ON NE JOUE PAS AVEC LE SACRÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Le voile n’est pas un accessoire, ce n’est pas une expérience parmi d’autres et ce n’est vraiment pas une case que l’on coche, que l’on efface ou que l’on remplace. La foi n’est pas un parcours Instagram, ni un business de saison

Il y a des décisions intimes que chacun traverse dans le secret de son âme.
Des silences, des luttes et des contradictions que nul ne peut sonder hormis Celui qui voit les cœurs et c’est pourquoi la bienveillance, la retenue ainsi que la prière pour l’autre restent toujours des réflexes nobles et conformes à l’esprit de l’islam. Mais il est un point où le silence devient complice et où la neutralité devient trahison. Lorsqu’un choix individuel, même douloureux, se transforme en étendard public, en message diffusé et en modèle exhibé, alors ce choix cesse d’être neutre. Il devient influence, il devient direction, il devient message.
Le voile n’est pas un accessoire, ce n’est pas une expérience parmi d’autres et ce n’est vraiment pas une case que l’on coche, que l’on efface ou que l’on remplace. C’est l’aboutissement d’un cheminement, la maturation d’un mouvement intérieur lent mais profond, qui mène à un point où il (le voile) n’est plus une option mais une nécessité. Il s’impose à nous non par contrainte extérieure, mais par urgence du cœur.
On s’y attache parce que notre âme cherche refuge, parce que nos convictions mûrissent et parce que l’appel divin devient trop pressant pour être ignoré. C’est pourquoi celles qui se voilent pour des raisons étrangères à ce cheminement pourraient rencontrer dans le cheminement, des vents contraires.
Le voile, lorsqu’il est mis sans racine, peut glisser facilement mais lorsqu’il naît d’un besoin spirituel, il s’enracine dans l’âme et y prospère.
C’est une prescription divine, un acte d’adoration et une posture spirituelle.
Allah (swt) dit dans le Coran :
« Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Et qu’elles rabattent leur voile sur leur poitrine... »
(Sourate An-Nûr, 24:31)
Et ailleurs :
« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles. C’est le moyen le plus simple pour qu’elles soient reconnues et qu’on ne les offense pas. »
(Sourate Al-Ahzâb, 33:59)
L’enfiler n’est pas une mise en scène et le retirer n’est pas un simple geste.
Et lorsqu’on a dit publiquement que ce voile nous a transformée, élevée, protégée, qu’il nous a rendue meilleure, alors on a donné à ce symbole une portée profonde, le renier ensuite dans l’insouciance, dans l’exhibition, dans l’insolence du geste... c’est renier publiquement ce qu’on avait sanctifié.
On peut faiblir, on peut tomber et on peut douter. Et pour cela, personne n’a le droit d’insulter, de mépriser ou de lapider, mais ce que l’on ne peut faire, c’est travestir l’égarement en victoire, ce que l’on ne peut accepter, c’est de danser sur le seuil qu’on a franchi, comme si le sacré ne valait rien.
Précisons-le avec justesse, ce message ne condamne pas l’acte en soi de retirer le voile, aussi douloureux et regrettable mais la spiritualité en islam ne se réduit jamais à l’apparence, elle est d’abord une affaire de cœur, un secret entre l’âme et son Seigneur.
Et pour cela nous ne pouvons que prier, espérer et accompagner avec humilité et pudeur. Mais ce que nous interrogeons ici, c’est le spectacle qu’on en fait.
Ce n’est pas la défaillance que l’on déplore, c’est l’insouciance triomphante
Ce n’est pas la chute que l’on juge, c’est la célébration de cette chute.
Lorsqu’un choix intime devient un festival d’images, de mots, de danses et de gestes qui exposent et banalisent un recul spirituel, alors oui, il devient légitime de parler. Pas pour blâmer, mais pour rappeler, pas pour humilier, mais pour protéger ce qui reste sacré.
Et n’oublions jamais :
« Satan est pour vous un ennemi, prenez-le donc pour ennemi. Il ne fait qu’appeler ses partisans pour qu’ils soient des habitants de la Fournaise. »
(Sourate Fâtir, 35:6)
Satan est constant, il ne faiblit pas et il est loyal dans son objectif qui est de détourner l’homme de son axe, de l’éloigner de sa direction vers Allah (swt). Il n’a ni lassitude, ni distraction, ni relâchement car a prêté serment de perdre l’Homme et il respecte ce serment avec une rigueur glaçante.
Il se poste sur notre voie, il nous guette de tous côtés ET pendant que nous hésitons, que nous relativisons et que nous jouons avec le sacré, lui avance déterminé.
Il dit :
« Puisque Tu m’as mis en erreur, je m’assoirai pour eux sur Ton droit chemin. Ensuite, je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche. Et Tu ne trouveras pas la plupart d’entre eux reconnaissants »
(Sourate Al-A‘râf, 7:16-17)
« Je jure par Ta puissance ! Je les séduirai assurément tous, sauf Tes serviteurs élus parmi eux. »
(Sourate Sâd, 38:82-83)
Il faut que ce soit dit :
On ne peut pas déclarer son amour à ALAH (swt) et s’abandonner aux bras de ce qui le renie.
On ne peut pas bâtir un message d’espérance autour d’un acte d’adoration, puis le piétiner sans vergogne comme s’il n’avait jamais compté.
L’âme n’est pas un théâtre aux rôles interchangeables. Il y a des choix qui engagent, et des engagements qui méritent du respect, même quand on n’en est plus digne parce que ce n’est pas de nous qu’il s’agit, c’est de Dieu le tout puissant.
Alors oui, faisons preuve de douceur, de prière et d’humilité, mais n’appelons pas lumière ce qui est confusion et surtout n’appelons pas force ce qui est désinvolture.
La foi n’est pas un parcours Instagram, ce n’est pas un business de saison, ce n’est pas un slogan que l’on vend le jour et que l’on rejette la nuit.
C’est une route exigeante, belle, droite, parfois escarpée mais toujours sacrée.