VIDEOL'AIDE QUI TUE LE DÉVELOPPEMENT
En 1960, la Corée du Sud était plus pauvre que le Kenya. Aujourd'hui, elle est la 10ème puissance mondiale. Pendant ce temps, l'Afrique s'enlise malgré des décennies d'assistance. Quid de l'efficacité de l'aide au développement

Après plus de six décennies d'assistance internationale, l'Afrique reste enlisée dans la pauvreté alors que d'autres continents ont réussi leur décollage économique avec moins de ressources.
L'exemple est frappant : en 1960, la Corée du Sud était plus pauvre que le Kenya. Cinquante ans plus tard, elle est devenue la 10ème puissance économique mondiale avec un PIB par habitant multiplié par 270. À l'inverse, le Gabon, dix fois plus riche que la Corée du Sud en 1970, affiche aujourd'hui un taux de pauvreté de 35%, victime de sa dépendance aux matières premières.
Même constat avec Singapour et la Côte d'Ivoire : en 1970, l'économie ivoirienne surpassait celle de la cité-État (2 340 dollars de PIB par habitant contre 926). Aujourd'hui, les positions se sont totalement inversées. Singapour a misé sur le capital humain quand la Côte d'Ivoire est restée prisonnière de l'exportation de cacao et de café.
Ces 18 dernières années, l'Afrique a perçu 805 milliards de dollars d'aide publique au développement - quatre fois le montant du plan Marshall qui a reconstruit l'Europe après 1945. Paradoxalement, le nombre de pauvres a augmenté sur le continent, qui concentre désormais 75% des personnes démunies de la planète.
La corruption explique en grande partie cet échec. Au Nigeria, 55 personnalités ont détourné 6,7 milliards de dollars entre 2006 et 2013. Le président Sani Abacha avait à lui seul siphonné 5 milliards entre 1993 et 1998, soit 1,5% du PIB national.
Pour les experts, les recettes du développement ne sont plus un mystère : investissement massif dans l'éducation et la technologie, gouvernance transparente, industrialisation locale. "De bonnes réformes, 15 à 25 ans, tout un pays peut se transformer", assure un consultant en stratégie.
Le problème n'est donc pas technique mais politique : tant que les élites africaines privilégieront leurs intérêts privés à ceux de leurs populations, l'aide continuera d'alimenter les paradis fiscaux plutôt que le développement.