MOBILISATION FISCALE NATIONALE SATISFAISANTE FACE A LA DEFAILLANCE DES FINANCEMENTS EXTERIEURS
À la clôture du premier trimestre 2025, les ressources globales mobilisées par l’État s’élèvent à 1 027,82 milliards de francs CFA, soit 21,44 % de l’objectif budgétaire annuel fixé à 4 794,6 milliards.

Le rapport d’exécution budgétaire au 31 mars 2025, publié par le ministère des Finances et du Budget, fait ressortir une mobilisation satisfaisante des ressources internes. Toutefois, cette performance est contrebalancée par une forte contraction de l’aide extérieure, ce qui accentue les contraintes sur la gestion budgétaire de l’État.
À la clôture du premier trimestre 2025, les ressources globales mobilisées par l’État s’élèvent à 1 027,82 milliards de francs CFA, soit 21,44 % de l’objectif budgétaire annuel fixé à 4 794,6 milliards. Cette performance repose essentiellement sur les recettes internes, qui atteignent 1 019,82 milliards, soit 96,15 % de la cible fixée pour le trimestre. En clair, les recettes fiscales s’établissent à 960,26 milliards, marquant une progression de 11,6 % par rapport au premier trimestre 2024. Les recettes non fiscales s’élèvent à 59,56 milliards, en hausse de 24,4 %, traduisant une bonne dynamique de collecte hors fiscalité directe.
EFFONDREMENT PREOCCUPANT DES RESSOURCES EXTERIEURES
En revanche, les recettes extérieures, principalement composées de dons, n’ont généré que 8 milliards, soit à peine 3,27 % des 245 milliards prévus. Ce repli drastique de 71,5 % sur un an compromet la viabilité financière de nombreux projets publics appuyés par les partenaires techniques et financiers.
EXECUTION DES DEPENSES PUBLIQUES
Sur la même période, les dépenses totales exécutées s’élèvent à 1 419,45 milliards de francs CFA, représentant 22,14 % des crédits ouverts pour l’exercice 2025, fixés à 6 410,78 milliards. Ces dépenses se répartissent comme suit: Dépenses ordinaires : 1 130,89 milliards, incluant 225,24 milliards au titre du service de la dette ; Dépenses en capital : 288,57 milliards, financées à hauteur de 103,37 milliards par ressources internes et 185,20 milliards par emprunts extérieurs.
AJUSTEMENTS BUDGETAIRES ET RESILIENCE DU DISPOSITIF FISCAL
Des ajustements techniques ont été apportés en cours de trimestre, traduisant une gestion budgétaire active : +15,71 milliards de reports de crédits vers l’investissement interne, -4,60 milliards pour les biens et services, +4,60 milliards pour les transferts courants, +5,57 milliards pour les investissements, +10,14 milliards pour les transferts en capital. Par ailleurs, les recettes globales enregistrent une progression de 91,06 milliards, soit +9,7 % par rapport au premier trimestre 2024. Le Fonds national de re traite (FNR) affiche un excédent de 11,70 milliards, avec 45,17 milliards de recettes contre 33,47 milliards de dépenses.
ENDETTEMENT PUBLIC ET VULNERABILITES MACROECONOMIQUES
Malgré ces résultats encourageants, la dette publique reste un point de fragilité majeur. Le service de la dette connaît une augmentation significative de 23,98 %, franchissant la barre des 1,4 milliard USD au premier trimestre. Plus préoccupant encore, le stock global de la dette a été réévalué à près de 100 % du PIB en fin 2023, bien au-delà du taux de 74 % initialement communiqué. Cette situation aggrave la pression sur les finances publiques et compromet la trajectoire de convergence vers une soutenabilité de long terme.
DEFIS STRUCTURELS A RELEVER
Le contexte budgétaire actuel met en évidence plusieurs défis majeurs: Une dépendance excessive vis-à-vis des financements extérieurs ; Un alourdissement constant du service de la dette, Une accumulation d’arriérés de paiement, notamment envers les fournisseurs et le secteur énergétique ; La suspension du programme conclu avec le FMI, en raison de la nécessité d’actualiser les données macroéconomiques et de renforcer les engagements en matière de transparence. Réponses stratégiques de l’État Sous l’impulsion du ministre des Finances et du Budget, M. Cheikh Diba, le gouvernement a engagé des réformes structurelles majeures visant à renforcer la mobilisation des ressources fiscales ; à rationaliser les dépenses publiques,
AMELIORER LA GOUVERNANCE BUDGETAIRE
Les réformes en cours incluent notamment l’introduction d’un budget vert, l’adoption d’une Loi de Finances Rectificative (LFR) et la révision des mécanismes d’investissement public.
VERS UNE TRAJECTOIRE DE REDRESSEMENT DURABLE
En dépit d’un environnement international peu favorable, les autorités financières sénégalaises témoignent d’une capacité de résilience et d’adaptation. La stratégie budgétaire nationale s’articule désormais autour de quatre piliers structurants: La réduction des charges liées à la dette ; la relance des partenariats extérieurs ; l’assainissement des arriérés ; la restauration de la confiance des partenaires techniques et financiers, notamment le FMI. Ces efforts s’inscrivent pleinement dans la perspective stratégique de la Vision Sénégal 2050, fondée sur une gouvernance budgétaire rigoureuse, une fiscalité équitable et une intégration effective des enjeux climatiques dans les politiques publiques.