L’ÉTAT A MONTRÉ SES LIMITES, AVEC LES PROBLÈMES QUI SÉVISSENT À L’UNIVERSITÉ
Pur produit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) où il a fait tout son cursus avant d’en être le recteur, Abdou Salam Sall a indiqué que le Sénégal n’a pas déconstruit le modèle colonial dans son approche

Pur produit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) où il a fait tout son cursus avant d’en être le recteur, Pr Abdou Salam Sall a indiqué que le Sénégal n’a pas déconstruit le modèle colonial dans son approche. Invité hier de l’émission «Objection» sur «Sud Fm», l’ancien président des assises de l’éducation et de la formation trouve que l’Etat a montré ses limites dans la gestion financière de l’université, l’Etat a montré ses limites.
Pr Abdou Salam Sall est une voix autorisée pour parler des problèmes qui assaillent l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ayant fait toutes ses humanités dans ce temple du savoir avant d’en être le recteur, il est à l’aise pour parler de ses maux. Analysant les violences qui ont secoué l’Ucad ces dernières semaines, l’enseignant en Chimie souligne : «Nous avons toujours contesté le campus pédagogique et le campus social. Il n’y a qu’un seul campus qui est le campus universitaire». Revenant sur la vocation de l’université, Pr Sall a indiqué que celle-ci est de répondre aux défis de sa société. «L’université a été créée comme une concentration d’intelligences qui n’a d’autre objet que de répondre aux besoins de sa société», ajoute-t-il.
A l’en croire, l’Ucad déploie des efforts énormes pour satisfaire sa mission, mais cela exige énormément de choses. Les universités de classe mondiale, souligne-t-il, sont définies à travers trois paramètres. «D’abord des enseignants et des étudiants de talent, ensuite énormément de ressources financières et troisièmement une gestion flexible et redevable. Comme on ne peut avoir suffisamment de professeurs de talent, parce que cela coute très cher, car ils sont débauchés quand on les forme, nous devons essayer d’avoir une université efficiente», indique l’ancien recteur de l’Ucad qui précise que l’essentiel des ressources venait de l’Etat jusqu’à une date récente. «Mais l’Etat a montré ses limites», se désole-t-il avant d’ajouter : «Nous n’avons pas déconstruit le modèle colonial, parce que nous avions une université qui formait des gens et on y entrait pour chercher des qualifications et être employés alors que les défis du monde ont changé».
VERS LA CREATION D’UNE CITE INTERNATIONALE
Pr Abdou Salam Sall pense qu’avec la massification, les emplois placés n’existent plus. «Et on a appris que si on fait des études supérieures, ce n’est pas pour être casés, c’est plutôt pour créer sa propre structure, sa propre société. Est-ce qu’on informe suffisamment les enfants du devenir qu’ils veulent avoir ? Est-ce qu’on les accompagne à révéler leurs talents? C’est tout un travail que nous devons faire», dit-il. Et d’ajouter qu’il a toujours refusé en tant recteur que les résidences des étudiants soient saturées. En lieu et place, il prose avec une synergie de toutes communautés décentralisées etla création comme en France de la cité internationale.