COUP D'ÉTAT AU NIGER : LES ZONES D'OMBRE AUTOUR DE MAHAMADOU ISSOUFOU
Une enquête explore les relations complexes entre l'ancien président et les officiers putschistes. Des soupçons de malversations entourent le fils d'Issoufou, Mahamane Sani Mahamadou

Trois semaines après le putsch du 26 juillet contre le président Mohamed Bazoum, l'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou est sous les projecteurs pour son rôle ambigu dans les événements. L'enquête publiée le 21 août 2023 par Africa Intelligence explore les relations complexes entre Issoufou et les officiers putschistes, en particulier le général Abdourahamane Tchiani, ainsi que les implications de ces relations dans le paysage politique et économique du Niger.
Issoufou, qui avait été président du Niger de 2011 à 2021, avait rêvé de devenir secrétaire général des Nations unies et de réaliser une alternance démocratique au Niger. Cependant, sa position s'est fragilisée depuis le coup d'État de juillet, en raison de ses liens avec les putschistes, notamment le général Tchiani, qu'il avait placé à la tête de sa garde présidentielle pendant son mandat.
L'ancien président n'a pas publiquement condamné le coup d'État, suscitant des interrogations parmi les dirigeants ouest-africains. Selon le magazine, plusieurs chefs d'État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) doutent de ses motivations et de ses intérêts, alors que le président Bazoum avait entrepris de reprendre le contrôle de certains postes stratégiques et de démanteler les réseaux économiques tissés au cours de la dernière décennie.
Parmi les facteurs suscitant l'interrogation, il y a le refus d'Issoufou de condamner clairement le coup d'État et sa proximité avec le général Tchiani. Cette relation complique les tentatives de médiation de l'ancien président dans les premiers jours suivant le putsch. Bien que désireux de négocier la libération de Mohamed Bazoum, Issoufou a échoué dans ses efforts.
Le rôle économique d'Issoufou est également examiné, notamment sa relation avec certains secteurs économiques, comme le secteur pétrolier. À en croire Africa Intelligence, des soupçons de malversations entourent le fils d'Issoufou, Mahamane Sani Mahamadou, qui était ministre du pétrole et impliqué dans des affaires douteuses. Le président Bazoum a tenté de prendre des mesures contre les réseaux d'Issoufou dans le secteur pétrolier, mais ces tentatives ont été contrecarrées.
Africa Intelligence évoque par ailleurs le général Salifou Modi comme une figure de pouvoir potentiellement menaçante pour Issoufou. Modi a joué un rôle clé dans le putsch et cherche à renforcer ses alliances avec d'autres juntes sahéliennes. Cette évolution met en péril les alliances construites par Issoufou entre 2011 et 2021.
En somme, l'article examine les liens complexes entre Mahamadou Issoufou et les événements entourant le coup d'État au Niger, ainsi que les implications de ces liens pour la situation politique et économique du pays. Les relations d'Issoufou avec les officiers putschistes, en particulier le général Tchiani, ainsi que ses relations avec des acteurs économiques clés, sont passées en revue pour comprendre la dynamique complexe qui a émergé à la suite de ces événements.