SOCIETE CIVILE ET AUTORITES ADMINISTRATIVES RECLAMENT LA TRANSFORMATION SUR PLACE DES PHOSPHATES DE NDENDORY
Les populations de Matam, notamment celles des communes voisines des sites d’exploitation des phosphates de Ndendory, réclament une transformation du produit en engrais pour les agriculteurs.

Les populations de Matam, notamment celles des communes voisines des sites d’exploitation des phosphates de Ndendory, réclament une transformation du produit en engrais pour les agriculteurs. Elles demandent plus d’investissements de la part de l’entreprise exploitant le phosphate à travers la RSE
La région de Matam abrite des sites d’exploitation du phosphate, notamment à Ndendory, un village du département de Kanel, où une société dénommée la Société minière de la Vallée (SOMIVA) exploite cette ressource naturelle. Selon les populations, leur frustration devient de plus en plus grande du fait du passage sur la route nationale, traversant plusieurs communes, de dizaines de camions quittant Ndendory pour la capitale Dakar et transportant du phosphate et des mines. Pour les acteurs de la société civile de la région, c’est inadmissible que cette entreprise sorte le produit de la région et l’exporte. ‘’Nous vivons l’enfer avec cette entreprise. D’abord, l’entreprise SOMIVA maltraite les employés parce qu’ils travaillent de 6 heures du matin à 18 heures, alors que ceux qui travaillent la nuit sont sur place de 18 heures à 7 heures du matin. Nous voulons que cesse l’exportation de ce produit qui peut être transformé sur place en engrais pour les agriculteurs de la région qui est une zone à vocation agricole’’, a dit Abdourahmane Mamadou Sy de l’ONG « Publiez ce que vous payez ».
Comme lui, d’autres acteurs de la région, venus prendre part à un atelier de partage du rapport sur le secteur minier dans la région de Matam, ont dénoncé le travail de cette entreprise. Pour Souleymane Soumaré, représentant la mairie de Hamady Ounaré, située non loin du site d’exploitation, la SOMIVA ne fait rien en matière de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE). Il informe que le forage en construction a du mal à être achevé. ‘’La commune ne bénéficie pas desretombées de l’exploitation du phosphate alors que les fonds de péréquation doivent nous revenir pour que nous puissions investir dans la commune. En plus de cela, sur le plan sanitaire, les populations souffrent de maladies respiratoires dues à l’exploitation. Au plan économique, les champions locaux ne sont pas valorisés. Même pour acheter un poulet ou un sachet d’eau, l’entreprise préfère aller jusqu’à Dakar et les acheter. Les employés, pour se restaurer, payent 60 000 francs CFA le mois coupés sur leur salaire. Ce qui est anormal’’, a-t-il dit. De son côté, le préfet du département de Kanel, Cheikh Ahmadou Ndoye, a presque abondé dans le même sens que les autres intervenants.
Les autorités administratives et acteurs de la société civile sur la même longueur d’ondes
Pour lui, il est important que le phosphate soit transformé en engrais, ce qui est nécessaire pour la transformation structurelle et économique de la région. ‘’Plusieurs acteurs ont insisté sur la transformation sur place des produits miniers exploités dansla région de Matam en engrais pour les agriculteurs. Je pense que c’est une nécessité pour qu’il y ait une transformation structurelle et économique, car nous avons du phosphate de bonne qualité dans la région’’, a-t-il dit.
Selon le préfet, c’est le moment opportun pour mettre en place des unités de transformation dans une zone à vocation agricole dans le but de valoriser la production de phosphate au lieu de prendre le produit et l’acheminer directement au port de Dakar et l’exporter. Pour lui, en exportant ce produit, l’entreprise exporte également des emplois et laisse sur place des emplois précaires. ‘’La meilleure manière de mettre les mines au cœur de la transformation structurelle et économique de la région, c’est d’abord d’arrêter l’exportation des phosphates et de mettre en place des unités de transformation pour la production de l’engrais pouvant être exporté dans la sous-région, comme en Mauritanie’’, a expliqué M. Cheikh Ahmadou Ndoye.
Sur un plan plus général, le préfet a estimé que les bénéfices réalisés par les entreprises doivent être visibles à travers la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). ‘’Sur ce point, on constate qu’il y a des insuffisances alors que des mécanismes peuvent permettre aux collectivités territoriales d’investir en bénéficiant des fonds de péréquation’’, a soutenu le chef de l’exécutif départemental.
L’adjoint au gouverneur de la région de Matam en charge des affaires administratives, Modou Thiam, a aussi évoqué la nécessité de transformer le phosphate en engrais. Quant au professeur Ibrahima Thioub, président de la Commission nationale de gouvernance (CNG) au sein du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP), il a souligné que les acteurs de la société civile de Matam ont un rôle à jouer pour une transformation structurelle articulée autour de l’agriculture.