L’ACSIF DÉNONCE UN LOURD PRÉJUDICE
Le constat est fait depuis hier après le retour au calme au Sénégal. C’est la ruée devant les banques après plusieurs jours d’indisponibilité liée aux heurts qui ont suivi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme

Le constat est fait depuis hier après le retour au calme au Sénégal. C’est la ruée devant les banques après plusieurs jours d’indisponibilité liée aux heurts qui ont suivi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse par la Chambre criminelle, le 1er juin dernier.
Le préjudice est lourd, estime le président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif), Famara Ibrahima Cissé. Contacté par emedia, il relève pour s’en désoler que “les usagers des institutions financières ont vécu avec beaucoup de peine et de difficultés les manifestations survenues ces derniers jours.”
Et pour cause, souligne-t-il : “Des banques ont été caillassées, des banques ont fermé boutique.” Cissé en profite d’abord “pour dénoncer et condamner les saccages orchestrés contre certaines banques.” Parce qu’”en réalité, justifie-t-il, la banque ne perd jamais. Tous les dommages qui lui sont causés sont répercutés sous forme de frais, de pénalités ou d’intérêts sur les usagers qui ont ouvert des comptes.”
“C’est pourquoi, insiste-t-il, nous dénonçons avec la dernière énergie les saccages notés dans certaines banques.” Revenant sur le “lourd préjudice causé aux usagers”, il rappelle que ces derniers “n’ont pas pu accéder à leur compte pendant cette période” ni “opérer des transactions financières.”
Il s’y ajoute, regrette-t-il, “que le réseau internet a été suspendu. Donc, cela a fait qu’aucune transaction n’était possible.” Ce qui “a entraîné un lourd préjudice et des pertes énormes de vente.” Parce qu’aujourd’hui, dit-il, “nous sommes dans l’ère du télétravail, de la digitalisation et du numérique. Par conséquent, il y a ce que les banques ont initié notamment la banque en ligne. On pouvait rester chez soi, entrer dans son compte via smartphone ou son ordinateur et mener les transactions.” Malheureusement, “avec la suspension de la connexion, les usagers ne pouvaient n’y accéder physiquement à leur compte via les guichets automatiques, ni accéder à leur compte via les guichets des agences, ni accéder à leur compte via la connexion internet. Cela a entraîné des pertes de chiffres d’affaires”, se désole-t-il.
D’où son plaidoyer : “ Il faudrait que l’Etat comprenne que la boutique, le magasin et le point de vente ne sont plus physiques mais, plutôt virtuels. Les start up, les très petites et moyennes entreprises fonctionnent avec la connexion internet. Si l’Etat prend la décision de suspendre la connexion internet, c’est toute l’économie qui est suspendue. Donc, des pertes énormes ont été notées chez les utilisateurs de ces services parce que ne pouvant pas faire des commandes ou consulter le statut de leur commande et mener les transactions qui sied pour leur bénéfice, leur valeur ajoutée, leur chiffres d’affaires.”
Au moment où certaines agences opèrent un service minimum de 08 à 13 heures, d’autres agences sont jusqu’à présent fermées. Dans tous les cas, soutient Cissé : “La banque étant au coeur de l’économie, rien ne doit justifier ces fermetures d’autant plus que depuis 48 heures l’accalmie est revenue sur l’ensemble du territoire national. C’est pourquoi, nous les exhortons à l’approche de (la Tabaski prévue entre le 28 et le 29 juin prochains) à prendre des dispositions permettant aux agenciers de mener leurs actions et de satisfaire les besoins des usagers.”
Dans ce cadre, l’Acsif demande “à ce que les banques comme les usagers soient davantage sécurisés, que la digitalisation fasse l’objet de large consensus et de sensibilisation pour qu’en cas de manifestation que tout le monde puisse utiliser via internet l’outil numérique et que l’Etat ne s’aventure plus à couper ou à suspendre la connexion internet. C’est un droit universel. C’est un bien universel utilisé par tous les services parce qu’aujourd’hui nous parlons de télétravail pour pouvoir faire marcher l’économie de notre pays, faire rouler la roue économique.” Et, préconise à l’avenir, “que des assurances garantissent les biens des usagers en cas de manifestation, vol ou perte”, comme cela se fait ailleurs. “Il faudrait qu’on pense à cela très rapidement. Mais aussi que la connexion soit plus performante en cas de manifestation pour permettre aux utilisateurs d’effectuer ou d’opérer des transactions via la banque en ligne, faire en sorte que les gaps fonctionnent”, conclut son président.