LA BANQUE MONDIALE VEUT MISER SUR LA GOUVERNANCE DES DONNEES
«Les données et leur place dans le développement», thème du rapport sur le développement dans le monde en 2021 de la Banque Mondiale va se pencher sur le potentiel de l’évolution du paysage des données pour améliorer les conditions de vie des pauvres.

Articulé autour du thème : «Les données et leur place dans le développement», le rapport sur le développement dans le monde en 2021 de la Banque Mondiale va se pencher sur le potentiel de l’évolution du paysage des données pour améliorer les conditions de vie des pauvres. Il s’agit pour l’institution financière internationale d’étudier l’apport des données dans le but d’améliorer considérablement les conditions de vie des pauvres dans les pays en développement, grâce à de meilleures politiques publiques, à la conception de programme et à la création d’emplois grâce à une croissance accrue du secteur privé
L’enjeu d’un tel rapport est de mettre la révolution des données au cœur de tout développement, particulièrement pour les populations pauvres des pays à revenus faibles et intermédiaires comme le Sénégal. Et pour y arriver, la Banque Mondiale va procéder au «filtre du développement». Ce système vise à savoir comment les données peuvent modifier le quotidien des 700 millions d’individus dans le monde qui vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins de 1,90 dollar par jour. Il s’y ajoute les 900 millions de personnes toujours privées d’électricité, dont la plupart n’ont pas accès à internet et dont les transactions économiques ne laissent que peu ou pas de traces numériques. Ce rapport va être rédigé en se plaçant du point de vue des décideurs de pays à faibles revenus. «Trop souvent, ceux-ci n’ont pas les infrastructures, les cadres juridiques et réglementaires ni les capacités institutionnelles pour installer un environnement adapté à l’essor d’une économie des données, voire faire en sorte que les innovations sous-tendues par les données aient une ampleur suffisante pour avoir des retombées économiques positives», relève la Banque Mondiale. D’autant que, rapporte l’institution, leurs voix ne sont pas toujours audibles dans les instances internationales où se forgent les règles mondiales de gouvernance régissant la nouvelle économie des données.
En effet, la première partie du rapport, renseigne la Banque Mondiale, va être consacrée à l’immense potentiel que représentent les données pour améliorer les conditions de vie des pauvres, à travers, d’une part, leur meilleure utilisation et leur réemploi au profit de programmes, de politiques et de services publics mieux conçus et, d’autre part, leur capacité à accroître l’efficacité des marchés et la création d’emplois en favorisant l’essor du secteur privé.
Pour réaliser ce potentiel, souligne l’institution de Bretton Woods, il faut d’abord repenser et restructurer en profondeur les systèmes de données, en particulier ceux qui sous-tendent l’utilisation des données produites par le secteur public. «Cette restructuration doit placer les données au cœur des processus d’élaboration des politiques et améliorer grandement le flux d’informations en vue d’une utilisation répétée par un large éventail de parties prenantes», indiquent les experts de la Banque Mondiale. Dans la seconde partie de leur rapport, il sera question des conditions qui, sur le plan de la gouvernance, du droit, de l’action publique et de l’infrastructure, sont nécessaires pour libérer le potentiel associé à l’utilisation et au réemploi des données tout en créant des mesures de sûreté qui réduisent le risque d’effets préjudiciables. Avec le rythme inédit de création de données et leur place de plus en plus grandissante dans notre quotidien, celles-ci ouvrent des promesses formidables de progrès.
Pourtant, et malgré leur essor inouï, constate l’institution financière, une grande partie de la valeur des données reste encore inexploitée. Les données, rappelle la Banque Mondiale, sont en général collectées par un agent dans un but spécifique. Une fois cette mission remplie, elles restent néanmoins disponibles pour une éventuelle réutilisation, laquelle est susceptible d’engendrer une valeur économique dans plusieurs domaines très différents de celui qui avait été anticipé au départ. Mais, relèvet-elle, de nombreux obstacles contrarient cette réutilisation bénéfique des données à savoir les incitations contradictoires à la désorganisation et l’incompatibilité des systèmes en passant par une défiance généralisée.