PROMOTION DE LA CREATIVITE ET DES SAVOIRS AFRICAINS
Le cora veut une restauration de la liberté intellectuelle de l’Afrique

Regroupant plus de 100 intellectuels du continent, le Collectif pour le Renouveau Africain (Cora) entend impulser une nouvelle dynamique des imaginaires africains. Ainsi Boubacar Boris Diop, Pr Abdoulaye Bathily, Pr Théophile Obenga, Dr Ndongo Samba Sylla pour ne citer que ceux-là ont entamé une série de débats sur des thèmes relatifs à la souveraineté africaine.
Le rôle et la responsabilité des intellectuels africains ; l’Afrique dans le désordre mondial ; l’actualité du panafricanisme ; repenser le développement économique de l’Afrique à travers et au-delà de la Covid-19 ; le rôle des langues africaines dans la transformation sociale ; exploiter le potentiel de la science, de la technologie et des savoirs endogènes. Tels sont entre autres les thèmes qui sont débattus par le Cora depuis quelques jours.
Spécialistes des sciences sociales et naturelles, historiens, écrivains, médecins et artistes du continent, pour ces intellectuels en effet, le défi de l’Afrique n’est rien moins que la restauration de sa liberté intellectuelle et de sa capacité à créer sans lesquelles aucune souveraineté n’est concevable. Il s’agit, font-ils savoir, de rompre avec l’externalisation de ces prérogatives souveraines, de renouer avec les configurations locales, de rompre avec l’imitation stérile, d’adapter la science, la technologie et la recherche africaines et importées à son contexte. Ils signalent aussi qu’il faudra élaborer des institutions sur la base de ses spécificités et de ses ressources, d’adopter un cadre de gouvernance inclusif et un développement endogène, de créer de la valeur sur place afin de réduire la dépendance systémique de l’Afrique.
Conscients des défis qui attendent l’Afrique, le Cora estime à travers un communiqué qu’il encouragera une culture de solidarité, d’échange constructif et de participation active parmi les intellectuels africains. ‘’Il produira des recherches de qualité et recommandera des résultats, tout en soutenant leur mise en œuvre. Le collectif jouera également un rôle de sentinelle en ce qui concerne la situation actuelle du continent africain et de ses institutions. Il soutiendra des changements significatifs en mettant à disposition des idées novatrices et des connaissances spécialisées au service des populations africaines’’, renchérit-il. Ils trouvent aussi que de façon plus urgente, les connaissances issues des savoirs endogènes pourraient aider à recentrer l’action de l’État et des populations en fonction des priorités et des intérêts du continent.
Dans le même ordre d’idées, Dr Amy Niang, membre fondateur de ce collectif, rappelle pour sa part que la plupart des États d’Afrique jouissent d’une indépendance formelle depuis plus de soixante ans, sans aucune souveraineté réelle sur les structures économiques, l’utilisation de leurs ressources, les termes de l’échange dans l’économie mondiale, et donc la possibilité d’offrir des conditions de vie décentes à leurs populations. ‘’L’Afrique ne pourra retrouver l’initiative politique que lorsque ses ressources matérielles, intellectuelles et culturelles ne seront plus dilapidées pour soutenir le développement des autres, mais plutôt investies dans la construction de sociétés égalitaires, saines et dignes. Nous appelons donc à une seconde indépendance’’, préconise-t-elle.
Rappelons que l’année dernière, le Cora avait publié une lettre ouverte dans laquelle il exhortait les dirigeants du continent à utiliser la crise ouverte par la pandémie du coronavirus comme une occasion de susciter un “changement radical”. Et Au-delà de cette lettre ouverte, il a pris l’engagement aussi de rassembler les ressources intellectuelles de l’Afrique en vue de la promotion de réflexions qui stimulent le progrès et soutiennent une autonomie concrète. Une autonomie construite sur la capacité des Africains à penser par eux-mêmes, à décider de leur propre modèle de développement, à déterminer leurs formes de gouvernance et définir les modalités de leur présence dans le concert des nations.