DIOMAYE CHERCHE L'APPUI DE TRUMP
Le président doit convaincre son homologue américain d'intervenir pour le déblocage des 1,8 milliard de dollars suspendus par le FMI, tout en plaidant contre le travel ban qui menace les 30 000 Sénégalais vivant aux États-Unis

(SenePlus) - Du 9 au 11 juillet, Bassirou Diomaye Faye se rend à Washington pour participer à un format de rencontre sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir du président républicain américain. Aux côtés de ses homologues libérien, gabonais, mauritanien et bissau-guinéen, le dirigeant sénégalais prendra part à un "dialogue de haut niveau ainsi qu'à un déjeuner de travail" avec Donald Trump.
La situation financière critique du Sénégal constituera l'un des axes majeurs des discussions bilatérales. Avec une dette publique estimée à 111,4 % du PIB selon le FMI, le pays traverse une période particulièrement délicate. Selon une source diplomatique sénégalaise citée par RFI, Bassirou Diomaye Faye "devrait plaider pour que son homologue américain pèse de tout son poids sur les institutions de Bretton Woods et pour que le FMI lève la suspension de son prêt d'1,8 milliard de dollars bloqué depuis plus d'un an".
Cette suspension fait suite à "la découverte de manquements graves dans les données des comptes publics transmises par l'administration précédente", précise la radio française. Pour Dakar, ces décaissements représentent "une étape incontournable en vue de récupérer des marges de manœuvres budgétaires".
L'autre dossier sensible concerne la question migratoire. Le Sénégal figure parmi les 24 pays africains menacés d'un nouveau travel ban, une interdiction de voyage sur le territoire américain. Cette mesure potentielle s'explique par "l'interpellation de plus de 20 000 Sénégalais à la frontière mexicaine avec les États-Unis entre janvier et juillet 2024 - un chiffre dix fois plus élevé qu'il y a deux ans", selon un document du ministère américain de l'Intérieur cité par RFI.
L'enjeu est considérable pour le Sénégal, dont plus de 30 000 ressortissants vivent aux États-Unis. Leur contribution financière s'avère "vitale puisqu'elle est plus élevée que l'aide publique au développement", souligne une source diplomatique sénégalaise interrogée par RFI.
Cette initiative américaine s'inscrit dans une logique de repositionnement géopolitique. Selon RFI, Donald Trump cherche à "se positionner dans une région du monde où la Chine et la Russie se taillent la part du lion". L'administration américaine se dit "à l'écoute de [leurs] préoccupations et de [leurs] priorités" avec pour objectif de "nouer des partenariats" et de "promouvoir l'engagement économique et l'investissement du secteur privé".
Le format choisi témoigne d'une approche pragmatique : ces cinq pays, bien qu'ils ne comptent pas "parmi les géants démographiques du continent africain", possèdent tous "des ressources - en particulier dans leur sous-sol - qui intéressent au plus haut point le président américain", analyse RFI.
Pour Bassirou Diomaye Faye, cette visite représente une opportunité unique de défendre les intérêts sénégalais sur la scène internationale, particulièrement sur les questions cruciales de la dette et de la migration qui pèsent sur l'avenir économique et social du pays.