TRUMP PRÔNE LE PASSAGE DE "L'AIDE AU COMMERCE" FACE AUX DIRIGEANTS AFRICAINS
Le président américain vend sa vision économique aux leaders du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Libéria, de la Mauritanie et du Sénégal, tout en intensifiant sa guerre tarifaire contre leurs pays

(SenePlus) - Donald Trump a reçu ce mercredi cinq dirigeants africains à la Maison Blanche pour leur présenter sa vision d'un partenariat fondé sur le commerce plutôt que sur l'assistance traditionnelle. Cette rencontre intervient alors que son administration "a frappé l'Afrique avec des coupes drastiques dans l'aide étrangère ainsi qu'une guerre tarifaire contre les partenaires commerciaux américains", rapporte Reuters.
L'administration Trump revendique ouvertement ce changement de paradigme. "De hauts responsables américains ont déclaré que Washington voulait donner la priorité au commerce et à l'investissement plutôt qu'à l'assistance basée sur la charité et se concentrerait sur la création de plus d'opportunités pour les entreprises américaines", précise l'agence Reuters.
Cette nouvelle approche se concrétise par des annonces d'investissement. "La U.S. International Development Finance Corporation a déclaré plus tôt dans la journée qu'elle fournirait un financement de développement de projet pour la mine de potasse de Banio à Mayumba, au Gabon", illustrant cette stratégie axée sur les projets rentables.
Le virage vers le commerce s'accompagne d'une réduction drastique de l'aide humanitaire. Selon des recherches publiées par la revue médicale The Lancet citées par Reuters, "ces coupes pourraient entraîner plus de 14 millions de morts supplémentaires d'ici 2030".
Malgré ces projections alarmantes, l'administration justifie sa politique par une logique d'efficacité économique. Conor Coleman, responsable des investissements de la DFC, explique : "Les efforts de la DFC ne profitent pas seulement aux pays et communautés où ils investissent, mais font également progresser les intérêts économiques américains en ouvrant de nouveaux marchés, en renforçant les relations commerciales et en promouvant une économie mondiale plus sûre et plus prospère."
Des partenaires stratégiques aux ressources convoitées
Le choix des cinq pays invités révèle les priorités américaines. "Tous les cinq pays invités ont d'abondantes ressources naturelles, notamment du manganèse, du minerai de fer, de l'or, des diamants, du lithium et du cobalt, qui sont essentiels pour une utilisation dans les technologies actuelles", souligne Reuters.
Cette approche s'inscrit dans une rivalité géopolitique assumée : "La Chine a fait d'énormes percées en Afrique ces dernières années, investissant massivement à travers le continent, en particulier dans l'extraction de ressources."
Paradoxalement, Trump présente sa doctrine du commerce tout en durcissant ses politiques tarifaires. "Le gouvernement de Trump continue d'envoyer des lettres notifiant aux partenaires commerciaux des taux tarifaires plus élevés prenant effet le 1er août et a lancé un nouveau front dans sa guerre commerciale contre les membres du groupe BRICS des pays en développement", rapporte Reuters.
Cette contradiction inquiète les responsables africains qui "questionnent comment l'Afrique pourrait approfondir les liens commerciaux avec les États-Unis sous ce qu'ils ont appelé des propositions tarifaires 'abusives' et des restrictions de visa ciblant largement les voyageurs d'Afrique".
La rencontre se déroule dans un contexte de relations tendues. Reuters rappelle que "certains politiciens africains ont qualifié Trump de raciste en 2018 après qu'il ait été rapporté qu'il avait décrit certains immigrants d'Afrique et d'Haïti comme venant de pays 'de merde'". Plus récemment, "en mai, Trump a confronté le président sud-africain Cyril Ramaphosa avec de fausses accusations explosives de génocide blanc et de saisies de terres lors d'une réunion tendue à la Maison Blanche".
Cette rencontre constitue "le dernier effort des administrations américaines successives pour contrer les perceptions de négligence américaine d'un continent où la Chine a de plus en plus fait des percées économiques", analyse Reuters. Les experts africains attendent que Trump annonce les dates d'un sommet plus large avec les dirigeants africains, "possiblement en septembre autour de l'Assemblée générale des Nations Unies".