COMMENT L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE POURRA SE REMETTRE DE LA COVID-19
Le rapport Africa’s Pulse souligne aussi que la reprise économique dépendra de l’ampleur des réformes engagées par les pays pour soutenir la création d’emplois, encourager les investissements et accroître la compétitivité

La Banque mondiale a publié hier son rapport Africa’s Pulse qui évalue périodiquement la situation économique du continent africain. Pour ce numéro, l’institution financière internationale s’est intéressée à la récession que traverse particulièrement l’Afrique subsaharienne, non sans donner les clés pour une bonne reprise économique.
«COVID-19 : l’avenir du travail en Afrique et le nouveau paysage numérique». Tel est l’intitulé du rapport trimestriel de la Banque mondiale qui note que de nombreuses économies d’Afrique ont pu résister à la tourmente provoquée par la pandémie de COVID-19 grâce à la conjonction de plusieurs facteurs. Notamment au fait que le virus s’est propagé plus lentement que prévu et a fait moins de victimes que dans le reste du monde, indique l’étude. Qui ajoute que cela tient aussi à la bonne tenue de la production agricole et au redressement plus rapide qu’attendu des cours des matières premières.
Le rapport Africa’s Pulse souligne aussi que la reprise économique dépendra de l’ampleur des réformes engagées par les pays pour soutenir la création d’emplois, encourager les investissements et accroître la compétitivité. «La résurgence de la pandémie fin 2020 et un appui budgétaire supplémentaire limité vont obliger les responsables politiques à mener une rude bataille pour continuer de consolider la croissance et améliorer les moyens de subsistance des populations », lit-on dans le document de la Banque mondiale. Il souligne aussi que les autorités doivent mettre en œuvre des réformes ambitieuses qui permettront d’accompagner la création d’emplois, d’encourager une croissance équitable, de protéger les personnes vulnérables et de préserver l’environnement.
LA CROISSANCE DU PIB REEL POUR 2022 EST ESTIMEE A 3,1%
Il faut relever en outre que les prévisions de croissance pour la région tablent sur une progression comprise entre 2,3 et 3,4% en 2021, en fonction des politiques adoptées par les pays et la communauté internationale. Et à en croire le rapport dont «L’AS» détient une copie, avec un taux d’infection d’environ 40% supérieur à celui de la première vague, la deuxième vague de coronavirus risque de tirer ces prévisions vers la fourchette basse.
La croissance duPIBréelpour2022est ainsi estimée à3,1%.Il est également établi que dans la plupart des pays de la région, le niveau d’activité à la fin de l’année2021sera bien inférieur aux prévisions établies avant la survenue de la pandémie. Une situation qui, note-t-on, risque d’aggraver les conséquences négatives durables de la crise sanitaire sur le niveau de vie des habitants. «Les pays d’Afrique subsaharienne ne bénéficieront pas tous de la même dynamique de reprise. Les économies pauvres en ressources naturelles, comme la Côte d’Ivoire et le Kenya, et dans les économies dépendantes de l’extraction minière, comme le Botswana et la Guinée, devraient enregistrer un rebond solide en 2021, à la faveur d’une reprise de la consommation et des investissements privés portée par le retour de la confiance et d’une hausse des exportations », renseigne le document.
Pendant ce temps, en Afrique de l’Ouest et du Centre, la croissance s’est contractée de 1,1% en 2020, un résultat supérieur aux prévisions d’octobre2020, grâce à un fléchissement moins prononcé que prévu de l’activité au second semestre au Nigeria, la première économie de la sous-région. «Le PIB réel en Afrique de l’Ouest et du Centre devrait progresser de 2,1% en 2021 et de 3% en 2022 », précise le rapport. Dans la même veine, il est indiqué que les pays d’Afrique subsaharienne vont avoir besoin de financements importants pour des investissements dans le capital humain, l’énergie et les infrastructures numériques et physiques. Avec une pression croissante sur les bilans du secteur public, les besoins de financement concessionnels vont rester significatifs en 2021-2022, ajoute le rapport qui préconise que dans un contexte de confinement strict ou partiel, les gouvernements devront mettre l’accent sur des solutions numériques pour améliorer l’administration fiscale et la collecte des impôts plutôt que sur l’impôt lui-même. «Ils pourraient également rationaliser les incitatifs fiscaux et améliorer le ciblage des programmes d’investissements sociaux et publics», souligne le rapport.
L’ALLEGEMENT DE LA DETTE POUR UNE BONNE REPRISE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Le rapport Africa’s Pulse souligne également que l’allégement du fardeau de la dette permettra de dégager des ressources publiques pour investir notamment dans l’éducation, la santé et les infrastructures. «Les investissements en faveur du capital humain contribueront à atténuer le risque de dommages durables liés à la pandémie, dont la plupart se manifesteront à plus long terme, tout en stimulant la compétitivité et la productivité », indique le document. Il ajoute que les douze prochains mois seront décisifs pour permettre à la zone de libre-échange continentale africaine de jouer pleinement son rôle pour accélérer l’intégration des pays d’Afrique dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.
Non sans se réjouir du fait que plusieurs pays dans la région ont pris des mesures visant à renforcer la transparence et la gestion de la dette ainsi que la soutenabilité budgétaire, dans le cadre des mesures d’actions de politiques et performances associées aux Politiques de financement du développement durable. «Les pays ayant mis en œuvre de façon satisfaisante leurs PPA auront un accès intégral à leurs allocations IDA, et deviendront éligibles l’année suivante au ‘’front loading’’ et aux réallocations. Le centrage sur la transparence de la dette permettra aux décideurs politiques de prendre des décisions d’emprunt et d’investissement mieux informés, et d’appuyer des mécanismes de redevabilité au gouvernement», relève le rapport Africa’s Pulse.
ACTION DU GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE CONTRE COVID-19 : une enveloppe de 12 milliards de dollars destinée aux pays à faible revenu
La Banque mondiale, l’une des principales sources de financements et de connaissances pour les économies en développement, prend des mesures rapides et de grande envergure en vue d’aider ces pays à faire face aux conséquences sanitaires, sociales et économiques de la pandémie de COVID-19. A en croire le rapport Africa’s Pulse, une enveloppe de 12 milliards de dollars est notamment destinée à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à assurer l’achat et la distribution de vaccins, de tests et de traitements anti-COVID et à renforcer leurs systèmes de vaccination. Ces financements s’inscrivent, note-t-on, dans le cadre plus large de la réponse déployée par le Groupe de la Banque mondiale face à la pandémie, qui aide actuellement plus de 100 pays à renforcer leurs systèmes de santé, protéger les ménages les plus pauvres et installer les conditions propices à la préservation des moyens de subsistance et de l’emploi pour les populations les plus durement touchées.