POURQUOI VOLER COÛTE SI CHER DEPUIS DAKAR
Le Sénégal figure au 7e rang des pays africains les plus chers en matière de taxes aéroportuaires, avec 122,6 dollars par passager pour les vols internationaux. Un fardeau fiscal qui pèse lourdement sur la compétitivité du secteur aérien national

(SenePlus) - Le secteur aérien africain continue de souffrir du poids des taxes et redevances imposées aux passagers, avec des disparités importantes entre les pays du continent. Selon l'étude 2024 de l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), le Sénégal figure parmi les destinations les plus chères en matière de fiscalité aéroportuaire.
L'étude AFRAA révèle que les passagers aériens paient en moyenne 68 dollars de taxes, redevances et frais divers pour les départs internationaux depuis l'Afrique, soit une augmentation par rapport aux 66 dollars enregistrés en 2022. Dans ce contexte, le Sénégal se positionne défavorablement avec 122,6 dollars de taxes par passager pour les vols internationaux, le plaçant au 7e rang des pays les plus chers du continent.
Pour les vols régionaux, la situation sénégalaise reste préoccupante avec 116,5 dollars de taxes par passager, positionnant le pays au 7e rang des destinations les plus onéreuses pour les liaisons intra-africaines.
Ces montants placent le Sénégal bien au-dessus de la moyenne continentale et dans une position délicate comparativement à ses voisins ouest-africains. Selon l'AFRAA, "l'Afrique de l'Ouest est la région la plus chère, avec un montant moyen de 109,5 dollars de taxes, redevances et frais payés pour les départs internationaux."
L'impact de cette fiscalité élevée dépasse le simple coût pour le voyageur. Comme le souligne l'étude AFRAA, "les taxes et frais représentent généralement plus de 55% des tarifs de base les plus abordables des compagnies aériennes, et plus de 35% du prix total du billet."
Cette situation est particulièrement problématique dans un contexte où, selon l'Organisation mondiale du tourisme (UNWTO), "66,3 millions de touristes internationaux ont visité l'Afrique, apportant un total de 38 milliards de dollars." Le transport aérien contribue à hauteur de 75 milliards de dollars au PIB africain et soutient 8,1 millions d'emplois, selon les données citées par l'AFRAA.
Des écarts considérables entre régions
L'étude met en évidence des disparités flagrantes entre les sous-régions africaines. Alors que l'Afrique du Nord affiche des taxes moyennes de seulement 25,27 dollars, l'Afrique de l'Ouest et centrale imposent respectivement 109,49 et 106,62 dollars par passager pour les vols internationaux.
Cette situation contraste fortement avec les régions voisines. Selon l'AFRAA, "tandis que le montant moyen des taxes, redevances et frais payés par les passagers pour les départs régionaux en Afrique est de 68 dollars, les passagers paient 32 dollars en Europe et 34 dollars au Moyen-Orient, malgré le fait que le trafic soit beaucoup plus important dans ces régions."
Face à ces constats, l'AFRAA plaide pour une réforme urgente. L'organisation souligne que "compte tenu du faible pouvoir d'achat en Afrique, il est urgent d'évaluer la question des taxes élevées, pour stimuler la demande et rendre le transport aérien abordable aux citoyens africains."
L'association recommande notamment l'harmonisation des structures fiscales, la réduction des charges excessives et la recherche de méthodes de financement alternatives pour les infrastructures aéronautiques. Elle insiste sur le respect des principes de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui prônent la non-discrimination, la relation coût-efficacité, la transparence et la consultation avec les usagers.
Pour le Sénégal, pays qui ambitionne de devenir un hub aérien régional, cette situation représente un défi majeur pour sa compétitivité et son attractivité touristique et économique.