«DAKAR A TOUT LE POTENTIEL POUR REUSSIR LE FORUM MONDIAL DE L’EAU EN MARS 2022»
Le patron du Conseil mondial de l’eau n’est pas à son premier séjour à Dakar. Et celui de ce mois de juin ne sera pas le dernier. Puisque Loïc Fauchon veut que Dakar gagne le pari de l’organisation de ce Forum gigantesque à tous les niveaux.

Loïc Fauchon, le président du Conseil mondial de l’eau (CME) est persuadé qu’il y aura un avant Dakar et un après Dakar du Forum mondial de l’eau prévu dans notre capitale du 21 au 26 mars 2022. Seulement voilà, en direction de cette échéance, le temps presse. Mars 2022, c’est demain. Dakar doit réussir son forum gigantesque puisque près de 15.000 personnes sont attendues dans notre capitale pour assister à ce grand événement. D’ores et déjà, environ 800 organisations internationales et nationales travaillent à la préparation du Forum. De nombreux chefs d’Etat, mais aussi de grands leaders politiques, près de 400 parlementaires sont attendus à Dakar. En mars 22, le Sénégal sera la capitale du monde. Loïc Fauchon est persuadé que Dakar a le potentiel technique et humain pour réussir son Forum.
Le patron du Conseil mondial de l’eau n’est pas à son premier séjour à Dakar. Et celui de ce mois de juin ne sera pas le dernier. Puisque Loïc Fauchon veut que Dakar gagne le pari de l’organisation de ce Forum gigantesque à tous les niveaux. Un brassage humain et organisationnel qui cherche à battre le record du dernier sommet de Brasilia en 2018 où près de 142 délégations ministérielles étaient présentes. « Pour le Sénégal, le Forum mondial de l’eau est une opportunité extraordinaire. Le Sénégal sera la capitale mondiale de l’eau. Toute notre ambition est permettre un débat riche et fécond sur les questions d’amélioration des conditions d’accès à l’eau partout dans le monde. L’image du Sénégal sera au centre du monde qui va recevoir autant la jeunesse, des leaders, des chefs d’Etat, des organisations. Bref près de 15.000 personnes » a indiqué Loïc Fauchon ce vendredi lors d’un entretien avec des journalistes.
Ce succès, le président du Conseil mondial de l’eau, le Français de Marseille est persuadé que le Sénégal pourrait l’engranger parce que, jusqu’ici, notre pays a montré à travers son comité local dirigé par l’ingénieur Abdoulaye Sène et surtout avec le soutien du président Macky Sall qu’il a un potentiel technique et humain pour relever ce grandiose pari événementiel. « L’engagement du président Macky Sall a été sans faille. Il y a cinq ans, lorsqu’il s’agissait de désigner le Sénégal pour abriter le Forum, il nous a demandé d’y aller. Immédiatement, il a pris toutes les grandes décisions pour matérialiser le Forum de Dakar. Certes, la pandémie de la covid-19 a beaucoup ralenti le processus. Le sommet devait se tenir en mars 2021. Mais nous pensons que le report a été aussi une opportunité puisqu’il nous a permis de mieux affiner les choses. Nous voulons désormais accélérer la cadence parce que mars 2022 arrive très vite. Nous présageons que, dans la capitale sénégalaise, nous aurons un avant-Dakar et un après Dakar parce que nous sommes convaincus que le Forum Dakar sera un énorme succès parce que les Sénégalais impliqués dans la préparation sont très compétents et que le Sénégal a une belle communauté de l’eau » indique Loïc Fauchon. L’ancien directeur du Groupe des Eaux de Marseille estime que le Sénégal doit exprimer ses capacités, en plus des succès enregistrés avec l’OMVS et d’autres réussites, à cette occasion. ’’C’est le monde entier qui va venir à Dakar pour participer au Forum mondial de l’eau, et il faut que le Sénégal puisse exprimer ses capacités, car il n’y a pas que l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) comme succès. Il existe beaucoup d’autres choses qui ont été faites à l’intérieur du pays.
Le Sénégal va recevoir le reste du monde et devra aussi s’inspirer des solutions faites en Inde et en Amérique du Sud et ’’les copier’’ selon M. Fauchon. Il dit avoir a donné l’exemple de l’OMVS au président d’Egypte, Abdel-Fattah Al Sissi, en lui disant que ’’le Sénégal n’a pas utilisé le fusil pour régler des problèmes liés à l’eau en accord avec ses voisins’’, allusion au différend entre l’Egypte et l’Ethiopie sur la gestion des eaux du Nil. Selon lui, le problème lié à la construction du barrage ’’Renaissance’’, en Egypte ne se réglera pas par les armes, mais par le dialogue entre le pays et ses voisins que sont le Soudan et l’Ethiopie.
Rôle de persuasion du Conseil mondial de l’eau
Le Conseil mondial de l’eau est structuré autour de 400 organisations membres et 60 pays répartis à travers les 5 continents. Le Conseil mondial de l’eau s’est donné pour rôle de convaincre les pouvoirs politiques locaux et internationaux à accroître les ressources en eaux et d’assurer un rééquilibrage de la disponibilité des ressources hydrauliques, a précisé le président Loïc Fauchon. ‘’Notre rôle est de convaincre les pouvoirs politiques à travers le monde, ceux internationaux comme l’ONU, la Banque Mondiale et les grandes agences, ceux nationaux, à travers les Etats mais aussi locaux, car les villes ont de plus en plus de responsabilités en matière d’eau’’, a notamment indiqué M. Loïc Fauchon. Il faut convaincre toutes ces organisations et toutes ces autorités, estime-t-il, parce que la quête de l’eau, la satisfaction des besoins hydriques et l’accès à l’eau relèvent d’une décision politique. Le rôle et le combat du Conseil mondial de l’eau se résument aussi à l’accroissement des ressources en eau et à une rationalisation de sa consommation.
Le président du Conseil mondial de l’eau a insisté sur la nécessité d’œuvrer pour rééquilibrer les ressources en eau, en produisant beaucoup plus d’eau et en consommant moins et mieux cette ressource. Surtout au moment où un Etat américain comme la Californie a soif actuellement et manque cruellement d’eau ! ‘’C’est cela l’enjeu du forum de Dakar, c’est-à-dire apporter des réponses concrètes aux populations qui vont résoudre les problèmes et non des discours’’, a encore analysé l’ancien directeur de cabinet du défunt tout-puissant ministre maire de Marseille, Gaston Deferre. Le président Loïc Fauchon s’est désolé du fait qu’il existe encore une inégalité dans la consommation d’eau dans le monde, en précisant par exemple qu’ « un Américain consomme 180 litres d’eau par jour et par personne, 150 à 180 litres pour un Européen et 20 litres pour un Palestinien ». Il a dans le même temps appelé à faire en sorte de combiner les progrès technologiques à celles politiques. ‘’Les solutions technologiques que sont le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées, les transferts d’eau sur de longues distances et le pompage profond sont maîtrisées et assez coûteuses parfois’’, a-t-il ajouté.
Quatre priorités pour le sommet de Dakar
Le Forum mondial de l’eau se déroulera autour de quatre priorités déjà définies par le pays hôte et le Conseil mondial de l’eau, selon Loïc Fauchon. Il s’agit de la « Sécurité de l’eau et sécurité sanitaire », « Coopération », « L’eau pour le développement rural » et « Outils et moyens ». Autrement dit de la sécurité de l’eau, de l’importance à donner aux solutions en milieu rural, des éléments d’une meilleure coopération internationale et des innovations pour l’eau dans les années à venir’’ selon Loïc Fauchon appréciant les thématiques. La ville de Diamniadio, dans le département de Rufisque, abritera les rencontres officielles. Des activités ’’Off’’ sont également prévues un peu partout dans la capitale et sa région.
L’eau est en souffrance et en danger dans le monde
Le président du Conseil mondial de l’Eau, Loïc Fauchon, tient d’ores et déjà à alerter sur ’’la souffrance’’ et ’’le danger’’ auxquels fait face cette denrée précieuse ’’partout dans le monde’’. ’’L’eau est en souffrance et en danger, à cause de l’homme qui la fait souffrir partout dans le monde’’, a-t-il dit dans un entretien accordé à des journalistes. Pour expliquer cette souffrance, Loïc Fauchon a cité en exemple la nouvelle crise de l’eau en Californie, aux Etats-Unis. Il a fait savoir que cet Etat, ’’le plus puissant’’ des Etats-Unis et qui renferme des villes comme Los Angeles, San Francisco, la Silicon Valley et plusieurs autres atouts ’’a soif et n’a plus d’eau’’. ’’Cet Etat est en déshérence hydrique, tout simplement parce que depuis un siècle, l’homme a abusé de l’eau, de son pouvoir sur ce liquide précieux en multipliant des usages concurrentiels avec la poussée des villes, les productions agricoles, l’industrialisation, sans se soucier de voir que les nappes phréatiques s’enfoncer et les rivières s’assécher vite’’, a précisé M. Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau depuis 2005. L’ancien maire de Trets, une ville voisine de Marseille, a souligné que cette situation n’est pas liée au dérèglement climatique, mais qu’elle résulte ’’de la démographie, de l’urbanisation sauvage, des pollutions que cela crée et de l’élévation des niveaux de vie avec des voitures qui consomment beaucoup d’eau’’. Selon Loïc Fauchon, cette crise de l’eau en Californie est ’’un exemple impressionnant et étonnant’’ qui doit faire prendre conscience tout le monde, ajoutant que ’’l’Angleterre, l’Inde, la France et le Brésil aussi traversent de graves crises de l’eau’’. Que dire alors dans ces conditions des pays du Sahel ?