DUEL DANS UN CIEL AGITÉ
Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire subissent la reprise chaotique du trafic aérien. Abidjan domine encore par son envergure économique, mais Dakar se montre toujours plus ambitieux

Sans surprise, les chiffres ne sont pas bons pour les deux sociétés, comme ils ne sont pas bons pour le secteur aérien tout entier. « Le chiffre d’affaires est passé de 96 milliards de F CFA (146,5 millions d’euros) en 2019 à 45,7 milliards F CFA en 2020 », décrivait ainsi Laurent Loukou, directeur général d’Air Côte d’Ivoire, en février 2021.
Ibrahima Kane, directeur général d’Air Sénégal, décrivait lui une perte de 25 % du chiffre d’affaires en 2020 – celui-ci s’élevait à 49 milliards de F CFA en 2019. La faute à une fermeture globale de l’espace aérien sénégalais longue de plus de trois mois.
Dynamique : Air Côte d’Ivoire est encore devant
Née en 2019, la compagnie dakaroise arguait face à la crise d’une plus grande agilité financière, avec seulement un tiers de charges fixes, comme le rappelait l’an passé Ibrahima Kane à Jeune Afrique.
Air Côte d’Ivoire, de son côté, chasse la rentabilité depuis sa création en 2012. Le transporteur ivoirien s’endette notamment auprès d’Air France, chargé de la maintenance de sa flotte. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à s’appuyer sur son hub à l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Air Sénégal opère ainsi presque autant de dessertes – 21 destinations dont 18 hors du Sénégal, contre 28 destinations et 18 internationales pour sa concurrente –, mais Air Côte d’Ivoire opère plus de vols. Conséquence sur le nombre de passagers : Air Sénégal en transportait 495 000 en 2019, avant la crise, contre 761 000 pour la compagnie ivoirienne.
Aides publiques : les États mobilisés
Les deux gouvernements sont au chevet de leurs champions nationaux. Air Sénégal s’assoit sur le matelas de cash offert par Macky Sall, à travers un fonds de résilience de 45 milliards F CFA. Non seulement le gouvernement a mené à bien son augmentation de capital, prenant 49 % du pavillon, mais il a aussi injecté de l’argent frais pour assurer à sa jeune compagnie une trésorerie durable. Air Sénégal est donc amplement soutenue par les fonds publics, et continue à chercher un partenaire stratégique privé.