LES NATIONS UNIES PRÉDISENT UNE BAISSE DE LA CROISSANCE CETTE ANNÉE
Largement impactée par la pandémie de Covid-19, l’économie mondiale risque d’être de nouveau secouée par la crise ukrainienne

Dans un rapport publié à la suite d’une évaluation rapide des Nations unies sur l’impact de la guerre en Ukraine sur le commerce et le développement, la Conférence des Nations unies sur le commerce (Cnuced) annonce une baisse de la croissance économique mondiale de 3,6% à 2,6% pour l’année en cours.
Largement impactée par la pandémie de Covid-19, l’économie mondiale risque d’être de nouveau secouée par la crise ukrainienne. L’alerte est de la conférence des Nations unies sur le commerce (Cnuced) qui a mené une étude sur l’impact de la guerre en Ukraine sur le commerce et le développement. Une évaluation rapide qui, selon les experts de la Cnuced, confirme que les perspectives pour l’économie mondiale s’aggravent rapidement sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais.
Au moment où les pays de l’Europe et de l’Afrique se battent pour redresser leur économie. « En raison de la guerre en Ukraine et des changements de politiques macroéconomiques opérés par les pays au cours des derniers mois, le rapport de la Cnuced révise à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale, de 3,6% à 2,6% pour 2022 », révèlent les résultats de l’étude. Dans ces conditions, renseignent les experts de l’Onu, les perspectives de l’économie mondiale s’aggravent rapidement sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais, de la volatilité financière accrue, de la reconfiguration complexe des chaînes d’approvisionnement mondiales et de l’augmentation des coûts commerciaux. « Alors que la Russie connaîtra une profonde récession cette année, des ralentissements significatifs de la croissance sont attendus dans certaines parties de l’Europe occidentale et de l’Asie centrale, du Sud et du Sud-Est», a détaillé l’organe de l’Onu chargé du commerce et du développement.
Poursuivant, il révèle que les effets économiques de la guerre en Ukraine vont aggraver le ralentissement économique actuel dans le monde et affaiblir la reprise après la pandémie de la Covid-19. Selon la secrétaire générale de la Cnuced, le Fonds monétaire international (Fmi) avait déjà averti que le conflit ukrainien allait ralentir la croissance de l’activité et provoquer une hausse de l’inflation. D’ailleurs Rebecca Grynspan avait annoncé que le fonds s’apprêtait à corriger à la baisse sa précédente prévision d’une croissance mondiale de 4,4%, lors de ses assemblées de printemps, à la mi-avril.
Toutefois, elle révèle que les Etats-Unis, bien que relativement isolés des chocs actuels, subiront une pression supplémentaire sur les dépenses de consommation en raison de la hausse des prix des carburants et des denrées alimentaires. L’Europe quant à elle sera plus durement touchée par les prix élevés des matières premières et par le conflit en Ukraine. Quant à l’économie chinoise, la Cnuced estime que l’objectif de 5,5% de croissance annoncé précédemment constitue un défi. D’autres économies asiatiques seront aussi confrontées à des vents contraires résultant du conflit.
Comme le continent africain où les pays seront touchés de manière inégale. «Les prévisions de croissance pour 2022 de la région dans son ensemble seront inférieures aux estimations faites plus tôt dans l’année. Le poids considérable des exportations de pétrole et de gaz de la région stimulera la croissance », a annoncé la secrétaire de la Cnuced qui soutient que si le continent peut compter sur l’exportation de ses matières premières, la plupart des économies africaines sont également soit dépendantes des denrées alimentaires, soit confrontées à des goulets d’étranglement en matière d’approvisionnement. Dans l’ensemble, les Nations unies révèlent que le choc mondial des produits de base implique un choc relativement négatif pour la région dans son ensemble, notamment par le biais des prix alimentaires et de la consommation intérieure. Plus globalement, la Cnuced redoute que la combinaison d’un affaiblissement de la demande mondiale à un niveau d’endettement élevé dû à la pandémie ne génère des ondes de chocs financiers. Ce qui serait susceptible de pousser certains pays en développement dans une spirale infernale d’insolvabilité, de récession et d’arrêt du développement.
FLAMBEE DES PRIX ET SERVICE DE LA DETTE POUR LES PAYS IMPORTATEURS DE DENREES ALIMENTAIRES
La Cnuced révèle en outre que la guerre conduit déjà à une hausse des prix de l’énergie et des produits de base, avec la pression supplémentaire exercée par les hausses de prix qui intensifient les appels à une réponse politique dans les économies avancées. Ce qui menace un ralentissement plus marqué que prévu de la croissance.
Selon les résultats du rapport, la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants aura un effet immédiat sur les plus vulnérables, les pays en développement, entraînant ainsi la faim et des difficultés pour les ménages qui consacrent la plus grande part de leurs revenus à l’alimentation. Elle s’inquiète aussi du sort de 104 pays dont plus de trente sont très vulnérables, qui sont des importateurs nets de produits alimentaires. Ils avaient une dette publique extérieure totale de 1 400 milliards de dollars à la fin de 2020. « Ces pays doivent faire face à 153 milliards de dollars de paiements prévus au titre du service de la dette en 2022, qui peuvent être mis en péril si les prix alimentaires internationaux continuent d’augmenter», a annoncé, lors d’une conférence de presse à Genève, Richard Kozul-Wright, directeur de Division de la mondialisation et des stratégies de développement à la Cnuced.