NATHALIE YAMB BANNIE DE L'EUROPE
L'Union européenne a sanctionné ce jeudi l'activiste suisso-camerounaise Nathalie Yamb, l'inscrivant sur sa liste noire pour ses liens avec le groupe Wagner et ses activités pro-russes en Afrique

(SenePlus) - Ce jeudi 26 juin, le Conseil européen a inscrit l'influenceuse suisso-camerounaise Nathalie Yamb sur la liste des personnalités interdites de séjour dans l'espace européen, lui reprochant ses liens étroits avec le groupe Wagner et ses activités de déstabilisation, selon les informations rapportées par Jeune Afrique.
La mesure, publiée au journal officiel de l'Union européenne, va au-delà d'une simple interdiction de territoire. Elle s'accompagne également d'un gel des avoirs de l'activiste au sein de l'UE, marquant ainsi l'intensification de la pression occidentale sur les relais de l'influence russe sur le continent africain.
Cette décision s'inscrit dans la continuité d'une politique de sanctions initiée le 8 octobre 2024, lorsque le Conseil européen avait imposé des mesures restrictives à une série de personnalités accusées d'appuyer des "activités déstabilisatrices menées par la Russie". Nathalie Yamb rejoint désormais un groupe de quarante-six personnalités et entités sanctionnées par l'UE pour leurs activités pro-russes présumées, leur soutien à la guerre en Ukraine ou aux opérations de guerre hybride ciblant les pays européens.
Selon Jeune Afrique, la liste concerne presque exclusivement des citoyens russes, incluant des militaires et des officiers du renseignement, ce qui rend d'autant plus notable l'inclusion de cette activiste africaine dans ce dispositif répressif.
Le Conseil européen justifie sa décision en soulignant qu'elle "entretient des liens spécifiques avec l'Association for free research and international cooperation (Afric), une organisation liée à des sociétés militaires privées russes". Sans le mentionner formellement, cette référence désigne clairement le groupe Wagner, dont Nathalie Yamb a ouvertement encouragé le déploiement sur le continent africain, particulièrement au Mali.
Les liens entre l'influenceuse et la nébuleuse Wagner ne relèvent pas de simples soupçons. Selon les informations de JA, l'activiste a participé à plusieurs reprises à des événements organisés par la structure Afric, où elle a été vue aux côtés de personnalités clés de cette organisation, notamment Alexander Malkevich, l'un de ses dirigeants.
Cette proximité, Nathalie Yamb ne l'a jamais dissimulée. Dans un entretien accordé à la Radio télévision suisse en mars 2023, rapporte Jeune Afrique, elle "assurait ainsi être favorable à percevoir une rétribution financière de la part du président russe Vladimir Poutine et d'Evgueni Prigojine, fondateur du groupe de Wagner, tué le 23 août 2023 dans un accident d'avion".
Le Conseil européen dresse un portrait sans complaisance de son évolution idéologique : "Depuis le sommet de Sotchi, auquel elle a assisté en 2019, Nathalie Yamb soutient ouvertement la Russie, adoptant le langage de Moscou et prenant notamment pour cible la France et l'Occident, dans le but de les évincer du continent africain".
L'Europe accuse l'activiste de participer à une vaste entreprise de manipulation informationnelle. Selon le document du Conseil européen cité par JA, "Nathalie Yamb soutient des actions et des politiques imputables au gouvernement de la Fédération de Russie qui compromettent ou menacent la démocratie, l'État de droit, la stabilité ou la sécurité de l'Union ou de ses États membres en recourant à la manipulation de l'information".
Cette analyse rejoint celle formulée plus tôt par Washington. Le Département d'État américain avait déjà qualifié Nathalie Yamb d'"agent d'influence de l'écosystème de désinformation et de propagande lié à Prigojine" dans une note de novembre 2022, selon Jeune Afrique.
La France avait pris les devants en sanctionnant l'influenceuse dès le 12 janvier 2022. Le ministère français de l'Intérieur lui avait alors interdit l'entrée et le séjour sur le territoire, invoquant "des diatribes récurrentes qu'elle profère contre la France et ses autorités et dans lesquelles elle cautionne, voire encourage, le recours à la violence à l'encontre des symboles de la présence française en Afrique".
Les autorités françaises estimaient que ses positions étaient "susceptibles de favoriser l'entrisme des puissances étrangères hostiles à la France sur le continent africain et d'alimenter le développement d'un ressentiment populaire anti-français en Afrique, mais également parmi les diasporas africaines en France", rapporte Jeune Afrique.