MBAYE SYLLA KHOUMA PRECONISE UNE ECONOMIE PLUS ENDOGENE ET RESILIENTE
La reprise normale de l’activité économique, surtout dans le secteur des hydrocarbures et des mines, ne sera pas pour demain.

La reprise normale de l’activité économique, surtout dans le secteur des hydrocarbures et des mines, ne sera pas pour demain. C’est pour cela, à en croire le consultant international senior, Mbaye Sylla Khouma, qui s’exprimait dans le cadre d’un webinaire organisé par l’ONG Oxfam, que le Sénégal est obligé de repenser son modèle économique afin de mieux s’adapter dans l’ère post Covid-19. D’autant que, dit-il, notre pays qui nourrissait beaucoup d’espoir sur les revenus de l’activité pétrolière en 2021 va devoir patienter à cause de la pandémie au minimum jusqu’en 2024.
La Covid-19 a fini d’imposer son calendrier aux populations. Ainsi, pour se préparer à atténuer les conséquences qu’elle a engendrées, Mbaye Sylla Khouma recommande à l’Etat de bâtir une économie pour la vie. A l’en croire, il faut repenser notre modèle économique. Car il estime qu’à cause de la crise sanitaire qui a bouleversé l’activité pétrolière, le Sénégal ne va profiter des ressources pétrolières et gazières que d’ici deux ou quatre ans. «Prenez un pays comme le Sénégal qui, en 2018, faisait tout son plan sur l’exploitation du pétrole et du gaz entre 2020 et 2021, la Covid-19 est venue chambouler l’économie mondiale. Les majors du pétrole ont perdu beaucoup d’argent en termes d’investissement, donc beaucoup de dettes dans les banques.
Ainsi, pour le Sénégal qui avait tablé sur environ 700 et 800 milliards de Fcfa par an à partir de 2021, les majors qui étaient censés faire des investissements dans la zone de Sangomar pour le pétrole et dans la zone de grande tortue et Cayar pour le gaz sont en train de nous amener au plus tôt à 2023. Moi, je pense que rien ne se passera avant 2024 et 2025», analyse-til. Et à l’en croire, cela doit donner le temps aux autorités de revoir l’ensemble du système. C’est-à-dire de faire un plan de développement pour les populations et pour ses ressources. Parce qu’en fait, relève le consultant, l’Afrique n’a pas cette priorité en matière d’investissement par rapport aux autres continents.
Par ailleurs, prédit il, l’ère post Covid-19 va être extrêmement difficile pour nous. Et, renseigne-t-il, cela veut dire que la gestion des revenus pétroliers ne va pas se poser car il ne va pas y avoir d’exploitation en 2021. C’est pour cela, dit-il, qu’il urge de repenser la planification du développement économique. Il s’agit pour lui de considérer le pétrole comme une cerise sur le gâteau. Ce qui importe le plus, soutient le panéliste, c’est de faire d’abord le gâteau.
Et pour les pays comme le Sénégal, dit-il, ce n’est pas le pétrole, c’est plutôt l’agriculture dont dépendent 65% de la population. « Et avec l’agriculture, je ne parle pas de 700 cents milliards de Fcfa par an. On peut assurer 2 à 3 mille milliards par an dans ce secteur parce que nous avons ce qu’il faut. Si ce pays continue d’acheter pour 800 milliards par an en riz, en blé, en maïs, en viande et en produits laitiers, c’est qu’il y a un problème. Si vous y ajoutez les produits pharmaceutiques, nous sommes à 1200 milliards qu’on achète dehors pour manger et pour se soigner. C’est cette extraversion qu’il faut corriger», préconise Mbaye Sylla Khouma. Mais pour le pétrole, dit-il, il ne faut même pas en parler parce que tous les calculs ont été complétement faussés.
En cette période, dit-il, nous n’avons pas le choix. « Nous sommes obligés d’aller vers une économie plus endogène, moins dépendante de l’extérieur et plus résiliente aux chocs exogènes. Parce que pour le moment, nous avons une économie qui va beaucoup souffrir et on a un an pour repenser, recadrer et refaire les investissements de la vie, c’est-à-dire investir dans la santé, l’éducation et dans la consommation », recommande le consultant très actif sur les réseaux sociaux. Dans cette veine, déclare Mbaye Sylla Khouma, les autorités sont dans l’obligation de faire en sorte que le secteur privé national soit le moteur de la croissance.
En définitive, soutient-il, la question des hydrocarbures va sans doute se poser, parce qu’en dehors du pétrole qui ne sera pas exploité, le Sénégal dispose d’autres ressources qui sont exploités comme l’or, le zircon. Mais dans ce secteur, il faut que la question sur la transparence se pose afin d’éviter les soubresauts. «Car sans être partisan de la malédiction des ressources naturelles, dans tous les pays où la question de transparence n’a pas été réglée, elle génère la guerre civile», conclut-il.