L'ÉTONNANT REBOND D'AIR SÉNÉGAL
Six mois après une sortie de piste qui avait fait 11 blessés, la compagnie obtient le renouvellement de sa certification internationale de sécurité. Un sésame qui lui permet de maintenir ses accords avec des partenaires comme Royal Air Maroc ou Air France

(SenePlus) - Dans un développement significatif pour l'aviation civile ouest-africaine, Air Sénégal vient d'obtenir le renouvellement de sa certification Iosa (Iata Operational Safety Audit) jusqu'au 25 novembre 2026. Ce renouvellement, effectif dès le 26 novembre, intervient dans un contexte particulier marqué par un incident majeur survenu plus tôt cette année.
La certification Iosa, véritable sésame pour les compagnies aériennes internationales, représente un gage de sécurité rigoureux. Selon les informations de Jeune Afrique (JA), ce processus implique la validation de pas moins de 1 057 points de contrôle, couvrant huit domaines essentiels de l'exploitation aérienne, notamment la maintenance et la formation des équipages. "Une première réunion de travail en présentiel est suivie d'un certain nombre d'échanges entre les auditeurs et la compagnie", détaille le média, soulignant la rigueur du processus.
L'obtention initiale de cette certification en août 2023 avait ouvert de nouvelles perspectives pour le transporteur national sénégalais. La compagnie avait ainsi pu négocier des accords stratégiques avec plusieurs partenaires de renom : un accord de partage de code avec Royal Air Maroc et Air Côte d'Ivoire, ainsi qu'un accord interligne avec Air France permettant aux passagers de poursuivre leur voyage vers d'autres destinations françaises depuis Paris. Toutefois, Jeune Afrique précise qu'à ce jour, seul l'accord avec Royal Air Maroc est pleinement opérationnel.
Un incident majeur qui soulève des questions
Le renouvellement de la certification intervient pourtant dans le sillage d'un incident sérieux. Dans la nuit du 8 au 9 mai, un Boeing 737-300 affrété par Air Sénégal auprès de la compagnie privée Transair est sorti de piste lors d'un vol Dakar-Bamako, causant onze blessés. L'appareil en question, âgé de plus de 30 ans et acquis fin 2023 auprès de la compagnie roumaine Tarom, faisait l'objet de critiques récurrentes de la part des passagers, comme l'attestent les témoignages recueillis par JA.
Cette situation soulève des interrogations sur les procédures d'audit. Un expert du secteur, cité par le journal, apporte un éclairage crucial : "Lors de leur passage, les auditeurs Iosa ne rentrent pas dans les avions affrétés, ils vérifient simplement que l'acteur qu'ils contrôlent a bien effectué son propre audit de la compagnie à laquelle il recourt".
L'enquête menée par Jeune Afrique n'a pas réussi à établir si l'appareil Transair impliqué dans l'incident disposait des certifications requises. De plus, la chronologie exacte de l'audit Iosa par rapport à l'incident reste floue, l'IATA ayant déclaré que "toutes les données concernant ce genre d'audit sont confidentielles".
Fait notable relevé par le journal : selon les données de Flightradar24, Air Sénégal a cessé d'utiliser les appareils Transair depuis le 13 mai, suggérant une révision significative de sa politique d'affrètement.
Le précédent des accidents majeurs
Jeune Afrique rappelle que d'autres accidents graves dans l'histoire récente de l'aviation africaine n'ont pas non plus entraîné de remise en cause des certifications. Le crash du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines en mars 2019 et celui du McDonnell Douglas DC-9-83 de Swift Air exploité par Air Algérie en juillet 2014 n'ont pas affecté le statut Iosa de leurs opérateurs respectifs. Dans ces cas, les enquêtes ont conclu à une défaillance logicielle pour le premier et à une réaction inadaptée de l'équipage pour le second.
L'incident impliquant le vol Transair affrété par Air Sénégal reste actuellement sous investigation par le Bureau d'enquête et d'analyse sénégalais, dont les conclusions pourraient avoir des implications significatives pour les pratiques d'affrètement dans la région.