LES CHIFFRES ALARMANTS DU RESEAU SIGGIL JIGEEN
Lle Réseau Siggil Jigeen tire la sonnette d’alarme sur l’ampleur que prennent les grossesses précoces, notamment en milieu scolaire.

A l’occasion de la célébration de la Journée internationale dédiée à la femme hier, vendredi 8 mars, le Réseau Siggil Jigeen a organisé un panel sur la « promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines, des grossesses précoces et des mariages d’enfants ».Une occasion pour les différents panélistes de tirer la sonnette d’alarme sur l’ampleur que prennent les grossesses précoces, notamment en milieu scolaire.
De l’avis de la présidente du Réseau Siggil Jigeen, Safiétou Diop, le taux de prévalence des grossesses à l’école est de 30% dans la région de Sedhiou, 19% à Ziguinchor, 9% à Kolda. Thiès et Matam suivent avec 6% chacun. Les régions de Kédougou, Saint-Louis et Fatick enregistrent chacune un taux de 5%.Une situation qui s’expliquerait, selon Safiétou Diop, par la pauvreté, l’éloignement de certaines filles des établissements scolaires (nécessitant parfois leur parrainage par d’autres personnes), le dépaysement et la fragilité. Bref, «tous ces facteurs combinés, ajoutés aux traditions, les barrières culturelles expliquent le taux élevé dans cette zone sud du Sénégal », fait-elle savoir. Pour la sociologue Aïssatou Teigne Diouf, «la moitié des grossesses recensées concernent des filles qui fréquentent les classes entre la 6eme et la 3eme soit 71,9%. Par contre, 28,1% concernent les filles qui sont entre la seconde et la terminale, ajoute-t-elle. Elle continuera en affirmant que 49% des auteurs de ces grossesses sont des élèves, 11,12% des étudiants. Les jeunes des villages sont aussi cités comme faisant partis du lot avec un pourcentage de 8,60%, et 2,02% pour les enseignants. « Les conducteurs de moto Jakarta, chauffeurs de taxi et des commerçants ont une part de responsabilité dans ces grossesses et cela s’explique par la pauvreté », se désole la sociologue.
L’INTRODUCTION DE L’EDUCATION SEXUELLE A L’ECOLE COMME SOLUTION AUX GROSSESSES
PRECOCES Pour la présidente du Réseau Siggil Jigeen, «l’introduction de l’éducation sexuelle à l’école est fondamentale ».Même si elle reconnait que le Sénégal s’est engagé au plan international à le promouvoir, elle explique qu’entre l’engagement et la réalité sur le terrain, il y a un fossé. Elle avance que des efforts sont à noter avec la révision du curriculum sur l’éducation sexuelle à l’école. Néanmoins, elle se désole des tabous imposés par notre société et dont « nos autorités ne sont pas à l’écart, parce que les preneurs de décision sont beaucoup plus arriérés que ceux qui subissent la loi ».Toutefois, «nous restons optimistes, surtout avec le président nouvellement réélu, pour régler cette question de l’éducation sexuelle », afin d’assurer aux filles leur maintien à l’école et aux garçons d’être conscients de leur santé de la reproduction.
LA NON-APPLICATION DE LA LOI, UN FREIN A LA LUTTE CONTRE LES MUTILATIONS GENITALES
Revenant sur l’autre aspect du thème, Safiétou Thiam dira que même si le Sénégal a progressé dans ce sens, les mutilations faites aux femmes sont d’une virulente actualité. Elle est d’avis qu’au Sénégal, le problème « qu’on a est un problème d’applicabilité des lois ». Cette pratique existe toujours mais « jamais, l’Etat du Sénégal n’a décidé d’appliquer la sanction ». C’est pourquoi elle préconise «une volonté systématique ferme, pour mettre un terme à cette pratique qui détruit la vie de certaines femmes ». La journée du 08 mars a aussi été pour le Réseau Siggil Jigeen l’occasion d’annoncer le lancement de la campagne « delliver for good », prévue au mois de Mai prochain. Il s’agit d’un programme mis en place par la communauté internationale, pour permettre aux pays d’intégrer les objectifs dans la mise en place des Objectifs de Développement Durables (ODD). Pour terminer, la présidente du Réseau Siggil Jigeen dira que cette campagne porte sur 3 principes majeurs : « d’abord changer le schéma narratif concernant les filles et les femmes, ensuite favoriser la collaboration entre les acteurs, mais aussi privilégier le principe de mise en commun de l’ensemble des partenariats pour rendre visible et réelle de l’approche genre ».