PLAIDOYER POUR ALLER AU-DELA DE LA RSE, A TRAVERS LA MISE EN ŒUVRE DU CONTENU LOCAL
Dangote ouvre ses portes à l’Itie

Dangote Cement Sénégal (DCs) a ouvert hier ses portes au comité national de l’initiative pour la Transparence dans les industries extractives (iTie). C’est dans le cadre de la semaine initiée à Thiès. Les recommandations faites par l’Itie au terme de la visite et qui s’adresse à toutes les industries cimenteries, c’est d’aller au-delà de la responsabilité sociétale d’entreprise (rse), à travers la mise en œuvre effective du contenu local
Dans le cadre de la semaine initiée à Thiès, Dangote Cement Sénégal (DCS) a ouvert hier ses portes au comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Après un exposé fait par les différents chefs de service sur le processus de fabrication du ciment, les réalisations faites dans le cadre de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) et les perspectives pour 2020, une visite des sites et des mines, l’ITIE a formulé des recommandations adressées à toutes les entreprises de manière générale.
Il s’est agi d’un plaidoyer, pour aller au-delà de la RSE, à travers la mise en œuvre du contenu local. Selon Pape Alioune Badara Paye, secrétaire permanent adjoint du secrétariat technique de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE), le comité est déjà impressionné par le fait qu’il s’attendait à voir beaucoup de poussière à Dangote, mais le constat est que les émissions ne sont pas si importantes. Donc un effort est fait, dans le cadre du respect des normes environnementales. Il s’y ajoute que c’est une entreprise qui contribue beaucoup au budget de l’Etat et le rapport 2018 indique une contribution de 13 milliards. Il y a également des investissements sociaux appréciables dans la zone d’intervention.
A l’en croire, l’objectif de la visite était de voir de visu ce qui se fait sur le terrain, pour se rendre compte s’il y a une corrélation entre la réalité et les annonces. « L’entreprise nous a ouvert ses portes, ce qui nous a permis de faire les constats concrets sur le terrain, et nous rendre compte de comment l’exploitation est faite. Deux aspects fondamentaux ont été passés au peigne fin, il s’agit de l’environnement et de la concertation qui se fait autour des interventions sociales », souligne Pape Alioune Badara Paye. Mais, dit-il, le rapport 2018 a mis un accent sur un aspect important, en l’occurrence le contenu local, pour maximiser les retombées sur l’économie locale.
Pour lui, c’est bien de s’investir dans la construction d’écoles, la prise en charge du secteur prioritaire qu’est la santé, mais il faut aussi aider les entreprises locales à capter toutes les opportunités de l’exploitation à travers la fourniture de biens et services. Il faut aussi que Dangote continue à jouer son rôle de leadership dans la protection de l’environnement et que ce modèle soit répliqué dans tout le Sénégal.
Waly Diouf, Directeur des Ressources Humaines de Dangote Cement Sénégal (DCS), affirme que Dangote a pris un engagement fort vis-à-vis de l’Etat du Sénégal et des communautés et les recommandations de l’ITIE seront forcément implémentées, car l’entreprise s’est toujours prescrit le devoir de rendre entièrement à la communauté ce qu’elle mérite.
Pour Abdoul Aziz Diop Coordonnateur régional de Thiès de la coalition « Publiez ce que vous payez », Président de la commission communication de l’ITIE, qui s’exprimait lors du dîner-débat tenu dans le cadre de la semaine de l’ITIE à Thiès, le contenu local est différent de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), qui n’est pas contraignante. Le contenu local offre plusieurs opportunités en terme de création d’emplois, de sous-traitance locale, de fournitures de biens et services, de formation qualifiante, de transfert de technologie.
Le rapport 2018 de l’ITIE ressort que sur les 122 milliards de Fcfa qui représentent la contribution des industries extractives au budget de l’Etat, près des 60 milliards viennent de la région de Thiès contre 40milliards en2016, 50milliards en 2017, soit près de 150 pour les 3 années. Mais pour les dépenses de ces industries, elles sont de plus d’un milliard en 2017 à 503 millions de Fcfa en 2018. Selon lui, c’est insignifiant pour des entreprises qui gagnent des milliards et qui contribuent à hauteur de 60 milliards de Fcfa dans le budget de l’Etat. Il s’y ajoute à ses yeux les incohérences dans les ratios car seuls les 2% sont injectés dans la santé, 2% dans l’environnement alors qu’il est dégradé au quotidien, 3% dans le financement des Groupements d’Intérêt Economique (GIE) locaux, 30% dans le système éducatif.
De l’avis d’Abdoul Aziz Diop, ces entreprises distribuent également des billets pour La Mecque, mais qui profitent à des individus. C’est pourquoi, dit-il, c’est important que le contenu local soit une réalité, car s’il est bien mis en œuvre, il peut booster l’économie locale et même nationale. Mais, dit-il, pour une meilleure efficacité, l’Etat doit accompagner le secteur privé local dans le sens d’avoir une bonne cartographie des activités liées au contenu local. Il doit aussi l’accompagner en terme de mise à niveau pour répondre aux standards de ces entreprises, mais aussi les accompagner en terme de financements, pour qu’elles puissent capter toutes les opportunités. Il ajoute : « sinon, il y a des risques que les multinationales créent leurs propres sociétés de service, ce qui risque d’occasionner une invasion fiscale, un blanchiment de capitaux, la corruption, la concussion, etc.