«L’EMPRUNT EST UTILE, A CONDITION D’Y RECOURIR A BON ESCIENT»
Kristalina Georgieva, directrice générale du Fmi

(…) L’emprunt est utile, à condition d’y recourir à bon escient, pour financer des projets permettant de doper la productivité et d’améliorer le niveau de vie tel que la construction de routes, d’écoles et d’hôpitaux. Or, les possibilités d’emprunt sont devenues plus limitées dans cette région. Pourquoi ? Parce que les niveaux de la dette publique ont augmenté rapidement entre 2011 et 2016. Ils se sont depuis lors stabilisés autour de 55 % du PIB en moyenne.
Un vecteur essentiel de ce gonflement est l’emprunt aux conditions du marché, aussi bien dans le pays qu’à l’extérieur, qui représente actuellement près des deux tiers de la dette publique totale. Cela signifie que les pays se tournent davantage vers les investisseurs en obligations, les banques commerciales nationales et d’autres prêteurs non traditionnels. Cette réorientation vers un financement à des conditions non concessionnelles se traduit par plus de dépenses au titre du service de la dette et moins d’investissements publics dans le domaine social. Il est donc clair aux yeux de tous que les pays ne seront pas en mesure de réaliser les ODD en recourant seulement à l’emprunt, ce qui m’amène à l’approche équilibrée. Il faudrait donc augmenter les recettes publiques. Sur ce point, l’Afrique subsaharienne est à la traîne par rapport à d’autres régions. Selon nos estimations, la mobilisation des recettes est inférieure de 3 à 5 points de pourcentage aux revenus potentiels. (…)
Quant à l’équité, tous les pays doivent contribuer à l’élimination des niches fiscales qui ont un effet néfaste sur le développement, ce qui implique d’accélérer la réforme de l’imposition des sociétés au niveau international.(…)Il faut également renforcer la gestion de la dette publique. L’objectif est avant tout de renforcer la transparence en matière de dette en fournissant des données exactes, complètes et actualisées. Une meilleure gestion de la dette suscite la confiance des investisseurs, contribue au développement des marchés nationaux de capitaux et réduit le coût du service de la dette. (…)
Nous sommes profondément mobilisés : nous donnons des conseils sur les politiques à adopter et accordons un soutien financier aux pays, notamment sous la forme de prêts à taux zéro. Le «financement panaché», qui regroupe des dons, des prêts à des conditions concessionnelles et des prêts aux conditions du marché, peut en constituer un bon exemple.»