LE DEVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE COMME ALTERNATIVE À LA PÊCHE
A cause de leur surexploitation, les ressources halieutiques se font de plus en plus rares au Sénégal.

A cause de leur surexploitation, les ressources halieutiques se font de plus en plus rares au Sénégal. Ainsi, l’Etat compte développer l’aquaculture, pour inverser la tendance. A cet effet, l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA) mise sur la multiplication des unités de fabrique d’aliment de poisson, pour atteindre les objectifs. La directrice générale de l’Ana, Téning Sène, en a donné un large aperçu, en marge de l’empoissonnement d’un bassin acquacole à Ndiéyène Sirakh.
La raréfaction des produits halieutiques est actuellement une réalité au Sénégal. Une situation qui peut avoir des conséquences sur la santé des populations. D’autant qu’elle les expose à une carence en protéine de poisson, fortement préjudiciable à la santé. Face à la surexploitation de la mer, certains spécialistes prônent le repose biologique comme seule issue. Mais force est aussi de constater que le développement de l’aquaculture constitue une bonne piste.
En effet, la demande nationale annuelle du Sénégal en poissons est de 350.000 tonnes et si l’aquaculture est véritablement boostée, sa contribution peut même atteindre les 26.000 tonnes, donc loin des 1.000 tonnes actuelles. Et pour développer ce secteur, l’Etat est en train d’accélérer la création de fabriques d’aliments de poisson. Selon la directrice générale de l’Agence nationale de l’aquaculture (Ana), Téning Sène, une enveloppe de 160 millions Fcfa a été dégagée par l’Etat du Sénégal en partenariat avec la Banque Africaine de développement (Bad) pour résorber le manque de nourriture pour les alevins. Cette enveloppe servira également à construire une fabrique d’aliments de poisson. Ténin Sène l’a annoncé à Ndiéyène Sirakh, dans département de Thiès, en marge de l’empoissonnement du bassin aquacole appartenant au promoteur privé Modou Thiaw, premier adjoint au maire de Ndiéyène Sirakh, avec l’introduction de 10.050 sujets.
A l’en croire, les fabriques d’aliments de poisson constitue un levier essentiel de production et c’est pourquoi, l’Etat du Sénégal s’est résolument engagé dans cette voie. Comme en atteste la fabrique de Ndiar, dont les activités vont bientôt démarrer, et qui est installé avec l’appui de ses partenaires. Elle renseigne par ailleurs qu’en plus de la fabrique deNdiar, une autre fabrique plus grande est prévue dans la région de Saint-Louis, pour un coût global de 300 millions de francs Cfa. Il s’y ajoute que le pôle aquacole de Sedhiou sera doté d’une fabrique financé dans le cadre du Budget Consolidé d’Investissement(BCI), sans compter celle de Fatick.
Avec ces unités note Mme Sène, le Sénégal va régler définitivement le problème de l’alimentation des alevins, qu’il est obligé actuellement d’importer. « Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour l’exploitation de ces fabriques en partenariat avec le secteur privé », martèle la Directrice Générale de l’ANA. Elle soutient que « la mise sur pied de ces fabriques au nord, au sud et au centre du pays, devrait résoudre le problème de manque d’aliments de poisson qui représente 65% des charges de la pisciculture, mais la difficulté est qu’il est importé, et le transport renchérit le coût de production ». Dans cette même optique, elle a encouragé les industriels de l’alimentation du bétail, à aller également dans le sens de la production d’aliment de poisson, « pour aider à la vulgarisation de l’aquaculture et à l’autonomisation de ses acteurs, à l’image de ce qui se fait dans l’aviculture ».
Dans ce sillage, elle a mis une tonne d’aliment à la disposition de la ferme piscicole de Modou Thiaw et c’est, à ses yeux, une façon d’encourager les sénégalais à investir dans ce secteur de la pisciculture. « L’ANA aide ainsi à promouvoir une activité économique que connaissent peu de sénégalais, la pisciculture, l’élevage des poissons, un secteur d’importance pour le Plan Sénégal émergent», soutient Mme Sène qui pour qui, il s’agit d’une activité plus que rentable. D’autant plus dit-elle, le poisson-chat cultivé dans la ferme de Modou Thiaw a une forte valeur marchande et quand il est séché, il peut même être cédé à 8.000 Fcfa le kg. Pour toutes ces raisons, elle indique que l’ANA veut faire en sorte que ce sous-secteur de la pêche puisse générer 35 milliards de francs Cfa par an, pendant une décennie, et créer 20 mille emplois, au-delà de la contribution à la souveraineté alimentaire.