LA CAMPAGNE PIETINE, LES OPERATEURS HAUSSENT LE TON
Deux semaines après son lancement, la campagne de commercialisation de l’anacarde bat de l’aile dans le sud du pays. Toujours pas de navire, encore moins de conteneurs pour l’exportation du produit. Les opérateurs crient leur désarroi.

Deux semaines après son lancement, la campagne de commercialisation de l’anacarde bat de l’aile dans le sud du pays. Toujours pas de navire, encore moins de conteneurs pour l’exportation du produit. Les opérateurs crient leur désarroi.
Lancée le 18 mai à Ziguinchor lors d’un Comité Régional de Développement (Crd) présidé par le ministre du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises Aminata Assome Diatta, la commercialisation de l’anacarde ne décolle toujours pas dans la région de Ziguinchor. Les acteurs de la filière sont encore dans l’attente du navire et des containers devant assurer le transport du produit à partir du port de Ziguinchor. Cette situation irrite les opérateurs dont les magasins sont aujourd’hui submergés. «Rien n’est exporté, tout est dans les magasins. Actuellement, les magasins sont pleins.
On n’a plus d’espace pour stocker nos produits. Nous n’avons pas vu l’ombre d’un bateau, ni de containers», se désole Mame Birame Ndiaye, président de la section Unacois Jappo de Ziguinchor. Ce blocage a déjà commencé à coûter cher aux acteurs. Les prix ont commencé à dégringoler. «Au niveau bord champs, on était à 500 FCFA le kilogramme. Mais actuellement, celui-ci se situe entre 400 et 450 FCFA. A Ziguinchor, le kilogramme coûtait entre 540 et 550 FCFA ; aujourd’hui on est à 500 FCFA. C’est une catastrophe», s’alarme M Ndiaye.
Préoccupés par ce blocage qui peut engendrer des conséquences désastreuses sur leurs économies, les acteurs de la filière anacarde se sont mobilisés ce lundi (avant-hier) au port de Ziguinchor pour tirer la sonnette d’alarme. «Cette situation est en train de plomber l’économie de la région. Les producteurs souffrent, il n’y a plus d’espace pour stocker les noix, les prix sont en train de chuter et le pire est à craindre avec l’hivernage qui n’est pas loin. Si les pluies arrivent, ça sera l’hécatombe pour tous les acteurs de la filière. Parce que le produit n’aime pas l’eau », fulmine Dembo Diémé, porte-parole des opérateurs économiques qui demande aux autorités d’agir pour sauver la campagne. «Nous réclamons, dans les plus bref délais, un bateau. Nous exigeons même un bateau dans les 72 heures. Et nous interpellons le gouverneur, le commandant du port, la chambre de commerce d’industrie et d’agriculture de Ziguinchor, le Consortium Sénégalais d’Activités Maritime (Cosama). Ils sont les principaux responsables de ces difficultés que nous traversons, car leur mutisme est très troublant», ajoute-t-il.
Poursuivant son réquisitoire, le porte-parole des opérateurs économiques dit ne pas comprendre le monopole accordé au Cosama pour l’acheminement des noix d’anacarde. «D’autres Sénégalais qui ont des navires ont essayé de participer au transport du produit, mais ils ont été bloqués par les autorités pour laisser le monopole au Cosama qui, malheureusement, nous nuit plus qu’il nous sert », fulmine Dembo Diémé.
Selon les acteurs de la filière anacarde, la campagne a causé des dégâts. Pour sauver les meubles, arguent-ils, les autorités doivent prendre des mesures urgentes. «Nous demandons au gouverneur de lever la mesure interdisant le transport de l’anacarde par voie terrestre, via la Transgambienne. Même si c’est avec escorte, les opérateurs sont prêts à payer. On lui demande un peu de souplesse pour sauver la situation. Parce qu’on ne peut pas continuer à interdire le transport par la route alors qu’il n’y a pas de bateau», souligne Mame Birame Ndiaye de l’Unacois Jappo.
La campagne de commercialisation génère beaucoup de ressources dans le sud du pays. L’année dernière, environ 22 milliards Fcfa ont été enregistrés en termes d’exportation avec un total de 2.160 containers envoyés. Cette année, l’objectif, c’est de doubler les chiffres.