansour Faye. Est-ce la personne idéale pour gérer cette responsabilité?
Je n’ai pas reçu cette information pour pouvoir y répondre. J’ai entendu des polémiques, mais comme je n’ai pas d’informations spécifiques, je ne vais pas m’épancher là-dessus. Je ne suis pas là pour déterminer les responsabilités que les uns et les autres doivent avoir à gérer. Ce n’est pas mon job. Je pense qu’en toute chose, il faut savoir humilité garder.
Après trois mois, quelle appréciation faites-vous de la gestion de cette crise sanitaire par l’Etat du Sénégal?
Je n’ai pas d’appréciation particulière. Tout ce que je dis, c’est que l’Etat est en train de faire un vrai job, avec les moyens qu’il a. Mais ma seule position, c’est : ne sombrons pas dans la dictature de la peur, n’acceptons pas la mondialisation de la peur. Parce qu’aujourd’hui, tout le monde panique, tout le monde fait ce qu’on lui demande de faire sans réfléchir. Il faut réfléchir à tout. Et aujourd’hui, on a besoin de travailler pour ne pas tendre la main demain. Moi je suis un entrepreneur, c’est ça ma conviction. Je n’attends pas forcément les aides, mais je dis que si on cède à la peur, on ne va pas travailler. Le gouvernement fait ce qu’il a à faire. Mais nous, notre job, c’est de nous mettre au travail, quel que soit le domaine dans lequel on est. Aujourd’hui, la nouvelle politique de communication devrait être celle qui dit : enlevons la peur de notre esprit, mettons-nous au travail et respectons les gestes barrières. Les Chinois le font, ils ont eu beaucoup de problèmes comme la grippe aviaire, mais ça ne les empêche pas de rester première puissance ; donc il faut tirer des enseignements.
Les cours vont reprendre le 02 juin pour les classes d’examen, est-ce qu’il n’est pas risqué pour les parents de laisser leurs enfants aller affronter le virus ?
Oui, il faut reprendre les cours en respectant les mesures barrières. Parce qu’après tout, la vie doit reprendre. On ne peut pas succomber à la peur. Il faut qu’on apprenne à vivre avec ces genres de pandémie qui vont venir et revenir. Puisqu’on sait que ce genre de virus existe. On a vécu ça avec la grippe aviaire, avec Ebola. Mais également avec le Sida et le Paludisme. Est-ce que l’Afrique en est morte ? Non je pense ; parce qu’elle sait gérer ce genre de maladie.