LE DUR REQUISITOIRE DU MAIRE DE PAMBAL CONTRE LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Selon Cheikh Mbacké Dione, ces industries sont responsables de la dégradation de l’environnement, car elles exploitent les ressources depuis les années70, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre

Le week-end dernier, au cours d’une opération de reboisement organisée par la commune de Pambal, en collaboration avec l’agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte, les industries extractives ont fait l’objet de nombreuses accusations. Selon le maire Cheikh Mbacké Dione, ces industries sont responsables de la dégradation de l’environnement, car elles exploitent les ressources depuis les années70, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre.
La commune de Pambal a effectué le week-end dernier une opération de reboisement dans ses zones minières. Une occasion pour son maire Cheikh Mbacké Dione d’accuser les industries extractives de dégrader l’environnement de la zone. Il estime que des industries minières viennent dans leurs localités pour exploiter le phosphate et d’autres matières premières. Mais après leur exploitation, elles s’en vont tranquillement, sans aucun réaménagement. C’est ainsi que plus de 60%des terres de Pambal, de Chérif Lô et de Mont-Rolland sont actuellement dans un très mauvais état. Depuis les années 70, dit-il, ces industries évoluent dans la zone, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre. «Notre souhait est que le président de la République ou le ministre des Mines vienne constater de visu l’état de dégradation de l’environnement, causé par ces industries extractives», dit l’édile de Pambal.
En tout cas, la commune de Mont-Rolland, en collaboration avec les populations et l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte, a déjà porté le combat de la reforestation en lançant une opération de reboisement. Selon le maire Cheikh Mbacké Dione, la mise en œuvre de ce programme s’étale sur une période de 3 ans.
Son objectif est de réhabiliter les 1 500 hectares abandonnés par les industries extractives et que les paysans ne peuvent exploiter pour leurs activités agricoles. Il soutient que le directeur de l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte, Haïdar El Ali, partage ce combat. «C’est ainsi qu’il est venu passer la journée avec les populations, pour participer à la plantation de 5 000 arbres. La commune a d’ailleurs saisi l’occasion pour signer une convention de partenariat avec l’Agence d’une durée de 5 ans, pour faire en sorte que le site retrouve toute sa verdure des années 1950. C’est bien de construire des logements sociaux, d’opérer des lotissements, mais ces initiatives risquent d’être vouées à l’échec, devant les caprices de la nature. Chaque fois que la nature nous fait subir ses caprices, il y a d’énormes dégâts causés. Donc avant de penser aux logements, il faut d’abord penser à la préservation de l’environnement », dit le maire. Il considère qu’il doit exister au moins une pépinière dans chaque collectivité territoriale, pour que les populations puissent disposer régulièrement d’arbres à planter dans les maisons, les champs, les places publiques. Le site de reboisement est clôturé, avec un forage qui sera équipé avec l’appui de l’agence.
Pour lui, ces deux instruments et l’emploi qui sera créé permettront d’aller ensuite vers l’extension du projet.
HAÏDAR EL ALI DIRECTEUR DE L’AGENCE DE LA REFORESTATION : «SORTIR DU MODELE, JE PLANTE PARCE QU’IL PLEUT»
Pour Haïdar El Ali Directeur Général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte, l’acte est noble, d’autant plus que l’arbre donne la vie. Il poursuit : « Mais pendant longtemps, nous n’avons pas tenu compte de cela et c’est ainsi qu’il y a eu beaucoup de déboisements, avec comme conséquences le dérèglement du climat. C’est pourquoi les pluies ravinent les sols et elles ne sont plus régulières comme auparavant. » Il affirme qu’en termes de reboisement, il urge de sortir du modèle «je plante parce qu’il pleut». Il faut planter tout le temps, des plantes utiles dans les maisons, dans les forêts comme les citronniers, les anacardiers, les manguiers, les cocotiers, des avocatiers, etc. avec la garantie d’avance qu’ils seront entretenus et bien protégés. Il faut aller vers des plantes nourricières, des plantes médicinales, des plantes pour la biodiversité. Il a annoncé le projet de plantation de cocotiers sur 700 km, tout le long du littoral, de Saint-Louis à Cabrousse.
En effet, dit-il, c’est un arbre qui enrichit le sol et les populations, apporte de la plus value économique, donc un arbre économiquement et socialement très important. Il souligne que l’autre point fort qui assoit la pertinence du choix de cet arbre, c’est qu’il ne peut produire du bois, encore moins du charbon et personne ne va le couper pour chercher ces dérivés. Dans ce même cadre, un corridor sera ouvert avec le Maroc, pour la mise à la disposition du Sénégal, de palmiers dattiers. Selon Haïdar El Ali, l’environnement dans la zone de Mont-Rolland est catastrophique. C’est parce que des industriels très puissants viennent exploiter les richesses ; ils en tirent profit, mais ne rendent rien à la terre. Ils ne laissent que des cratères, des lieux dégradés et s’en vont avec les richesses. Le Sénégal a la chance d’avoir un président de la République très écolo et toutle monde se rappelle encore quand il a envoyé trois ministres, en l’occurrence ceux des Forces Armées, de l’Intérieur et de l’Environnement, pour lutter contre le trafic de bois. Il s’y ajoute ses différentes interventions avec le gouvernement gambien pour arrêter l’exportation du bois de vène vers la Chine.