LA COVID-19 N’A PAS IMPACTE LES TRANSFERTS D’ARGENT DES MIGRANTS
Malgré la pandémie à covid-19, les migrants continuent toujours de soutenir l’économie de leurs pays de départ par des envois constants et solides.

Selon un rapport de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les transferts d’argent des migrants vers les pays à faible revenu sont restés intacts malgré la pandémie à coronavirus qui a fini de mettre à terre presque toutes les économies du monde entier. Mieux, les migrants ont envoyé 540 milliards de dollars vers leur différents pays pour l’année 2020.
Malgré la pandémie à covid-19, les migrants continuent toujours de soutenir l’économie de leurs pays de départ par des envois constants et solides. L’annonce est de la Banque mondiale qui, à travers un rapport sur les migrations et le développement, a révélé que « les transferts d’argent des migrants sont restés solides en 2020 en atteignant 540 milliards de dollars en 2020 ». Une constance qui s’explique, de l’avis du directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la Banque mondiale, par des envois de fonds des migrants par les mesures de soutien budgétaire dans les pays d’accueil, qui ont contribué à une conjoncture économique plus favorable qu’attendue, la généralisation des transactions par voie numérique plutôt qu’en liquide et le recours accru aux canaux formels, ainsi que par les fluctuations cycliques des prix du pétrole et des taux de change.
A en croire Michael Rutkowski, « le volume réel des transferts, formels et informels, est probablement supérieur aux données officielles, même si l’impact de la pandémie de COVID19 sur les flux informels est difficile à apprécier ». A en croire ledit rapport, les remises migratoires en faveur de l’Amérique Latine et des Caraïbes ont progressé de 6,5 %, contre 5,2 % pour l’Asie du Sud et 2,3 % pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Mais la situation inverse est observée dans les régions de l’Asie de l’Est-Pacifique avec moins 7,9 %, en Europe-Asie centrale (-9,7 %) et en Afrique subsaharienne (-12,5%).
L’effondrement des flux vers l’Afrique subsaharienne est pratiquement entièrement dû au plongeon de près de 28 % des envois destinés au Nigeria. Compte non tenu de ce pays, les remises migratoires vers l’Afrique subsaharienne ont démontré leur résilience, avec une hausse de 2,3 %. De l’avis de Michael Rutkowski, la bonne performance des transferts d’argent pendant la crise de la COVID-19 a également souligné l’importance de disposer de données actualisées. Dès lors, il convient d’améliorer la collecte de données sur les envois de fonds en termes de fréquence, de délais de notification et de granularité des informations sur les différents couloirs et canaux utilisés, face au poids grandissant de cette source de financement extérieur pour les pays à revenu faible et intermédiaire, lit-on dans ledit document.
Selon Dilip Ratha, auteur principal de la note et chef du programme Base de données sur les migrations et le développement (KNOMAD), « la résilience des remises migratoires est remarquable, sachant que cet argent contribue toujours plus à la survie des ménages». En outre, le rapport révèle qu’au moment où la COVID-19 exerce toujours un effet dévastateur sur les familles du monde entier, les remises migratoires confirmentleur rôle de planche de salut pour les populations pauvres et vulnérables. Il s’y ajoute que « les mesures d’accompagnement et les systèmes nationaux de protection sociale doivent continuer de favoriser l’inclusion de toutes les communautés, y compris les migrants».
«LES REMISES MIGRATOIRES VERS LES PAYS A REVENU FAIBLE ET INTERMEDIAIRE DEVRAIENT AUGMENTER DE 2,6 % EN 2021 ET DE 2,2 % EN 2022»
A en croire toujours les résultats du rapport de la Banque mondiale, dans la lignée du rebond attendu de la croissance mondiale en 2021 et 2022, «les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient augmenter de 2,6 % en 2021, à 553 milliards de dollars, puis de 2,2 % en 2022, à 565 milliards». Mais il convient de souligner que malgré les avancées significatives de la plupart des pays à revenu élevé sur le front de la vaccination, « le niveau d’infections au coronavirus reste élevé dans plusieurs grandes économies en développement, laissant planer une certaine incertitude concernant l’évolution des transferts de fonds».
Cependant, le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars reste élevé, à 6,5 % au quatrième trimestre de 2020, soit plus du double de la cible de 3% fixés dans les Objectifs de développement durable. Si l’Asie du Sud affiche les coûts les plus faibles (4,9 %), l’Afrique subsaharienne reste la région la plus chère, avec un taux moyen de 8,2 %. Le soutien apporté à l’infrastructure des remises migratoires et visant à préserver ces flux consiste notamment à agir pour réduire leurs coûts. Par ailleurs, le rapport révèle que le recours accru aux canaux formels du fait de la fermeture des frontières explique en partie la progression du volume des remises migratoires enregistrées par les banques centrales.