BUDGET RECTIFICATIF ADOPTÉ
L'État sénégalais fait face à un défi budgétaire de taille avec un besoin de financement additionnel de 1 141,7 milliards FCFA. La dette publique pèse désormais 4,9% du PIB, contraignant le gouvernement à réviser ses ambitions

L'Assemblée nationale a adopté samedi 28 juin la Loi de finances rectificative (LFR) 2025 par 126 voix pour, 11 contre et 2 abstentions sur 139 votants. Ce budget révisé traduit une approche plus réaliste des capacités financières du pays, marquée par une révision à la baisse des principales projections économiques.
Le taux de croissance du PIB a été révisé à 8,0% contre 8,8% initialement prévu dans la loi de finances initiale, soit un ajustement de 0,8 point de pourcentage. "Cette révision maintient néanmoins un objectif de croissance ambitieux, avec une croissance hors hydrocarbures estimée à 3,8%", a souligné le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba.
Le PIB nominal subit également une correction significative, passant de 22 597,7 milliards FCFA à 21 690,5 milliards FCFA, soit une contraction de 907,2 milliards FCFA (-4,0%). Cette révision a des répercussions directes sur les prévisions de recettes de l'État.
Les recettes du budget général s'établissent désormais à 4 794,6 milliards FCFA contre 4 668,9 milliards initialement prévus, soit une baisse de 125,7 milliards FCFA (-2,6%). Le taux de pression fiscale est projeté à 18,9% du PIB, contre 19,3% dans la loi de finances initiale.
Du côté des dépenses, le budget général affiche 6 395,1 milliards FCFA contre 6 364,8 milliards FCFA prévus initialement, soit une légère réduction de 30,3 milliards FCFA (-0,5%). Cependant, le déficit budgétaire se creuse, passant de 1 600,4 milliards FCFA (7,08% du PIB) à 1 695,9 milliards FCFA, soit 7,82% du PIB. Cette dégradation représente 95,5 milliards FCFA supplémentaires en valeur absolue (+6,0%).
"Ces ajustements, bien que contraignants, traduisent notre volonté de maintenir un équilibre entre réalisme budgétaire et ambition de développement", a défendu le ministre Cheikh Diba. Le gouvernement s'engage fermement à revenir progressivement vers la cible de déficit communautaire de 3% du PIB à moyen terme.
L'explosion des charges de la dette
L'un des défis majeurs de cette rectification réside dans la gestion de l'augmentation substantielle des charges financières sur la dette publique. Ces dernières ont presque doublé, passant de 932,08 milliards FCFA dans la loi de finances initiale à 1 057,1 milliards FCFA dans cette rectification, représentant désormais 4,9% du PIB.
"Cette évolution, directement liée à la révélation de la dette réelle de l'État, illustre l'ampleur des ajustements nécessaires et justifie pleinement notre démarche de transparence et de responsabilisation", a expliqué M. Diba.
Le besoin de financement additionnel s'élève à 1 141,7 milliards FCFA par rapport à la loi de finances initiale, portant le besoin de financement global à 5 715,54 milliards FCFA.
La structure des investissements connaît également un réajustement significatif. Les investissements financés sur ressources extérieures passent de 3,26% du PIB dans la loi de finances initiale à 6,22% du PIB dans cette LFR. Cette hausse est compensée par une contraction des dépenses d'investissements financées sur ressources internes, qui chutent de 5,3% à 2,7% du PIB.
"Cette réorientation reflète notre volonté d'optimiser l'utilisation de nos ressources tout en maintenant un niveau d'investissement public soutenu", a conclu le ministre des Finances et du Budget.
Ce nouveau cadrage budgétaire illustre les défis auxquels fait face le Sénégal pour concilier ambitions de développement et contraintes financières, dans un contexte de révélation progressive de l'ampleur réelle de l'endettement public.