LES DIRIGEANTS AFRICAINS MENACÉS D'UNE DÉFERLANTE DE CRISES
Comment des pays pauvres et instables peuvent instaurer un ordre politique solide et donner à leurs citoyens la confiance que le gouvernement démocratique peut répondre à leurs besoins ?

Dans un article d’opinion publié aujourd'hui dans le New York Times, Alex de Waal, directeur exécutif de la World Peace Foundation à l'Université Tufts, souligne la détérioration de la situation en Afrique, avec un nombre croissant de pays sous le régime militaire. Des nations s'étalant de l'océan Atlantique à la mer Rouge, notamment le Mali, la Guinée, le Tchad, le Soudan, le Burkina Faso et plus récemment le Niger, sont désormais sous le contrôle militaire. Cette série d'événements suscite des inquiétudes quant à la capacité de ces pays à construire des États fonctionnels, en particulier dans la région du Sahel, au sud du Sahara.
De Waal soulève la question fondamentale de la manière dont les pays pauvres et instables peuvent instaurer un ordre politique solide et donner à leurs citoyens la confiance que le gouvernement démocratique peut répondre à leurs besoins. Les dirigeants mondiaux, de Washington à Bruxelles en passant par Londres et Addis-Abeba, ont réagi aux prises de pouvoir militaires successives comme à des crises distinctes. De Waal rejette les théories de conspiration impliquant Moscou ou les réseaux terroristes et attribue ces prises de pouvoir à la corruption, à l'affaiblissement de l'administration civile et à l'empowerment des militaires par des puissances étrangères.
L'auteur affirme que la démocratie ne peut survivre si elle ne produit pas de résultats tangibles. Les Africains, comme le reste du monde, aspirent à l'emploi, à la nourriture et au logement abordables, à l'éducation et aux soins de santé de qualité, ainsi qu'à la paix et à la sécurité. Cependant, les dirigeants élus ont du mal à tenir leurs promesses face à l'inflation, aux pénuries et à l'insécurité croissante. De plus, les défis économiques en Afrique, tels que les investissements étrangers insuffisants, les sorties financières illicites et la dette envers la Chine, entravent le développement.
Les défis économiques sont exacerbés par les facteurs démographiques. Les populations des pays du Sahel connaissent une croissance rapide, ce qui augmente la pression sur l'emploi et les infrastructures éducatives. De plus, les flux migratoires, résultant du désir de l'Europe et des pays arabes riches de garder les travailleurs africains sur le continent, présentent un défi majeur. Le manque d'opportunités d'emploi alimente les migrations, ce qui aggrave les problèmes économiques.
Alex de Waal appelle à une approche à long terme et à la reconnaissance de l'ampleur de la crise, soulignant que les solutions uniques pour l'Afrique ne sont pas suffisantes pour résoudre les crises complexes dans la région. Il met en avant la nécessité pour les États-Unis et leurs alliés de créer des conditions économiques favorables pour répondre aux demandes légitimes des citoyens africains. De Waal suggère également des mesures diplomatiques, comme la négociation et les sanctions ciblées, pour soutenir le retour à la stabilité politique en Afrique.
En conclusion, Alex de Waal met en garde contre la tendance à négliger les États en difficulté et appelle à une action concertée pour relever les défis économiques, démographiques et politiques auxquels l'Afrique est confrontée.