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EXPLOSIVE GÉOPOLITIQUE DU RIZ EN AFRIQUE

Pendant que certains pays s’essayent à l’autosuffisance, d’autres poursuivent d’importer des quantités au delà de leurs besoins

Financial Afrik  |   Adama Wade  |   Publication 11/11/2019

La forte croissance de la demande ouest-africaine en riz n’est pas couverte par la production locale. D’où le recours à l’importation du riz asiatique aux conséquences certaines sur les réserves en devises des pays concernés. Pendant que certains pays s’essayent à l’autosuffisance, d’autres poursuivent d’importer des quantités au delà de leurs besoins. 

C’était le 16 avril 2019. Un autodafé du riz supposé avarié était organisé à Abidjan, concluant, sous l’œil des médias, l’odyssée de l’OcéanPrincess. Ce navire battant pavillon hong-kongais et transportant du riz avarié de la Birmanie pour le compte de la société Olam était arrivé le 11 mars 2019 au port d’Abidjan, au terme d’un long détour qui l’a vu successivement interdit d’accès au port de Conakry le 18 novembre 2018 puis à celui de Lomé, le 16 janvier 2019. 

Dans ses cales, 18 mille tonnes de riz à la date de récolte inconnue et aux destinataires partiellement identifés. La marchandise sera d’abord déchargée à Abidjan de la plus normale des manières, entre le 11 et le 18 mars 2019 avant d’être bannie suite à un rétropédalage des autorités ivoiriennes sous la pression des associations des consommateurs et des médias. Le ministère ivoirien du Commerce s’empare du dossier. Le riz désormais «impropre» à la consommation sera détruit pour, dit-on, «non-conformité à la norme ivoirienne-Codex Stan 198- 1995 rendue d’application obligatoire par le décret n°2016-1152 du 28 décembre 2016», rappelle un cadre dudit ministère. Fin de l’histoire ? Non.

Ce n’était que le début. La cargaison indésirable destinée initialement aux Huileries de Guinée puis à un célèbre opérateur burkinabé et, enfin, à un intermédiaire ivoirien, n’a pas encore livré tous ses secrets. Cet intermédiaire ivoirien, réceptionnaire de la marchandise, n’est autre que Rami Khater, directeur général de la société Alimentation Toumodi, constituée le 28 janvier 2019 à Abidjan, soit bien après que la cargaison fut refoulée des ports de Conakry et de Lomé. Pour rassurer l’opinion publique, l’Etat ivoirien sanctionne Olam International Limited en sa qualité de vendeur et Alimentaire Toumodi, acheteur, par l’interdiction d’exporter ou d’acheter du riz pour une période de 12 mois. 

En réaction, Olam, conseillé par l’ Etude de Mes Théodore Hoegah et Michel Etté, porte le dossier devant le Tribunal du Commerce d’Abidjan et obtient gain de cause, le 15 mai 2019, suspendant la destruction de la marchandise déjà réalisée à plus de 62%. Mais le groupe asiatique sera débouté en appel le 13 juin 2019.

Contrôle du riz importé : désorganisation de la CEDEAO

Ces atermoiements entre Conakry, Lomé et Abidjan mettent en évidence l’importance d’une approche sousrégionale du contrôle de la qualité des marchandises entrant dans la zone CEDEAO. Comment des pays liés par un Tarif Extérieur Commun (TEC) peuvent nourrir tant de disparités dans les procédures et les normes fixant la qualité des marchandises alimentaires importées dans la communauté ? 

Pour rappel, l’Office national de contrôle de qualité guinéen dépendant du ministère du commerce avait dés le 19 novembre 2018 rendu un verdict estimant que le «Riz Blanc Birman» brisures qualité Superior «CIAO» était de qualité satisfaisante, «propre à la consommation». Une analyse confirmée par l’Institut national d’hygiène du Togo pour qui (déclaration du 30 janvier 2019), «les échantillons analysés sont de qualité d’hygiène et de sécurité alimentaire satisfaisante». Ces deux verdicts favorables rendus par des laboratoires ne résisteront pas à la pression des associations de consommateurs ou à des pressions diverses, révélant la frilosité des pouvoirs publics et la faible crédibilité des avis scientifiques sensés être rendus par les laboratoires dans la prise de décision. 

Situation d’autant plus paradoxale que ces deux avis rendus à Conakry et à Lomé seront infirmés par un laboratoire ivoirien agréé dans le cadre du programme de Vérification de conformité des marchandises à destination de la Côte d’Ivoire (VOC). Il s’agit de ce nouveau dispositif institué depuis le 16 juillet 2018, entrée en vigueur le 15 février 2019 et sensé contrôler toute marchandise à destination du pays avant le port d’embarquement. 

En effet, toute marchandise entrant sur le sol ivoirien doit exhiber un certificat de conformité délivré par des bureaux de contrôle (SGS, Bureau Veritas, Intertek International Limited et Cotecna) aux frais de l’importateur. En dépit de ce cordon sécuritaire, le navire OcéanPrincess a pu débarquer une partie de sa cargaison à Abidjan avant de se faire saisir. Ce cas spécifique témoigne de la forte pression des lobbys importateurs sur les marchés africains, notamment ouest-africains, premier importateur mondial de riz. 

Un marché mondial non régulé 

L’Afrique de l’Ouest importe en effet 5 millions de tonnes de riz blanchi pour compléter une production qui ne couvre que 60% des besoins. Les trois importateurs de riz de la région sont dans l’ordre le Nigeria (2 millions de tonnes), la Côte d’Ivoire (900 000 tonnes) et le Sénégal (700 000 tonnes) selon inter-reseaux.org. L’on imagine l’impact engendré sur les réserves de change de ces pays, le déséquilibre potentiel causé à la balance de paiement et la dangereuse dépendance de ces pays aux soubresauts internationaux.

Faut-il le préciser, le marché mondial du riz n’est pas régulé. Les pays exportateurs vendent leurs surplus et le font dans une logique de régulation de leurs propres marchés intérieurs. Les exportations mondiales de riz proviennent essentiellement de la Thaïlande, de l’Inde, du Vietnam, des Etats-Unis, du Pakistan et de la Chine. Ces 6 pays totalisent 85% de l’offre mondiale exportée. Les 15% restant sont le fait de l’Egypte, de l’Uruguay, de l’Argentine, de l’Australie, de Myanmar et du Cambodge. 

En face, les 6 importateurs qui ont pour nom l’Indonésie, le Nigeria, les Philippines, l’Iran, l’Union Européenne et l’Irak ne représentent que 40% des importations mondiales. A noter que la Thaïlande, les USA et le Pakistan exportent respectivement 30%, 36% et 59% de leur production domestique. Pour ces pays, le marché international est important. Au contraire du Vietnam, de l’Inde et de la Chine, qui exportent respectivement 10%, 3% et 1% de leur production. Pour ces pays, le marché local est plus important que l’export. Leurs volumes d’exportations sont sujets à des variations imprévisibles, ce qui n’est pas sans risque pour les pays dépendants dans un contexte de croissance de la demande mondiale plus forte que celle de l’offre.

Cette exposition ouest-africaine avait été mise en évidence lors de la crise des denrées de base en 2008 sous le double effet des restrictions à l’export introduites par les pays asiatiques et des spéculations orchestrées par certains fonds.

La bataille de l’autosuffisance alimentaire 

A bientôt dix ans de ce traumatisme, la dépendance ne semble pas s’être réduite. Certes, la plupart des pays ouest-africains ont engagé de coûteux programmes d’autosuffisance alimentaire mais sans grande coordination avec le voisinage immédiat et sans vision d’un marché intégré. En l’absence d’une coordination régionale robuste, les logiques nationales s’entrechoquent. Les importateurs réexportent leurs surplus vers les marchés voisins concurrençant un riz local désavantagé sur la qualité et le prix. Certains pays ont augmenté leurs importations de manière exponentielle. Ainsi, le Cameroun a vu ses importations de riz doubler passer subitement de 500 000 à 1 million de tonnes. Le Togo réexporte une partie de ses 400 000 importées dans le voisinage. Le Bénin voit transiter 1 million de tonnes par le port de Cotonou pour des écoulements qui vont vers le Nigeria. 

Face à cette avalanche, les États (presque tous) engagés dans des politiques de production locale, procèdent à des restrictions dont le cas le plus spectaculaire est la fermeture unilatérale, le 20 août 2019, de la frontière entre le Nigeria et le Bénin. En l’absence de concertation et de politiques agricoles communes, ces mesures dirigées envers les pays voisins freinent l’intégration régionale et les échanges sur d’autres produits et services. Le Nigeria qui a lancé son programme d’autosuffisance en riz en 2015 a (officiellement) vu ses importations chuter de 786 000 tonnes à 90 000 tonnes, cela bien que nombre d’organismes internationaux continuent à lui prêter un volume importé de riz blanc de l’ordre de 2 millions de tonnes. 

A l’inverse, le Bénin a vu ses importations augmenter au delà de ses besoins nationaux. Soumis à un taux de dédouanement de 12%, le riz béninois est réexporté vers le Nigeria pour compenser une demande toujours plus forte. Selon la National Institute of Statistics and Economic Analysis, les importations réceptionnées au port de Cotonou sont passées de 600 000 tonnes en 2010 à 1 400 000 tonnes en 2014, soit une valeur passée de 160 à 504 milliards de Franc CFA. Au delà de l’impact concurrentiel sur une production locale nigériane submergée par la demande, il y aurait un effet sur le naira vis-à-vis du Franc CFA.

Quand le riz déprécie le naira et fortifie le Franc CFA

En 2012, une unité nigériane s’échangeait entre 3,04 et 3,20 FCFA à l’achat. En 2018, un naira s’échangeait entre 1,42 et 1,72 Franc CFA, soit une dépréciation de l’ordre de 44,4 à 55,6%. En 2016, la monnaie nigériane s’était même dépréciée de 60% par rapport à la monnaie de l’UEMOA qui a avec elle l’avantage de la convertibilité et la garantie de la Banque de France. Le Niger a aussi pris la décision d’interdire la réexportation du riz, une mesure suivie par le Burkina Faso. Dans le fond, ces décisions unilatérales constituent des réponses légitimes mais inopérantes à notre avis contre la déferlante du riz asiatique subventionné (cas de la Thaïlande et du Vietnam) à la production et à l’export. Entre 2013 et 2017, quelque 70% du riz importé au Nigeria, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger, Togo, Burkina Faso et Ghana provenait de la Thaïlande et de l’Inde. Évidemment la production africaine ne peut pas concurrencer le riz asiatique. 

Seuls le Mali et la Tanzanie disposent d’une régulation solide depuis 15 à 20 ans, expliquant la couverture de leurs exportations à hauteur de 90%. Tout à l’inverse du Sénégal qui avait fixé l’atteinte de l’autosuffisance en 2017 mais aurait importé 1 050 000 tonnes de riz blanchi en 2018 selon des traders. La Côte d’Ivoire qui espère arriver à une production de 2 millions de tonnes de riz blanc en 2020 en a importé 1 400 000 tonnes l’année dernière, plus de deux fois les importations du Ghana mais, assurément, loin des 2 millions de tonnes du Nigeria. Bref, l’approche des Etats africains en matière de riz soufre de plusieurs incohérences ministérielles. Alors que le ministère des Finances y trouve ses comptes grâce aux collectes de différences taxes générées par l’importation, celui du Commerce y trouvant le moyen d’approvisionner le marché intérieur, l’Agriculture, enfant pauvre du système, en souffre et vient réclamer des subventions en plus pour soutenir une production locale non compétitive à cause de différents facteurs. Ces facteurs de non compétitivité sont liés, outre à la concurrence anarchique du riz asiatique subventionné, à un amont agricole mal géré, des engrais aux semences. 

Les importateurs misent sur le statu quo

La moyenne de 6 kilos d’engrais par hectare contre 100 kilos à l’optimum est particulièrement handicapante pour l’Afrique subsaharienne. «La chaîne de valeur des engrais n’est pas robuste, la délivrance des licences de ce produit étant destinée à une clientèle politique. La subvention des engrais est à repenser dans la sous région pour une meilleure productivité», analyse un expert. Reste à vaincre l’inertie d’un écosystème où les importateurs ont tout intérêt à préserver le statu quo en raison des marges générées. “C’est pourquoi quand Dreyfus investit 1,5 million de dollars dans la Compagnie Agricole de Saint-Louis (CASL), on a l’impression qu’il s’agit d’une opération de relations publiques envers les autorités sénégalaises”, ironise un fin observateur de la filière qui fait le rapport entre cet investissement annoncé tambour battant et les importations de Dreyfus, estimées, elles à 200 000 tonnes. Visiblement en souffrance, la CASL qui a bénéficié de concours économiques de la Banque Européenne pour l’Investissement (BEI) et de la Banque Africaine de Développement, a bien réussi à mettre la main sur des terres arables mais comme ce fut le cas pour Olam au Nigeria il y a quelques années, il faut se rendre à l’évidence : certains actionnaires de cette compagnie ont intérêt à maintenir le statu quo. Au Nigeria, il y a 15 ans, Olam qui s’était engagé sur 10 000 hectares avait fini par limiter ses investissements à 2 000 hectares. Tout comme Olam, d’autres acteurs s’activent pour maintenir leurs marges. Pourquoi changer quand le statu quo nourrit tout le monde ?

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