BIYA BRIGUE UN HUITIÈME MANDAT À 92 ANS
L'annonce était attendue mais n'en reste pas moins saisissante. Le dirigeant camerounais, au pouvoir depuis 1982, fait face à une contestation inédite au sein même de son camp

(SenePlus) - À 92 ans et après près de 43 années au pouvoir, Paul Biya refuse de céder la main. Le président camerounais s'est déclaré candidat à un huitième septennat lors de l'élection présidentielle prévue le 12 octobre, selon une annonce faite dimanche 13 juillet sur son compte X. « Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l'acuité des défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il écrit dans un communiqué, rapporte Le Monde.
Cette candidature intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le dirigeant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Son camp connaît en effet plusieurs défections notables qui témoignent d'un effritement de son socle politique traditionnel.
Issa Tchiroma Bakary, ministre chargé de l'emploi et de la formation professionnelle, a quitté le gouvernement avant de se déclarer candidat à la présidentielle « dans la foulée sous la bannière de son parti, le Front pour le salut national du Cameroun ».
Plus symbolique encore, Bello Bouba Maïgari, ministre d'État et ancien premier ministre, a également annoncé sa candidature. Responsable de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès, « un parti allié à M. Biya, il faisait figure d'allié historique depuis près de 30 ans », souligne le quotidien français. Cette rupture marque un tournant significatif dans l'écosystème politique camerounais.
Face à cette érosion de ses soutiens, Paul Biya tente de resserrer les rangs. Début juillet, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, « a convoqué à tour de rôle les élus et ministres de chacune des dix régions pour mener des concertations avec les soutiens du pouvoir », selon Le Monde.
Du côté de l'opposition, la mobilisation s'organise. Maurice Kamto, « plus farouche opposant à Paul Biya, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2018 » et Cabral Libii, « figure importante de l'opposition sont déjà en course pour la présidentielle », indique Le Monde. Les candidats disposent jusqu'au 21 juillet pour déclarer officiellement leur candidature.
Cette campagne électorale s'annonce particulièrement scrutée, alors que « des voix demandent au chef de l'État, qui dirige ce pays d'Afrique centrale d'une main de fer depuis 43 ans » de « céder la main, tandis que d'autres réaffirment leur soutien à Paul Biya », rapporte encore le journal.
À 92 ans, Paul Biya s'apprête donc à défendre un bilan de plus de quatre décennies à la tête du Cameroun, dans un contexte où même ses plus fidèles alliés commencent à envisager l'après-Biya. L'élection du 12 octobre prochain dira si les Camerounais sont prêts à accorder un nouveau septennat à l'un des dirigeants les plus anciens au monde.