LE OUI.. MAIS DE LA SOCIETE CIVILE
Considéré comme l’un des slogans phares du quinquennat du président Macky Sall, le concept de “Fast Track“, à savoir l’accélération dans les procédures administratives, ne cesse de faire couler beaucoup de salive et d’encre.

Ladite procédure semble rencontrer, cependant, l’adhésion de certains acteurs de la Société civile, à l’image du président du Forum du justiciable, Babacar Ba, d’Ibrahima Sory Diallo, président de “Publiez ce que vous payez“, ou encore du Secrétaire général du Gradec, Ababacar Fall qui y voient une opportunité d’aller vite, mais aussi de lutter contre la corruption. Cela, même si, par ailleurs, ils pensent tous qu’il faut respecter les procédures normales pour certains dossiers compte tenu du volume financier.
BABACAR BA, PRESIDENT DU FORUM DU JUSTICIABLE : «Le Fast track peut être également un instrument efficace de lutte contre la corruption»
«Il faut reconnaitre que le Fast tract, si on ne se limite pas à la théorie, il peut être bénéfique pour le pays. Le Fast track est une procédure qui vise à accélérer le travail, on accélère la procédure. Cela pousse l’administration à aller vite et à travailler dans les meilleurs délais. Si aujourd’hui, on arrive à concrétiser le Fast track, cela peut être bénéfique pour le pays. Maintenant, nous avons l’habitude d’utiliser des slogans, des termes qu’on n’applique pas. Le Fast track peut être également un instrument efficace de lutte contre la corruption. Parce que ce qui passe aujourd’hui dans l’administration, quand un dossier est remis à l’agent, il le range tranquillement dans les tiroirs. Parce qu’il n’est tenu par aucun délai, et il ne subit aucune pression. Si vous ne mettez pas quelque chose sur la table, votre dossier ne sera pas traité. Aujourd’hui, avec le Fast tract qui vise à accélérer la procédure et impose à l’agent de l’administration de traiter un dossier dans un meilleur délai, vous en conviendrez avec moi que cela peut être efficace contre la corruption. Surtout avec cette suppression annoncée du poste de Premier ministre, le président sera en contact direct avec l’administration. Les agents n’auront plus cette latitude de travailler selon leur humeur, que vous mettez quelque chose sur la table ou pas. Je ne pense pas par ailleurs que cela puisse favoriser le gré à gré. Parce que même si on parle de Fast track, on va respecter les règles juridiques en vigueur. Le Fast tract se fera tout en respectant les normes, selon la procédure normale».
ABABACAR FALL, SECRETAIRE GENERAL DU GRADEC : «Ce mode Fast Track ne doit pas se faire au détriment du respect des procédures...»
«Tout d’abord, le concept de Fast Tract est un mot anglais qui traduit la volonté de faire les choses rapidement, de manière accélérée. Ce concept n’est pas du reste nouveau, car lorsqu’elle a été nommée Premier Ministre, Madame Aminata Touré avait utilisé la même expression en français lorsqu’elle s’exprimait sur sa nomination, elle disait que cela procédait de la volonté du Président d’accélérer la cadence. A mon avis, je pense que le Président, en lançant ce concept, a pris la pleine mesure de la situation et a décrypté le vote des Sénégalais qui souhaitent être gouvernés autrement dans un contexte marqué par d’énormes difficultés, car même s’il a été réélu à 58%, 42% de Sénégalais ne lui ont pas accordé leur suffrage. Logiquement, avec ce dernier mandat qui devra être le dernier, le président doit être dans une posture de changement de perspective. Si, lors de son mandat de 7 ans, la volonté de rempiler pour un deuxième mandat a pris le dessus sur tout, il ne devrait pas en être de même pour ce quinquennat au vu des urgences que constituent le chômage des jeunes, les questions de l’éducation ainsi que les réformes dans la gouvernance attendues depuis longtemps en termes de rupture et qui tardent à se réaliser. Cette volonté de faire les réalisations en mode Fast Track ne doit pas se faire au détriment du respect des procédures en matière de gestion des marchés publics par l’attribution des marchés de gré à gré».
IBRAHIMA SORY DIALLO, PRESIDENT “PUBLIEZ CE QUE VOUS PAYEZ“ : «J’avoue que nous nous encourageons le Fast track, parce que...»
«J’avoue que nous, nous encourageons le Fast track, parce que nous le vivons. Surtout ceux qui sont au niveau des régions, la question des lenteurs administratives bloquent le fonctionnement de certaines régions et du coup, ça impacte sur leur développement. Parce qu’il est incroyable, aujourd’hui, par exemple, que tu perdes le papier de ton terrain et que tu aies besoin d’un duplicata, on te dit que ça se traite à Dakar. C’est au minimum deux semaines. Alors qu’aujourd’hui, avec l’internet, on devait construire des raccourcis très facilement et permettre aux gens d’avancer. Dès fois, on a besoin d’un plus petit détail, on vous dit qu’il faut déposer un dossier qui doit aller à Dakar. Quelquefois, ça se perd dans les méandres de l’administration au niveau de Dakar. Vraiment, à ce niveau, nous l’encourageons. Mais quand même, je pense que pour certains grands travaux de l’Etat, il faut prendre tout le temps nécessaire, suivre toutes les procédures, compte tenu du volume financier, mais également de certains malencontreuses expériences que le Sénégal a connues, ces années passées. Il ne faut pas que certaines raccourcis permettent à certains de traverser les mailles qu’il faut, pour qu’on soit sûr qu’on a passé le marché à ceux qui présentent les meilleurs profils».