DEUX ECONOMISTES DU FMI PRECONISENT TROIS MESURES DE PREVENTION
Dans une note d’alerte, deux économistes, Martin Mühleisen et Mark Flanagan, dressent la situation d’endettement dans le monde et proposent trois pistes pour se prémunir contre une crise de la dette.

Economistes au Fonds monétaire international (Fmi), Martin Mühleisen et Mark Flanagan, dans une réflexion conjointement publiée, proposent trois mesures afin de prévenir une crise de la dette dans le monde. Ils soulignent que la dette publique accumulée par les pays émergents se situe à des niveaux jamais atteints depuis la crise de la dette des années 1980.
Le rythme d’endettement noté dans certaines grandes économies du monde préoccupe des experts du Fonds monétaire international (Fmi). Dans une note d’alerte, deux économistes, Martin Mühleisen et Mark Flanagan, dressent la situation d’endettement dans le monde et proposent trois pistes pour se prémunir contre une crise de la dette. Ils notent que la dette publique accumulée par les pays émergents se situe à des niveaux « jamais atteints », depuis la crise de la dette des années 1980 et 40 % des pays à faible revenu (24 sur 60) présentent un risque élevé de surendettement, à savoir une incapacité à assurer le service de la dette publique. Ce qui pourrait fortement perturber l’activité économique et l’emploi de ces pays. Pourtant, Martin Mühleisen et Mark Flanagan soulignent que la question de la viabilité de la dette d’une poignée de pays à risque a suscité un vaste débat public. D’après ces deux économistes, ces niveaux de dette sans précédent ne constituent pas nécessairement un problème lorsque les taux d’intérêt réels sont très bas, comme c’est actuellement le cas dans de nombreux pays avancés. Ils peuvent, toutefois, rendre les États plus vulnérables à un durcissement des conditions financières mondiales et à une hausse des charges d’intérêt. Ils ajoutent que cette situation pourrait provoquer des corrections sur les marchés, de brusques fluctuations du taux de change et un nouveau ralentissement des flux de capitaux.
Evaluer l’incidence de nouveaux prêts sur l’endettement
A en croire ces économistes du Fmi, ce sont généralement les pays à faible revenu qui connaissent les problèmes d’endettement les plus graves et qui sont souvent les moins bien armés pour les résoudre. Pour eux, trois mesures prioritaires permettront de faire face à une éventuelle crise de la dette. Premièrement, Martin Mühleisen et Mark Flanagan estiment qu’il faut redoubler d’efforts pour garantir la viabilité financière des emprunts souverains. En effet, ils invitent les emprunteurs à établir soigneusement leurs plans de dépenses et de déficit budgétaire, afin que la dette publique conserve une trajectoire soutenable. Ils devraient aussi examiner de près les rendements potentiels de leurs projets et leur capacité à rembourser au moyen d’une augmentation des recettes fiscales avant de consentir un nouvel emprunt. Du côté des prêteurs, ils sont appelés à évaluer l’incidence de nouveaux prêts sur l’endettement de l’emprunteur avant de lui octroyer un crédit. Ce qui épargnera, aussi bien le prêteur que l’emprunteur, l’établissement d’accords qui seront source de difficultés financières pour les deux parties. Deuxièmement, les deux experts du Fmi soutiennent que tous les pays doivent accepter de rendre compte de leur dette publique de manière exhaustive et transparente même s’ils notent qu’il reste encore beaucoup à faire pour renforcer les institutions qui enregistrent la dette, la surveillent et la déclarent dans de nombreux pays en développement. Aux yeux de Mühleisen et Flanagan, améliorer la transparence des engagements au titre de la dette publique peut contribuer à prévenir l’accumulation d’engagements « cachés » considérables qui constitueront ultérieurement une dette explicite de l’État. La troisième et dernière mesure de prévention est relative à la promotion de la collaboration entre les créanciers officiels afin de traiter les cas de restructuration de la dette qui font intervenir des prêteurs non traditionnels. « Compte tenu de la dette élevée qui est détenue par de nouveaux créanciers, il convient de réfléchir à la manière de rendre efficace la coordination entre les créanciers officiels, si souvent indispensable à la résolution des crises de la dette », préconisent les deux économistes du Fmi.