DES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS PRIVES DE VACANCES
Trois (3) mois de vacances pour les élèves. Un mois pour les membres du gouvernement tout en restant joignables. Un moment de pause loin d’être le cas dans la sphère syndicale.

Les syndicats de tous ordres d’enseignement sont coincés par les dossiers des militants enseignants qui profitent de ces moments de répits pour faire bouger leurs dossiers. Les secrétaires généraux du Saems, Cusems, Sudes et Saes nous décrivent à quoi ressemblent leurs activités à cette période.
Saourou Séne, SG Saemss : «Des lenteurs administratives font que nous ne pouvons pas être en vacances»
«Nous ne sommes pas malheureusement concernés par les vacances pour la bonne et simple raison que la situation des lenteurs administratives fait que nous pouvons pas être en vacances. C’est l’occasion pour les enseignants militants qui sont à l’intérieur du pays de rallier nos sièges respectifs, pour pouvoir demander par rapport à leur situation d’avancement, leur intégration et validation.
Les vacances constituent une opportunité pour eux de venir auprès de nous pour que nous les aidions à diligenter ses dossiers. Pendant cette période, nous sommes davantage envahis par les enseignants qui viennent de l’intérieur. Ce qui fait que nous n’avons pas du tout de vacances. La commission paritaire des avancements doit présentement se tenir.
Les enseignants très souvent sont frappés par les absences de notes qui arrivent au niveau central. Et nous, en tant que parti syndical, nous recevons des copies, des notes pour les remettre à nos mandataires. Si la commission dit n’avoir pas reçu la note d’un tel, le mandataire syndical s’en chargera. L’autre aspect, un collègue peut déposer un dossier d’intégration depuis Mathusalem, il n’en a aucune information. Et nous dès réception des filiations de l’agent concerné, on va à la fonction publique pour vérifier.
Diaoune, SG Sudes : «Le fonctionnement est assuré en permanence»
«Les syndicats ne sont pas en vacances. Il y a toujours des réunions, des rencontres à l’interne, à l’externe entre syndicats. On ne peut pas dire que nous sommes vraiment en vacances. Tous les jours au niveau des sièges, il y a toujours la présence d’enseignants qui viennent poser des revendications qu’il faut enregistrées et traitées. Donc, quasiment, les syndicats n’ont pas de répit. Des responsables peuvent être en vacances pour quelques temps mais le fonctionnement est assuré en permanence. Au niveau du Sudes, on prépare nos instances nationales au mois de septembre. Nous comptons organiser aussi un séminaire d’évaluation des examens scolaires. On félicite la Cosydep sur l’analyse des résultats scolaires. Nous comptons, comme on le fait depuis les années 90 après chaque année, organiser une réflexion sur les examens et proposer des solutions pour améliorer la qualité de l’enseignement ».
Abdoulaye Ndoye, SG Cusems : «Pendant que le gouvernement est en vacances, nous...»
«Nous ne sommes pas en vacances. Nous sommes actuellement à Saly (Mbour) pour les besoins de la 5ème session prérentrée scolaire organisée par le haut conseil du dialogue social. Il s’agit de faire le point sur le niveau de mise en œuvre des accords consignés dans le protocole le 30 avril 2018, d’évaluer des recommandations faites lors de la session prérentrée 2018/2019 mais également, il y aura un volet pour le renforcement des capacités des partenaires sociaux. En plus d’être inquiet sur la suppression du poste de Premier ministre, notamment les rencontres de monitoring, la question du système de rémunération sur laquelle le gouvernement avait pris des engagements fermes, reste une préoccupation. Sur la question du prêt DMC, les engagements n’ont pas été honorés. Sur les mises en soldes, dix mille (10.000) ont été prévus pour 2019, nous sommes à deux mille (2000) mises en solde au mois de juin. Il y a des lenteurs dans l’alignement des actes d’avancement, de validation et le paiement des rappels. Il y a également la question de l’habitat qui n’est pas réglée. Pendant ce temps, le gouvernement est en vacances. Le volume de travail est très lourd pendant cette période de trois mois. Les collègues qui sont dans les coins les plus reculés du Sénégal viennent passer la journée au siège pour des revendications. On ne peut pas prendre des vacances. Nous n’avons pratiquement pas de vacances. Nous fonctionnons à feu continu parce que nous sommes des militants de l’école sénégalaise ».
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : Saes et Sudes au front
Loin de vouloir marquer une pause et de trouver un endroit pour des moments de vacances, les secrétaires généraux des syndicats des enseignants du supérieur, notamment le Saes et le Sudes/Esr, en plus des affaires pédagogiques, sont tenues en permanences par les revendications syndicales. L’amélioration des conditions de travail des enseignants constitue leur sacerdoce.
Pas de répit pour les enseignants du supérieur. Le système Licence-Master-Doctarant (LMD) fait que les universités publiques fonctionnent H 24. Les quelques jours de vacances des professeurs au mois d’août et la fermeture du campus social passent inaperçus dans le supérieur. Pour les secrétaires généraux des syndicats de cet ordre d’enseignement, la situation paraît plus compliquer. En effet, en plus d’être partagés entre les enseignements, les examens et encadrement de mémoire des étudiants et soutenances, les syndicalistes sont plongés dans les affaires syndicales. La palette de revendications pour l’amélioration des conditions de travail des enseignants n’attend point. Les dossiers sont bien scotchés aux classeurs prioritaires.
«Je sacrifie mes deux mois de repos pour pouvoir régler les nombreux problèmes permanents dont vivent les travailleurs de l’enseignement supérieur et de recherche. Il y’ a beaucoup de dossiers en instance. Ils ne peuvent pas attendre la rentrée», a souligné d’emblée Oumar Dia. Le secrétaire général du syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal de la section Enseignement supérieur et Recherche (Sudes/Esr) cite le dossier relatif à l’arrêt des services de l’institut de prévoyance médico-sociale de polytechnique de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar dont les services sont à l’arrêt depuis mai ». En plus, il reste aussi aux aguets sur l’effectivité de l’arrêt 2016 de la Cour suprême dont certains recteurs persistent dans leur refus de respecter la loi de la République sur la gouvernance des universités.
Même son de cloche pour le secrétaire général du syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (Saes) qui, de manière plus précis, informe «n’avoir pas pris de vacances de plus de 10 ans».
«Il est très difficile de pouvoir bénéficier un repos en étant engagé dans un syndicat», soutient Malick Fall. Il explique : «jusqu’à 31 août, nous sommes retenus pour la cérémonie de passation de service avec l’ancien bureau et l’installation du nouveau bureau. Ensuite, on organisera un bureau national de prise de contact et d’orientation».
L’actuel secrétaire général du Saes est décidé tout de même de prendre quelques jours de congés non pas pour un repos, mais pour se consacrer à la finalisation d’un article scientifique et ses activités religieuses, en attendant la session de rattrapage.